En forçant Telma à augmenter les tarifs des communications téléphoniques et s'aligner avec l'opérateur national, le gouvernement et...
En forçant Telma à augmenter les tarifs des communications téléphoniques et s'aligner avec l'opérateur national, le gouvernement et l'ANRTIC ont ordonné le doux poison qui, à terme, fera mourir Comores Telecom.
Ce gouvernement dont il faut pourtant saluer la volonté affichée de réformes dans plusieurs domaines, a prêté l'oreille et le cœur aux arguments de la Direction de Comores Telecom, pour qui, la seule stratégie pour faire face à la concurrence de TELMA, est tarifaire : maintenir ou augmenter des prix prohibitifs de la téléphonie pour les appels internationaux.
C'est une politique suicidaire.
Comores Telecom est restée mentalement à l'ère des premiers téléphones portables, des cabines téléphoniques dans la poche, et refuser de s'adapter au smartphone-ordinateur de poche.
La grande faillite de Comores Telecom, est que plus de 10 ans après l'entrée du téléphone portable dans le pays, aucune application n'a été développée par elle, ni avec son soutien, pour faciliter la vie du Comorien, contribuer au développement économique, éduquer la jeunesse ou améliorer la santé.
Elle n'a même pas développé ou adapté une application gadget pour indiquer les heures de prière ou yeKibla – la direction de la Mecque. Dans les pays africains, notamment nos pays frères de sang et de langue d'Afrique de l'est et de l'Afrique centrale, les opérateurs coopèrent étroitement avec les ingénieurs et informaticiens nationaux pour développer des applications grand public, des solutions pour les entreprises, la recherche, l'éducation et les secteurs économiques notamment l'agriculture. Il faut rappeler qu'au Kenya les applications de transfert d'argent ont commencé avec les SMS.
La hausse des tarifs de la téléphonie, pour certains multipliés par 3, est une dangereuse drogue douce qui endormira Comores Telecom pour la faire mourir en quelques années.
La voix, pèse de moins en moins dans les télécoms modernes. Sa transmission est gratuite ou presque dans de nombreux pays. Les appels par téléphone fixe est intégré dans des forfaits. Les gens se parlent de plus en plus par VoIP (Voice over Internet Protocol) à la Skype, WhatsApp, IMO, Messenger, Viber, Hangouts, etc... Des opérateurs régionaux tels SFR, à partir de la Réunion, offrent des services que les entreprises et professionnels comoriens peuvent utiliser à partir des Comores pour des forfaits d'environ 20 €. Ils peuvent appeler en illimité la France et l'Europe. Pour les nouvelles générations, le smartphone c'est l'image et la video. Les jeunes veulent voir les extraits du match du Real et le Twarab de la veille au village. Quand l'étudiant comorien demande des nouvelles des copains qui sont au pays c'est par VoIP.
A moins que le gouvernement n'impose à l'ANRTIC d'exiger de CT et TELMA de bloquer l'accès à la VoIP, les recettes escomptées sur le moyen terme de ce matraquage illégal du consommateur ne seront pas atteintes. En réalité on va assurer un surcroît de recettes à TELMA, qui ne demandait pas tant, si, évidemment on la laisse opérer régulièrement.
Pour assurer la survie de Comores Telecom, il est nécessaire de trouver un ou des partenaires capables d'apporter les moyens financiers et l'expertise technique et managériale à la hauteur des enjeux de l'époque. Seulement ainsi CT pourra développer des services adaptés aux besoins des entreprises et d'une clientèle qui est née avec l'internet (éduquée ou pas elle grandit avec les images et la video), et, faire face à la concurrence.
Cette hausse de tarifs n'est pas conforme aux lois. Ce coup de massue rétrograde contre un pouvoir d'achat diminué par la hausse des prix, va essentiellement pénaliser les couches les plus pauvres et les habitants des villages reculés. 120 à 300 F la minute pour un appel vers la France. C'est le pays où les plus pauvres appellent leurs proches en cas de besoin pressant. Le gouvernement a-t-il oublié que 900 F (=3mn) correspondent à la moitié du revenu journalier d'un petit fonctionnaire ou d'un agriculteur bien établi ? Passer de 60 F à 80 F avec un plafond à 175 F pour Mayotte c'est surtaxer les pauvres des pauvres, ceux d'ici et ceux qui de Mayotte envoient une partie de leurs maigres ressources pour qu'on puisse les appeler. Vous avez dit hausse pour Mayotte et tarifs internationaux ? Si les autorités le disent !
Vous avez déjà lu, que le gouvernement, directement, sans passer par l'ANRTIC a, décrété des nfule za kindrwandigoni, sur les appels entrants. En d'autres termes le refrain est celui-ci :
emadjindru yalo ulaya ngawona euros, pvoritsahawo mapesa nariwarende zero.
Il est possible que ces taxes sont une exclusivité mondiale. Bravo à nous.
Toute politique tarifaire dans les télécoms comporte une part de volonté de rapprochement entre territoires et/ou des peuples. Celle-ci étonnera. Maintenir le minima à 300 F la minute pour Maurice pour le faire grimper à 380 F pour la Tanzanie, le pays frère le plus proche est au mieux une bourde.
La plus grosse bourde est de couler Comores Telecom en croyant la sauver, parce que ces Messieurs refusent d'ouvrir les yeux sur l'évolution technologique et les pratiques des jeunes Comoriens. Parce que ces Messieurs au lieu de chercher de vraies solutions pour le long terme, ne connaissent que presser les plus démunis.
Il faut sauver Comores Telecom. Ce ne le sera pas par des mesures irréfléchies et illégales, qui pénalisent le consommateur, particulièrement le plus pauvre, et, qui obèrent notre avenir technologique.
Ces mesures qui confortent la gestion bureaucratique chez Comores Telecom, sont le meilleur moyen de se retrouver dans quelques années avec un monopole TELMA. ©Said Mchangama
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