Abou s'en est allé, sans crier garde, comme il a vécu, dans l'humilité et la sobriété. La dernière fois qu’on s'est vus, c’étai...
Abou s'en est allé, sans crier garde, comme il a vécu, dans l'humilité et la sobriété. La dernière fois qu’on s'est vus, c’était à Paris en décembre 2014, à Montrouge dans son modeste appartement. On a parlé pendant des heures, de tout et de rien, et j’étais étonné de savoir qu’il a su garder, malgré la distance et ses soucis de santé, des liens fusionnels avec son pays, les Comores, dont il était au courant des moindres soubresauts. Abou se portait bien, comme un charme, même s’il se savait malade, diminué. Il savait garder toujours le sourire.
Il discutait aussi avec entrain et bonhomie, les yeux brillants derrière ses lunettes transparentes qu’il ne quittait presque jamais, le regard pétillant d’intelligence et de sagesse. Je l’écoutais attentivement, subjugué, fasciné, (con)vaincu par la pertinence de ses idées, et la profondeur de ses analyses.
Je buvais ses paroles. Abou était d’une fascination magnétique, et m’a toujours impressionné, à chaque rencontre, que ça soit à l’Alliance française de Moroni, ou au Centre d’alphabétisation et d’enseignement à distance (CAED), à l’IFERE, ou simplement dans la rue où on pouvait s’accorder quelques brefs échanges de paroles. Il n’était pas avare en conseils.
Je buvais ses paroles. Abou était d’une fascination magnétique, et m’a toujours impressionné, à chaque rencontre, que ça soit à l’Alliance française de Moroni, ou au Centre d’alphabétisation et d’enseignement à distance (CAED), à l’IFERE, ou simplement dans la rue où on pouvait s’accorder quelques brefs échanges de paroles. Il n’était pas avare en conseils.
Abou Cheick était d’un abord à la fois jovial et froid, altier et humble, expansif et réservé. Cela me parait raisonnable : on est tous, foncièrement, d’une personnalité aux multiples facettes! Celles d’Abou faisaient l’unanimité. Il savait recadrer les gens sans acrimonie. Il aimait son travail, par-dessus tout, qu’il accomplissait dans la passion et le dévouement. Abou n’est plus. La mort, notre lot commun, l’a attrapé. Abou est parti, très tôt, sans crier garde. Il nous manque déjà, cruellement, et il ne sera pas facile de composer avec son absence, même si nous avons dû nous habituer ces derniers temps à son silence.
Un sage meurt dans le calme et la sérénité. Un sage n’abdique pas devant la mort, il l’accepte, l’affronte, avec le sourire et la confiance, pour mieux l’apprivoiser et la rendre plus digne. Il l’attend de pied ferme. Un sage accepte de partir, sans rechigner, parce qu’il sait que sa courte existence, investie d’une mission humaine, altruiste, aura servi à quelque chose. Abou est, intrinsèquement, dans ce registre là.
Je rejoins Jean de la Fontaine: " La mort ne surprend point le sage : il est toujours prêt à partir ". L’ancien animateur vedette de "Questions pour un champion" nous a quittés, la conscience tranquille, avec certainement le sentiment du devoir accompli.
Je garde personnellement le souvenir d'un homme courageux, rigoureux, exigeant, à outrance parfois.
Abou ne savait pas faire les choses à moitié. Il était d’un professionnalisme irréprochable. Les Comores perdent un professionnel chevronné des médias. Mes condoléances les plus sincères à toute sa famille, et à ses enfants que j'ai connus dans le cadre scolaire, à l’Alliance française de Moroni.
Repose en paix, frère ! Que la terre, ta dernière demeure, te soit légère et douillette!
Abderemane Ali