Si nous sommes tous pour Moroni c'est parce que Moroni est pour tous
L'insalubrité qui trône dans Moroni et l'encombrement qui signe l'antique faillite d'une politique viable de l'aménagement du territoire, ne justifient pas la brutalité dont sont victimes les marchands ambulants de la ville. Le maire de la capitale Moroni ainsi que les autorités de l'État doivent des excuses et des réparations à l'endroit des infortunés, c'est la moindre des gestes de dignité accordée à toute la population comorienne qui s'en trouve offensée et opprimée à travers ces vaillants travailleurs de la rue.
Marché de Moroni - Photo© ktv |
Si nous sommes tous pour Moroni c'est parce que Moroni est pour tous, et si on a besoin de lois pour fixer un cadre précis de la capitale juridiquement parlant, on n 'a pas besoin de lois pour nous expliquer que Moroni est le lieu concentrique de nos échanges, le seul lieu où notre nationalité est enregistrée et délivrée. Quant aux propos mal placés, voulant dire que personne ne veut voir Moroni propre et digne d'une capitale, je puis voir en ces pensées l'ignorance manifeste de nos autorités investies des services publiques ; Comment peut-on accorder foi à une autorité si aveugle et au fond insensible aux vrais problèmes de la nation?
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Comment voulez-vous que Moroni soit une capitale comme les capitales du monde si l'État lui-même n'est pas pris en considération par ceux-là mêmes qui sont supposés être les dépositaires ? Mes chers faux défenseurs de la capitale, accordez-moi une visite guidée dans les établissements publiques sous administration de l'État et voyons ce que l'on y découvre.
Des maisons surannées, vues de l'extérieur la mousse a remplacé la peinture et à l'intérieur des murs délabrés et des meubles d'extrême vétusté, un décor que personne n'accepterait pour son propre foyer, mais un nombre d'agents, de bureaucrates, d'officiers et de personnels de tous genres et de tous niveaux, vont et viennent dans ces locaux qui font offices de leurs lieux dits de travail, et tout paraît normal pour tout le monde dans cette insalubrité doublée d'un bordel curieusement souverain. Vous voyez donc, Monsieur le maire, que les ordures et l'encombrement habitent d'abord nos têtes et même le bureau administratif, le symbole de la nation et le lieu où l'exercice des pouvoirs publics s'opère est possédé par le mal de l'impureté;
Avant de regarder les rues de Moroni vous auriez jeté un coup d'œil dans votre bureau et dans les bureaux alentours, comme ça vous auriez épargné le pauvre marchand de la fureur d'un échec publique. Quant aux questions déplacées de savoir si Moroni est capitale d'Anjouan ou pas, je puis ignorer une telle méprise intellectuelle en rappelant au passage que Fomboni est une ville et une capitale des Comores, que Mutsamudu est une ville et une capitale des Comores, que Djando, Bimbini, Mbaleni et Pamandzi sont des villages du patrimoine des Comores ;
Je rappelle que le sang de notre histoire confondu à l'histoire notre sang fournit la preuve ontologique qu'avant l'invention de l'État les échanges et la circulation des biens et des personnes entre les habitants des îles de la lune n'avaient pas besoin ni de lois ni formalités pour faire cas d'application, la solidarité et la cohésion ont toujours fait partie de la nature des comoriens et cette unité a naturellement pris le dessus sur les multiples prétextes de divisions survenues au cours de l'histoire.
Quant au mépris des pauvres, je puis rappeler également et sans heurt, que les gens de Moroni ( ce qu'on appelle les moroniens de souche ) sont ceux qui ne travaillent pas ( ou qui travaillent moins), qui s'évertuent dans l'oisiveté parés des plus beaux vêtements ( madjisa trengoeni ), reposant sur les revenus de leurs maisons allouées et des pourboires et pots de vin de leurs cadres hauts placés; Je voulais juste signaler qu'il est bien indiqué de laver son linge avant de lorgner sur la nudité de l'autre.
Les problèmes de la capitale de Moroni dénotent une absence d'une vision globale pour une politique générale des gouvernements successifs au sujet de la ville, mais encore une fois penser à Moroni si on ne pense pas à la nation? En fait, les capitales du monde bénéficient d'un statut particulier qui dote la ville d'une double administration faisant de l'autorité communale le grand magistrat de la ville et une sorte de ministre d'État chargé de la commune.
Il est clair qu' en passant par la ville de Hahaya, au porte de l'aéroport international, avec une population galopante et un risque permanent de déstabilisation de la sécurité nationale et internationale liée à l'absence d'une politique d'intégration et de sensibilisation, voir une telle ville dépourvue d'infrastructures attrayantes pour les visiteurs qui passent à Hahaya avant de regagner Moroni, on réalise combien nos autorités sont si éloignées du sens des priorités ;
Mais après tout, comment des gouvernements incapables de s'occuper de la croissance de la production nationale, incapables de s'acquitter de leurs salariés peuvent-ils œuvrer pour la stabilité et la prospérité des villes à statut particulier ? Par Muhammad Soidrouddyne Hassane