Transports aériens :Jean-Marc sort ses muscles contre AB Aviation
« …je porte à votre connaissance l’immobilisation de vos avions immatriculés D6-ABA. Cette interdiction de vol sera effective dès le 15 janvier 2017 à minuit… », lit-on dans ce courrier signé Jean-Marc Heints, le 14 janvier, adressé à AB Aviation.
Photo ©Alwatwan |
Encore un coup de boutoir contre AB Aviation. Après l’immobilisation de son Boeing 737 le 15 septembre, aujourd’hui c’est l’un des deux appareils exploités par la compagnie qui est dans les griffes du directeur général de l’ANACM. La raison de cette guéguerre aux retombées économique très néfastes, « quelques » millions de nos francs de redevances aéronautiques d’impayés.
Quelques parce que le chiffre de 224 millions 65 mille 476 francs avancé par l’ANACM, est contesté par le concerné. « Nous attendons que nos services financiers arrêtent le montant pour connaitre combien nous devrions payer », nous confie une source sûre au sein de la compagnie. En effet, dans un courrier de cette dernière en date du 16 juin, AB Aviation qui se dit « choqué » que les éléments avancés dans le courrier…de l’ANACM ne soient pas vérifiés, a rappelé qu’à l’issue d’une réunion qui s’était tenue le 3 décembre dans le bureau du secrétaire général du gouvernement, « l’ANACM consentait à annuler 50% de notre dette si nous consentions de payer le reste en une seule fois. » 50% sur que montant ? Là est la question.
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Les équipes financières de la compagnie et de l’ANACM ne s’étant pas encore rencontrées pour s’entendre, comme il serait convenu lors des discussions du 3 décembre. « Notre directeur a bel et bien négocié avec une banque de la place qui lui a donné l’accord de principe », poursuit notre interlocuteur d’AB Aviation, selon qui la compagnie n’attend que la rencontre des deux parties pour que le virement dans les comptes de l’ANACM puisse se faire. Si on s’en tient également à notre interlocuteur et au courrier de la compagnie, le directeur de l’aviation civile a fait fi des suggestions du secrétaire général du gouvernement, en prenant cette décision comme un diable de sa boite. Nos informations indiquent que l’Anacm n’est pas le seul créancier à AB Aviation.
A l’aéroport (AIMPSI) et à la société des hydrocarbures, AB Aviation doit des grosses sommes respectivement pour les redevances aéroportuaires et le kérosène. « AB signé des protocoles d’apurement pour le paiement de ces dettes », nous confie-t-on. Et ça serait le secrétaire général du gouvernement le facilitateur de ces démarches. Pourquoi seulement l’ANACM qui refuse d’obtempérer ? Y-aurait-il d’autres motivations ? Retro. Le 15 septembre 2016, l’aviation civile a décidé de clouer au sol le Boeing 737-200 inauguré le 7 juin. Interdiction qui n’est toujours pas levée malgré la « garantie » de l’autorité de l’aviation civile sud-africaine, et le courrier de AB qui voulait connaitre la suite de l’affaire. Depuis, la compagnie a licencié 30% de son personnel car le Boeing à lui seul représentait 70% de ses activités (lire notre édition du 5 janvier).
Novembre dernier, l’Anacm, toujours et encore, avait immobilisé pendant 10 jours un Embraer de Ab Aviation pour les mêmes raisons qu’aujourd’hui, les redevances aéronautiques. 10 jours d’immobilisation dont les préjudices sont estimés à 70 millions de nos francs. L’immobilisation du D6-ABA fait, cette foi-ci, sortir de ses gonds le patron des patrons : « A vrai dire l'on vient à se poser moult questions après l'épisode Int’Air - Îles. Quelles sont les réelles visées de M. Heintz ? Va-t-il appeler les banques demain matin pour leur demander de mettre fin aux facilités de caisse et découverts accordés à AB ? », a écrit sur son mur facebook le président du Modec (mouvement des entreprises comoriennes), Irchadidine Abdallah qui trouve cet énième acte « répréhensible. » «Je le dénonce avec la plus grande fermeté. »
Toufé Maecha, La Gazette des Comores