Lettre ouverte au président Azali
LETTRE OUVERTE
AU PRESIDENT AZALI ASSOUMANI,
Chef de l’État de l’Union des Comores.
Monsieur le président,
Nous espérions un sursaut de conscience et de responsabilité de votre part pour trouver une solution raisonnable et juste au calvaire que connaissent actuellement les vendeurs ambulants de Volo-Volo.
Force nous est de constater malheureusement que les seules solutions encore utilisées sont la répression et l'aveuglement autoritaire.
Nous ne nous en prendrons pas aux sous-fifres que sont le fantasque et infantile Kiki (Un sobriquet qui convient parfaitement aux enfants), ni à un maire de Moroni venu d'on ne sait où avec des propos haineux, honteux, nauséabonds par leur arrogance et leur ostracisme.
Nous vous faisons porter directement la responsabilité de cette violence qui continue à s'abattre sur ces jeunes citoyens.
Mr. le président, vous êtes revenu au pouvoir grâce à la volonté et au soutien des Anjouanais qui ont placé leurs espoirs en vous, malgré l'épisode historique anti-anjouanais et honteux « ndimu » de 1999 dont on vous attribue la paternité.
Les Anjouanais avaient voulu retrouver en vous, le partenaire pour de nouvelles institutions,
garantissant les intérêts et les espoirs de chaque île et de tous les citoyens.
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Mr. le président, vous savez par votre expérience, à quel point l'économie de l'île d'Anjouan est sinistrée, à quel point les conditions de vie des larges masses y sont misérables, au point d'en faire le point de départ des vagues de migrations par kwasa-kwasa ou autres vers les autres îles.
Ce sont les Anjouanais, Mr. le président qui ont payé et paient encore par leurs souffrances et par leur sang parfois, le plus lourd tribut des échecs accumulés depuis l'indépendance et dus en grande partie à la cupidité, à l'avidité, à la corruption et au manque de volonté de la part de nos dirigeants à servir réellement les intérêts des peuples.
Les Anjouanais ont peuplé les autres îles, les ont enrichis par leur travail dans le passé. Aujourd’hui, quoique l'on veuille nous faire croire, ce sont des jeunes Anjouanais dans leur grande majorité qui avaient fui la misère de leur île, et qui après s'être faits expulser de Mayotte, se trouvent en butte avec votre pouvoir, et se font malmener, tabasser et humilier dans la capitale de leur « pays », par leur propre gouvernement.
Là où ils croyaient avoir trouvé refuge, là où ils se croyaient en sécurité.
Pourtant, Mr. le président, c'est vous qui devez assurer à ces jeunes, l'éducation, la santé, un travail et un avenir, c'est vous qui avez pris la responsabilité de leur vie.
Aujourd'hui, alors qu'ils se sont débrouillés, battus avec courage, sans sombrer dans le vol et le banditisme, qu'ils se sont battus avec génie pour se créer un avenir et assurer un avenir à leur famille, vous et votre gouvernement vous leur tournez le dos, pire vous voulez les empêcher de vivre.
Mr. le président, vous devriez comprendre qu'ils réalisent ce que vous n'arrivez pas à leur fournir, ils constituent avec leur économie informelle une richesse que vous n'arrivez pas à créer.
Mr. le président, nous sommes indignés par le comportement de votre gouvernement et des forces de l'ordre, dans cette affaire.
– Nous vous exhortons à arrêter immédiatement les menaces et la répression que vous exercez sur les vendeurs ambulants.
– Nous vous appelons à rencontrer leurs représentants et à trouver au plus vite des solutions acceptables pour toutes les parties.
– Nous demandons que tous ceux qui se sont comportés de façon aussi lamentable dans les événements de Volo-Volo, s'excusent auprès des citoyens pour l'arrogance, la violence de leurs actes, ainsi que le caractère xénophobe de leurs propos.
Il s'agit là, Mr. le président, des mesures immédiates à adopter pour retrouver l'apaisement social et la sérénité. Nous ne voudrions penser un seul instant que vous cherchez à provoquer une nouvelle insurrection populaire à Anjouan contre l’Union des Comores.
Pour le court terme, il faut organiser des assises nationales pour réfléchir avec les forces vives du pays, sur la refondation des intuitions comoriennes pour les adapter à l’insularité de notre archipel en créant une nouvelle « Union » sur des projets économiques et sociaux à mettre en œuvre pour Anjouan, pour montrer votre volonté politique d'infléchir l'aggravation de la pauvreté et de la misère dans cette île (taux le plus élevé de l'archipel) et redonner de l'espérance à des milliers et des milliers de jeunes et une population de plus en plus désabusés par les trahisons des pouvoirs politiques de Moroni.
Mr. Anli Yachourtu JAFFAR