Dans une lettre ouverte, le rappeur franco-comorien Rohff réagit à la plaisanterie de mauvais goût d'Emmanuel Macron sur les " kwa...
Dans une lettre ouverte, le rappeur franco-comorien Rohff réagit à la plaisanterie de mauvais goût d'Emmanuel Macron sur les "kwassa-kwassa", les canots de pêche utilisés par les passeurs pour l'immigration entre Anjouan vers Mayotte, symboles d'un drame humanitaire à grande échelle.
En visite officielle au Centre régional de surveillance et de sauvetage atlantique (Cross) d’Etel, en Bretagne, jeudi dernier, le nouveau Président de la République française s’est fendu d’une plaisanterie plus que douteuse.
Quand l’un des responsables du centre lui parle de leurs différents types d’embarcation, affirmant : « Il y a des tapouilles et des kwassa-kwassa », Emmanuel Macron réagit : « Ah non, c’est à Mayotte le kwassa-kwassa ». Avant d’ajouter, sourire aux lèvres : « Mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent ».
Ces propos, diffusés à la télévision et repris de toute part sur Internet, ont créé une vaste polémique et écorché la stratégie de communication verrouillée de la « team Macron ». En réaction, Rohff (qui est d’origine comorienne) a publié une lettre ouverte sur ses réseaux sociaux. Au nom de la communauté franco-comorienne du pays, il demande des excuses au Président de la République et rejoint ainsi les déclarations de la présidence et du ministre des affaires étrangères comoriens, qui ont évoqué une plaisanterie « choquante et méprisante » :
« Monsieur le Président,Make the respect great again !!!!!« Le kwasa-kwasa pêche peu. Il ramène du Comorien »Je condamne avec énergie et forces ces propos du Président de la République française Emmanuel Macron, des propos insultants, méprisants et humiliants qui frisent avec le racisme.
Monsieur le Président vous n’êtes pas sans savoir que de nombreux Franco-comoriens ont contribué à votre accession au pouvoir. Sans doute n’imaginez vous pas à quel point votre « blague » de très mauvais goût a pu blesser et meurtrir les Franco-comoriens que nous sommes.
Ces propos rabaissants sonnent comme une trahison, un coup de poignard dans le dos, un manque de respect à l’égard du Peuple comorien dans son ensemble (Grande Comore, Moheli, Anjouan et Mayotte) et plus encore à ces dizaines de milliers de morts comoriens noyés entre les îles comoriennes d’Anjouan et Mayotte, victimes du visa instauré en 1995 par Édouard Balladur.
En tant que simple citoyen français et comorien, petit-fils de tirailleur comorien qui s’est battu avec courage et engagement pour défendre la France lors de la Seconde Guerre mondiale, je ne peux garder le silence.
C’est pourquoi je me joins à mes compatriotes franco-comoriens pour demander des excuses car nous méritons respect et dignité comme n’importe quel citoyen du monde. Vous qui mettiez souvent l’accent sur la notion d’humanité, de ce fait, je vous trouve très contradictoire.
Prendriez-vous les comoriens pour du gibier ou du poisson ? (du Comorien)
Nous avons, Monsieur le Président, quasiment le même âge, je suis votre aîné de six jours seulement. Nous qui ne sommes ni énarques ni Président nous réclamons tous simplement respect et dignité à défaut de trouver une solution aux problèmes qui frappent mes compatriotes Mahorais, Grand comoriens, Anjouanais et Mohéliens…
Pour être respecté faut se respecter… »