Le racisme anti-noir réapparaît avec violence à la CAN 2017
Des supporters du Maroc et de l'Algérie ont lancé de nombreuses insultes racistes sur les réseaux sociaux lors de la première journée de la Coupe d'Afrique des nations.
L'Algérie et le Zimbabwe ont fait match nul (2-2), le 15 janvier 2017. KHALED DESOUKI / AFP |
Les pays du Maghreb ont mal négocié leur entrée dans l'édition 2017 de la Coupe d'Afrique des nations, qui se déroule au Gabon. L'Algérie, qui compte parmi les favoris annoncés, a concédé un match nul (2-2) face au Zimbabwe, équipe sans aucune expérience sur la scène internationale. La première journée de la phase de poule a également été difficile pour la sélection marocaine qui s'est inclinée face à la République démocratique du Congo (1-0). Enfin, la Tunisie a été nettement battue par le Sénégal (2-0).
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Des revers qui compromettent les chances de qualification des trois équipes d'Afrique du Nord, même si rien n'est encore jouée alors que deux journées restent à disputer dans cette phase de poule. En revanche, une frange de supporters algériens et marocains ont déjà provoqué leur propre «disqualification» sur les réseaux sociaux en multipliant les insultes racistes à l'encontre des joueurs du Zimbabwe ou de la RD Congo.
Plusieurs utilisateurs du réseau social Twitter ont dénoncé ces insultes, comme avec ironie ci-dessous où il ne faut pas prendre le: «Quels formidables supporters» au premier degré.
De nombreux autres utilisateurs ont également dénoncé ce racisme anti-noir.
«Ils n'aiment pas la peau noire»
Le racisme anti-noir est trop largement présent dans les mentalités en Afrique du Nord. Nous racontions sur Slate Afrique comment des immigrés d'Afrique subsaharienne souffrent des discriminations en Algérie, ou au Maroc.
«Les Marocains se considèrent comme des Blancs. Ils n'aiment pas la peau noire. Je ne m'attendais vraiment pas à ça», nous confiait par exemple une étudiante. «À la fac, c'est très difficile. Certains profs donnent les cours en arabe et refusent de parler français. Quand on leur dit qu'on ne comprend pas la langue, ils nous disent méchamment de nous adresser à nos voisins ».
Et le phénomène ne s'est pas vraiment résorbé ces dernières années.
«Pis (...), l’attention portée par les médias locaux aux périls que représenteraient les migrants subsahariens donne à ce racisme "spontané" une dimension xénophobe dont les Noirs du Maghreb ne sauraient pourtant être l’objet», analysait le magazine Jeune Afrique en 2014.
En Tunisie, le Premier ministre Youssef Chahed a appelé fin décembre 2016 à lancer le débat en urgence d'une loi contre le racisme après l'agression de trois étudiants congolais le 24 décembre dans le centre-ville de Tunis.
«Il faut une stratégie nationale afin de changer les mentalités, [et] une loi qui criminalise la discrimination», a-t-il notamment déclaré.
La rédaction de Slate Afrique.