Mayotte Anjouan
J'invite mes amis à prendre connaissance du message que nous avons adressé ce jour, à l'occasion de son invertiture, à Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République française.
Monsieur le Président de la République,
Photo d'archives: De G à D: Hilali, Chirac et Taki |
C'est un grand plaisir pour nous de constater le vote massif des français en votre faveur à l'élection présidentielle. Nous nous permettons de joindre nos voix aux nombreuses qui se sont déjà exprimées pour vous féliciter. Nous sommes d'autant plus heureux que tout indique que les français d'origine comorienne ont choisi sans hésitation le seul vote raisonnable en rejetant l'extrême droite dans le respect des principes de la République. Nous ne sommes pas surpris car nous avions lancé des appels à voter en votre faveur et l'écho fut impressionnant tant l'adhésion était générale. Nous sommes aussi convaincus que cet élan d'adhésion donnera une majorité confortable à la République en Marche.
Ce vote marque aussi une volonté de changement et traduit un message d'espoir pour tous. Nous tenons à cette occasion à souligner la nécessité de réformer les relations franco comoriennes. Trop de jeunes personnes meurent dans les naufrages de kwassa kwassa qui, depuis Anjouan tentent de gagner l'eldorado mahorais.
On écrivait déjà au Premier Ministre Jacques Chirac, alors qu'il s'apprêtait à se rendre en visite à Dzaoudzi et à Moroni, c'était le 17 octobre 1987, afin d'attirer sa haute attention sur le déséquilibre qui était en voie de se produire entre les niveaux économiques de Mayotte et de ses voisines, et qui ne pouvait qu'inciter des éléments de la population de Moheli, d'Anjouan et de la Grande Comore à ressentir cela comme une injustice génératrice de mécontents, d'aigreurs et d'agitations sociales. A ce titre, les conditions actuelles qui ont maintenu la séparation géographique et culturelle qui s'est produite entre ces îles, représentent un facteur de dissociation et de déséquilibre et dont les effets ne peuvent être que néfastes et cela au détriment de l'avenir du peuple comorien et son orientation pourtant naturelle vers la France. Trente ans plus tard, les faits sont encore là et ne démentent pas cette vision.
Les sommes dépensées par la France pour secourir les naufragés et pour les reconduire à Anjouan sont du même ordre de grandeur que le budget de l'Union des Comores y compris l'aide au développement accordée par la France aux îles de la lune. C'est un gâchis indiscutable.
La seule solution positive pour endiguer ces pertes massives réside dans une révision afin d'adaptation de nos accords suivie d'une politique conjointe de développement de nos îles, par la création d'une zone de paix et de prospérité dans la dignité. Nous vous assurons que Mayotte en bénéficierait en retour, tant la pression se réduirait naturellement.
L'évolution des rapports franco comoriens doivent évidemment aller dans ce sens. Il est inévitable que la gouvernance comorienne doit évoluer dans une perspective de justice sociale, de démocratie renforcée, d'éducation et d'ouverture aux nouvelles technologies si porteuses d'espoir. La moralisation de la vie publique est désormais un objectif qui doit dépasser toutes les frontières, c'est le prix de la stabilité future, chacun devra en convenir et personne ne devra transiger sur ce point.
La stabilité des Comores est un enjeu stratégique pour la région et au-delà. Son développement devient une obligation prioritaire, conforme aux idéaux français qui se confondent avec les aspirations profondes de notre jeunesse.
Vos principes, Monsieur le Président, sont ceux de la grande majorité de notre population, nous espérons que des relations redéfinies permettront de les voir s'épanouir pour le bien de tous, c'est aussi là le prix de l'amitié franco comorienne.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.
Saïd Hilali
Thoueybat Said Omar
Paris,14 mai 2017
Son Excellence M. Emmanuel Macron
Président de la République
Palais de l'Elysée
Paris