J’étais tout petite. Je n’avais que 10 ans. J’étais assis à Volo-volo avec mon père, une route urbaine à très fort trafic. J’admirais les v...
J’étais tout petite. Je n’avais que 10 ans. J’étais assis à Volo-volo avec mon père, une route urbaine à très fort trafic. J’admirais les voitures qui passaient. Ma juvénile attention était surtout attirée par les belles Mercedes, Toyota 4×4 et autres véhicules officiels haut de gamme qui passaient.
Je fis remarquer une voiture particulièrement belle et grande à mon père. Oh ma petite me dit-il, n’envie pas la vie des riches. Ils ont plus de problèmes que le Tchad (expression dépassée aujourd’hui, on parle maintenant d’Irak ou de Syrie). Ils ne dorment pas la nuit, préoccupés qu’ils sont par la sécurité de leurs biens. Si un de leur camion ne rentre pas le soir, c’est une nuit blanche garantie pour le propriétaire. Les pauvres dorment tranquilles et tant qu’ils ne prennent pas de risques, ils seront toujours tranquilles. (Il avait oublié que qui ne risque rien n’a rien). Ainsi parla-il et je me tus donc.
Aujourd’hui beaucoup d’années plus tard, je repense souvent à ce que m’avait dit en ce temps et je pense avec effroi à tous les parents et amis qui tiennent de tels propos à leurs enfants. Ils sèment d’une manière plus ou moins volontaire la graine de la pénurie et de la misère dans la tête des tous petits.
Ce raisonnement se retrouve à toutes les échelles de la société comorienne.
Il est dit que la richesse d’un pays est la somme de la richesse de ses citoyens. Ce qui veut dire que si la Chine est riche aujourd’hui, c’est parce que chaque Chinoi pris individuellement est très riche et la moyenne de leur richesse donne un pays riche. Il en est de même en Europe de l’ouest, au canada, Japon etc…
J’avais rencontré un couple d'Australie au cours d’une conférence sur la jeunesse et la Médecine en 2015 à Guangzhou(Chine). Leurs propos m’ont sidéré. Ils m’ont confié qu’Australie, certains jeunes couples mettaient de côté chaque mois 10% de leur revenu afin de participer à l’aide au développement des pays pauvres. Eh oui des hommes qui envoient de leur nécessaire vital pour aider les Comoriens. Et à quoi servent ces revenus une fois aux Comores: achat de voitures de luxe, détournement à des fins illicites.
Alors, je disais plus haut que la richesse d’un pays est la moyenne de la somme de la richesse de sa population. Donc les Comores est pauvre car chaque Comorien pris individuellement est pauvre. Non seulement les gens sont pauvres, mais ils sont surtout très endettés. L’une des solutions pour résoudre ce problème est donc que les parents changent de langage et apprennent à leur progéniture la vertu de la richesse. Il faut un réarmement mental des Comoriens. Richesse ne rime pas toujours avec problèmes, arrêtons avec cela.
En effet, nous sommes d’accord que si dans un pays développé habitent des hommes développés, alors dans un pays sous-développé, il ne peut y avoir que des hommes sous-développés. Excusez-moi si cela choque, mais ce n’est qu’une conclusion logique, je n’y peux rien.
Il existe comme cela des milliers d’exemple de fondations et œuvres de bienfaisance créées par des occidentaux riches et les actions de ces œuvres sont surtout dirigées vers les Comores . Si ces hommes n’avaient pas travaillé à s’enrichir qu’en serait- il aujourd’hui des Comores ? Posons-nous un peu la question. Les Comoriens doivent donc travailler à leur propre développement et arrêter de se tourner vers l’extérieur, vers l’aide. La nature nous enseigne que la croissance vient toujours de l’intérieur.
Les plantes, les animaux, tous les êtres vivants ou ayant une activité vitale croissent de l’intérieur. Prenez un grain de maïs. Tout ce dont il a besoin, c’est d’un sol meuble, riche et arrosé. Si ces conditions sont réunies, le grain de maïs pousse tout seul, pas besoin de l’aider ou de tirer sa tige vers le haut. Cette petite graine avait déjà son programme de croissance intégré depuis la floraison de la tige mère qui l’avait porté. La jeune pousse de maïs se développera. Elle poussera, portera un jour des fleurs et plus tard portera des épis et la croissance continuera jusqu’à son apogée.
Si vous suivez bien cette graine vous verrez qu’elle ne bouge pas mais tire tout ce dont elle a besoin de son emplacement. Elle envoie ses racines lui procurer la nourriture, elle transformera la lumière grâce à la photosynthèse en élément nutritif et tout cela intégré induit sa croissance de l’intérieur que nous contemplons. Aucune particule externe ne vient entrer dans la constitution de l’épi de maïs, aucune feuille, racine ou graine d’une autre plante ne vient entrer dans sa constitution et cela est même naturellement impossible. La graine se sert des atouts naturels à sa disposition et travaille elle même à sa propre croissance. Les Comores devrait faire de même si un jour il ne veut plus être complètement laissé pour compte.
Les Comores a déjà tous ses atouts tant au plan physique que mental.
Le sous-sol des Comores est un scandale géologique, le sol est riche et fertile, le climat est clément. Alors est-ce la profusion des bénédictions du ciel qui ont induit une telle indolence chez les Comoriens? je me pose la question. Le Japon avec un sous sol pauvre et un relief montagneux, sans aucun atout naturel est la 3e puissance économique mondiale. Pourtant ce sont des hommes avec deux pieds, deux mains, une tête, du sang rouge comme les Comoriens qui y vivent. Nous vivons sur la même planète, nous respirons le même air, nous naviguons sur les mêmes mers. La journée compte 24 heures pour tout le monde et l’année 365 jours. Alors pourquoi en 24 heures, le Japon est de plus en plus riche et les Comores de plus en plus pauvre ?La réponse est : La mentalité, certains diront l’attitude.
Voilà l’un des gros freins au développement de Comores : l’envie irascible de devenir fonctionnaire. J’ai un profond respect pour le travail des fonctionnaires, car sans eux l’anarchie se serait installée dans notre pays, rien ne serait réglementé et la cacophonie s’installerait. Mais le drame est qu’on trouve des jeunes Comorien dont tout le rêve se limite à se faire embaucher dans la fonction publique et se garantir ainsi des fins de mois et une retraite sûres.
Je disais plus haut que la richesse d’une nation est la somme de la richesse de sa population. Si donc tout le monde court à la fonction publique, il est clair que le pays ne sera jamais riche car il est de notoriété publique aux Comores et partout dans le monde d’ailleurs que le fonctionnaire n’est pas riche. Les salaires sont petits, la preuve s’il en était besoin : les grèves perlées que nous vivons dans notre pays.
La Chine est riche car l’entrepreneuriat privé a été développé. Des hommes et des femmes n’ont pas eu peur de s’installer à leur propre compte. Ils ont dépassé la peur de la pénurie, des fins de mois difficiles, la peur du manque et qu’en sais-je encore. Il faut une race d’entrepreneurs privés courageux et dévoués pour créer la richesse aux Comores . Ces entreprises feront travailler d’autres jeunes, l’Etat aura plus de moyens avec les impôts, il y aura plus d’innovations et tout le monde se portera mieux.Quitter la mentalité de la « sécurité » du travail salarié pour celui d’entrepreneur qui seul en effet peut s’enrichir et créer la richesse.
Il n’est pas sage de sortir à vos enfants ces paroles honteuses : Nous sommes trop pauvres, nous ne pouvons pas nous l’offrir. Cette programmation mentale réductrice ne peut générer que des hommes malheureux, craintifs, méfiants, toujours dans le doute et habiter par la peur d’entreprendre.Il faut libérer les mentalités, dire aux enfants qu’ils sont complets, parfaits, forts, puissants, intelligents et heureux. Il faut dire aux enfants qu’ils peuvent devenir ce qu’ils veulent dans la vie à condition de le vouloir très fort. Toutes les familles Comoriennes devraient chercher à pousser leurs enfants le plus loin et le plus haut possible. Si le Père est Capitaine, le fils doit être Général .
Alors que décidez-vous ! Voulez-vous qu’on vous en donne d’avantage ? Alors tâchez d’en gagner d’avantage, mais si vous voulez être pauvres, vous serez acculés à la misère car la nature ne comprend que le langage de la croissance.
SOUMAYATA HAMIDOU HASSANI, Étudiante en médecine (Chine)