Monsieur le président, Je me permets de vous écrire pour manifester mon engouement à l’égard de votre haute personnalité après le mépri...
Monsieur le président,
Je me permets de vous écrire pour manifester mon engouement à l’égard de votre haute personnalité après le mépris et l’insulte grandiose dont le peuple et la nation comorienne sont victimes.
Nombreux ont suivi avec amertume votre intervention dans laquelle vous avez dit « le kwassa-kwassa pêche peu, il ramène du comorien ».
Beaucoup sont touchés mais peu sont ceux que vous avez blessés. Je fais partie de ceux qui sont blessés par vos propos à la fois irresponsable, immatures et racistes.
Le comorien que vous avez qualifié hier d’un animal est celui qui a combattu en 1914-1918 pour votre pays. Il est celui qui a versé son sang en 1939-1945 pour libérer votre pays quand il a été sous les deux mailles de la tenaille allemande.
Il est celui qui a rendu heureuse la France quand elle sombrait dans le malheur.
Le comorien que vous avez méprisé est celui qui a passé 150ans de torture, de supplice, de pillage, de vol, de viol…
Ce comorien est le propriétaire de la terre que vous avez occupée illégalement depuis l’accession de son pays à l’indépendance.
Ce comorien est celui qui subit la tragédie maritime entre Anjouan et Mayotte depuis l’instauration du « visa Balladur ».
C’est ce comorien que la police française noie chaque dans les eaux comoriennes sous l’œil silencieux et complice de l’ONU.
L’article partitif « du » utilisé dans vos propos « du comorien » n’est pas synonyme d’une méconnaissance de la langue, il n’est pas non plus une démence. Vous savez sa valeur grammaticale, linguistique et sémantique, et vous avez décidé d’en faire usage.
Permettez-moi de vous appeler de votre nom parce que vos propos ne sont pas dignes d’un président, et donc, vous ne méritez pas un certain respect et ou une certaine politesse à mon égard.
Monsieur Emmanuel Macron, vous ne jouissez pas d’une vacuité. Vous êtes un produit pur de la société française. Permettez-moi monsieur Emmanuel Macron de vous raconter une anecdote. Un jour mon feu professeur de maths répondant au nom d’Abdouraouf natif de Mbeni m’a dit : « un con est un con même s’il a un million de doctorats ».
Monsieur Emmanuel Macron, le drame que peut traverser une nation est le silence de ses intellectuels. Je ne cautionnerai jamais un tel drame, c’est pourquoi je crie haut et fort que le peuple comorien est souverain, il est digne et libre, il mérite du respect. Je ne suggère jamais que vous présentiez des excuses publiques à ce peuple. Je loue votre ouverture et votre franchise de dire les choses comme vous les voyez.
En lisant votre parcours scolaire et universitaire, j’ai poussé un cri de joie. J’ai été convaincu que la France a eu un homme, un président, un responsable, un politique et un intellectuel.
Hier, je vous en suis reconnaissant, vous m’avez prouvé le contraire. Vous cumulez ces noms pour enjoliver et embellir les murs de l’Elysée.
Un intellectuel, ce n’est pas un détenteur des diplômes, un politique, ce n’est pas un perroquet, un responsable, ce n’est pas un être bien costumé, un homme, ce n’est pas celui qui se déplace avec un grand orteil entre les jambes.
Emmanuel Macron, ce que les Comores avez traversé hier par le biais de votre bouche est pire que le drame de tous les jours que connait ce pays au large de ses eaux entre Anjouan et Mayotte. C’est dévastateur et douloureux que ce que Nagasaki et Hiroshima avez connu.
Seriez-vous content quand je demande à ma femme de me ramener « du macron » lorsqu’elle viendra faire ses vacances parce qu’ici il n’y en a pas ? Comment réagira le peuple français suite à ceci ? N’attiserai-je pas la haine et la colère de la nation française ?
Monsieur Emmanuel Macron, je ne m’attends pas à une moindre déclaration d’excuses de votre part, encore moins de la France. Non, je vis ma peine et ma douleur dans le fin fond de mon cœur. Je suis indigné. Je condamne avec véhémence votre attitude, votre comportement et vos propos.
Certaines de nos autorités ne se sentent aucunement concernées de cette tragédie silencieuse parce que vous avez l’argent et le passeport rouge et vous le faites taire. Moi, jamais ! Le respect de mon pays n’a pas de prix. Le respect de ma nation n’est pas négociable. Monsieur Emmanuel Macron, cette insulte que certains journalistes qualifient d’une plaisanterie n’est autre que le regard raciste que vous portez et promenez sur mon cher peuple. Et ceci, ne me laissera jamais indifférent.
Beaucoup s’amusent à relater cette banalité, cette ruse politique, mais moi, je suis indigné et révolté. Monsieur Emmanuel Macron, vous avez toute la force, tout le pouvoir possible de me faire ce que vous voulez : m’arrêter, m’abattre…mais vous ne pourrez jamais me faire taire. Où je serai, je parlerai, je défendrai mon peuple et ma nation. Je dormirai tranquillement et je mourrai dignement.
Sachez que ce que vous avez dit est intolérable, c’est impensable et inimaginable qu’un homme de ce millénaire, gouvernant qu’il soit ose annoncer des propos pareils. C’est insupportable ! J’appelle la justice comorienne porter plainte contre vous, Emmanuel Macron, je sais la Cour Pénale Internationale pour vous traduire en justice. J’appelle la justice française à lever votre impunité.
J’interpelle le gouvernement comorien d’agir en toute circonstance et en toute responsabilité. Il n’y a aucun poids de tel ou tel pays en droit international.
J’appelle le président Azali à ajouter aux 30.000 morts noyés dans les eaux comoriennes, le rappel de l’ambassadeur des Comores à Paris et la fermeture de l’ambassade de France à Moroni. Il est temps de montrer la rigueur, l’ardeur, la grandeur et la fermeté de notre gouvernement. Les Comores ne sont pas petites qu’une abeille, pourtant, quand on l’embête, l’humilie, elle se défend.
Je vous reformule mes salutations monsieur Emmanuel Macron.
Par Houssam Hassani