Entretien avec aérien Saïd Ibrahim Fahmi: «Le Maroc joue bien son rôle de moteur de croissance pour l’Afrique»
Pour Saïd Ibrahim Fahmi, ministre d’État, garde des Sceaux des Iles Comores, l’expérience du Maroc en matière de développement humain est source d’inspiration non seulement pour son pays, mais pour beaucoup de pays africains. L’approche marocaine consistant à mettre l’élément humain au cœur de tout projet de développement semble séduire ce haut responsable comorien.
Le Matin : Vous avez pris part à la rencontre africaine consacrée aux échanges de bonnes pratiques au service du développement humain durable en Afrique, pensez vous que l’expérience marocaine avec l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) soit un modèle à suivre ?
Saïd Ibrahim Fahmi : L’expérience acquise par le Maroc en matière de développement humain est une source d’inspiration pour nous les Comoriens en particulier et pour toute l’Afrique en général.
L’approche adoptée par le Royaume est très importante puisqu’elle place l’être humain au cœur du développement et S.M. le Roi Mohammed VI avait raison de lancer cette initiative qui semble aujourd’hui porter ses fruits.
L’INDH est présente dans l’ensemble des régions du Maroc et je pense aujourd’hui qu’on dispose d’un modèle qui peut être copié dans bon nombre de pays du continent.
Car comme on le sait tous, le développement n’est plus pensé aujourd’hui en termes d’infrastructure uniquement, mais également en termes d’épanouissement de la personne humaine.
Et c’est cette approche humaine qui a été adoptée depuis 2005 à travers le lancement de l’INDH par le Souverain.
Donc vous êtes de ceux qui pensent qu’il est temps que l’INDH s’exporte dans d’autres pays africains ?
Effectivement, comme je viens de l’expliquer, l’exemple basé uniquement sur le développement des infrastructures a montré ses limites. En effet, cela fait plus de 50 ans que nos pays ont retrouvé leur indépendance et aujourd’hui on s’aperçoit que l’élément humain a été oublié dans cette marche vers le développement. Pour corriger ces erreurs, je pense qu’on peut s’appuyer sur l’expérience marocaine. Et en observant ce qui a été réalisé par le Royaume, je peux dire que le Maroc doit être présenté comme un modèle de réussite pour toute l’Afrique. Je pense donc que oui, le modèle marocain peut s’exporter désormais. Et pour dire ça, je me base sur le constat fait par plusieurs autres pays de la région qui viennent de se rendre compte qu’ils ont oublié l’essentiel, qui est la personne humaine. À mon avis, le Maroc a bien fait de lancer son Initiative qui s’ouvre sur l’Afrique et mon pays. Les Comores devraient s’en inspirer ainsi que plusieurs autres pays africains.
Avez-vous ciblé des axes de coopération que vous comptez développer prochainement avec les autorités marocaines ?
Vous savez, le Maroc a certainement acquis une grande expérience avec l’INDH, mais cela n’est pas son seul point fort. Le Royaume a pu développer de bons systèmes éducatifs et sanitaires qui sont parmi les meilleurs en Afrique. Le pays a également pu développer une forte industrie, notamment pharmaceutique, qui peut apporter un plus pour l’Afrique. Le pays a également entamé un système de décentralisation administrative, puis il a pu identifier les besoins des citoyens à travers une approche basée sur la proximité. Je pense que ce genre de modèle peut être parfaitement reproduit dans mon pays.
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Le Maroc s’est engagé depuis plusieurs années dans le développement de la coopération Sud-Sud. Comment l’Afrique pourrait-elle en profiter ?
Je suis un adepte de la coopération Sud-Sud, car je pense que l’Afrique ne ressemble qu’à elle-même. Nous avons plus de points communs entre Marocains, Sud-Africains, Sénégalais, Comoriens et le reste des pays africains que nous en avons avec les Européens, les Américains, les Chinois ou les autres pays en dehors du continent. Partant de ce constat, je pense que la coopération Sud-Sud est une nécessité aujourd’hui et l’action entreprise par le Maroc en Afrique est plus que louable. Le pays a vocation à jouer un rôle moteur dans la coopération en Afrique et le développement des échanges interafricains. Nous représentons moins de 5% du PIB mondial, alors que nous avons plein de ressources, mais nous manquons d’industrie et le Maroc a cette capacité à dynamiser le secteur de l’industrie grâce à son expérience en la matière.
Y a-t-il d’autres domaines, outre le développement humain, que le Maroc peut développer en Afrique ?
Le Maroc a fait ses preuves dans le domaine de l’industrie pharmaceutique et l’industrie lourde ainsi que les nouvelles technologies. Le pays est leader dans plusieurs secteurs en rapport avec les nouvelles technologies et l’un des premiers au monde dans le secteur de l’énergie solaire, et ça, c’est une fierté pour tout le continent d’avoir un des nôtres s’imposer sur la scène internationale sur des questions majeures comme les énergies propres. Nous appelons le Maroc à jouer le rôle qui est le sien en Afrique et il le joue bien d’ailleurs et on ne peut que l’encourager. J’espère dans ce sens que le pays va adhérer à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), car c’est un marché important qui permettra aux pays de cet ensemble d’importer les nouvelles technologies du Maroc et à ce dernier de bénéficier d’un marché important de 55 milliards de dollars de PIB dans cette partie de l’Afrique.