Si l’expulsion des migrants africains dans les pays européens est perçue comme étant une lâcheté écœurante par certains AfricainsQu’en est ...
Si l’expulsion des migrants africains dans les pays européens est perçue comme étant une lâcheté écœurante par certains AfricainsQu’en est t-il alors de l’expulsion des migrants africains dans des pays africains ?
L’une des plus grandes crises en Afrique qui n’est malheureusement pas couverte par les medias est le déplacement massif de population à l’intérieur même du continent. Celui-ci est dû généralement à des crises poste électorales gangrénant insidieusement tant des pays en Afrique.C’est une crise où personne n’en parle tant et personne n’y prête aucun intérêt comme l’ont si bien souligné les médecins sans frontières qui accueillentles réfugiés burundais à Tanzanie.cet environnement complexe des migrants ne cesse de prendre de plus en plus d’ampleur. les refugiés burundais déracinés par les violences sans espoir de retour dans leur propre pays et cherchant à se mettre à l’abri et en sécurité dans les pays voisins tels que la Tanzanie , les 20millions des déplacés au Nigeria vers des camps des réfugiés depuis 2009 et qui dépendent exclusivement de l’aide humanitaire pour survivre, L’arrestation massive des migrants ouest africain dans le capital Alger dont 1400migrands ont été expulsés d’Algérie depuis début décembre en sont des preuves factuelles , plausibles voire notoires.
Des tendances inquiétantes commencent à se manifester ces derniers temps.
En effet, les pays qui, hier, ouvraient généreusement leurs portes aux réfugiés venant pour la plupart, des pays gangrenés par les conflits ,viennent de prendre un tournant en les fermant pour plusieurs raisons notamment la crainte d'assumer des responsabilités sans fin, d'encourager les migrations incontrôlées et la traite d'êtres humains ou de menacer la sécurité nationale. Ceci a effectivement entrainé le refoulement ou le renvoi sans pouvoir demander d’asile des réfugiés qui ont atteint un pays d'asile potentiel. Ces derniers sont également à la merci d’acte d’intimidation et de violence surtout parce qu'ils sont considérés comme « différents » des communautés dans lesquelles ils se sont installés temporairement et le micro- trottoir diffusé en l’occurrence par France24 très récemment sur le cas d’Alger en est une parfaite illustration.
Par ailleurs au-delà de cette dimension susmentionnée et qui est purement factuelle, d’autres dimensions sont à mettre en évidence notamment laproblématique liée à la transgression des conventions internationales et régionales inhérentes au statut des réfugiés que les Etats se sont engagés. L’Algérie,pays dont la situation déplorable des migrants qui y sont installés a entrainé dernièrement un tollé dans les medias, est partie prenante dans la convention de 1951 relative aux statuts des réfugiés, et le protocole de 1967, la Convention de 1969 de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique. Or l’un des principes généraux du droit international stipule la chose suivante : « tout traité en vigueur lie les États parties et doit être appliqué de bonne foi ». Ainsi, en vertu de la convention de 1969 précitée, il est libellé expressément comme suit : est considérée comme réfugié toute personne qui, en raison « d’une agression, d’une occupation extérieure, d’une domination étrangère ou d’événements troublant l’ordre public dans une partie ou dans la totalité de son pays d’origine ou du pays dont elle a la nationalité » est obligée de quitter sa résidence habituelle.
Cela signifie que les personnes qui fuient des troubles civils, la violence généralisée et la guerre ont le droit de demander le statut de réfugié dans les États qui sont parties à cette Convention, qu’elles craignent ou non avec raison d’être persécutées. Et donc cela dit, L’arrestation massive des migrants ouest africain dans le capital Alger, dont des centaines des migrants illégaux sont essentiellement Maliens et leur expulsion dans leur pays d’origine est par conséquent une violation flagrante du droit international si cette expulsion est faite sans pour autant chercher à distinguer les personnes en quête d'asile et celles quiveulent entrer dans le pays pour d'autres raisons à l’instar des migrants économiques. Certes en règle générale, rien n'oblige un pays à accueillir des étrangers sur son territoire et que la décision que prend un pays d'accepter ou pas, et dans quelles conditions, des non-ressortissants relève certes de la souveraineté de l'État, mais cette règle est en revanche non exempte d’exception.
Par conséquent, les États ne peuvent ni expulser ni refouler, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée……. Cette règle s'applique y comprislorsque le réfugié est entré irrégulièrement dans le pays hôte.
Par ailleurs , Il est bien évident que l’arrivée massive de réfugiés peut saturer les capacités de protection et d'assistance du pays d'asile(de l’Algérie), néanmoins le respect des principes fondamentaux de la protection, tels que le non- refoulement constitue une obligation en soi , Il est d’ailleurs largement admis que l'interdiction du refoulement s'inscrit dans le cadre du droit international coutumier. Cela supposeque l’Algérie et même les États qui ne sont pas parties à la Convention de 1951 doivent respecter ce principe. Celui-ci ne peut non plus être subordonné au partage de la charge entre par exemple l’Algérie, pays hôte et les pays dont les réfugiés ont la nationalité car dans ce cas précis , le principe de réciprocité, en application duquel l’octroi d’un droit à un étranger est soumis à celui d’un traitement similaire par le pays dont l’étranger a la nationalité, ne s’applique pas aux réfugiés pour la simple raison que ces derniers ne jouissent pas de la protection de leur pays d’origine.
Pour tout dire, ces points dont on a eu à mettre en évidence ne constituent Point un réquisitoire contre les pays Africains qui font face à cette crise migratoire notamment l’Algérie, la Tanzanie… maisc’est plutôt un panorama voire une image plus claire de l’ampleur de la situation tout en la jaugeant en même temps sous l’angle du droit international histoire d’apostropher les acteurs étatiques et non étatiques, de la responsabilité qui leur incombe afin qu’ils puissent s’acquitter convenablement de leurs engagements internationaux , régionaux et nationaux en assurant une protection efficace aux migrants en général et aux réfugiés en particulier et dans le respect de leur droits fondamentaux.
Car Il est fâcheux voir atterrant de voir des Africains rudoyer, dénigrer et chasser, leurs frères et sœurs africains dans leur pays sans aucune humanité , sous l’omerta des dirigeants africains et sans pouvoir même jouir des droits qui leurs sont reconnus. C’est inconcevable voire pathétique, Comment s’étonner que le reste du monde et particulièrement les occidentaux nous manque de respect et malmène nos propres frères et sœurs qui frappent leurs portes si nous Africains continuons de prendre nos propres compatriotes pour des moins que rien ? Ce qui est assez lâche, on pousse les hauts cris dès qu’on persécute les nôtres qui se sont réfugiés dans les pays occidentaux alors que nous faisions autant à nos propres compatriotes Africains en Afrique même et ce qui s’est passé en Afrique du sud, à Mayotte et le cas récent de l’Algérie en sont des parfaites illustrations.
Fait par Jamel ISSA juriste !!