Lancement du Projet multifactoriel d’assistance technique et de renforcement des capacités dans le domaine du genre (PMATG-COI) ---------...
Lancement du Projet multifactoriel d’assistance technique et de renforcement des capacités dans le domaine du genre (PMATG-COI)
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Discours de S.E.M. Madi HAMADA, Secrétaire général de la Commission de l’océan Indien
26 juillet 2016 – Antananarivo, Madagascar
Excellence Madame la Ministre en charge de la promotion de la Femme de la République de Madagascar,
Mesdames, Messieurs les représentants des pays membres de la Commission de l’océan Indien,
Monsieur le représentant de la Banque africaine de développement,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Vous me permettrez, tout d’abord, de vous dire tout le plaisir que j’ai à effectuer mon premier déplacement en tant que Secrétaire général de la Commission de l’Océan Indien à Antananarivo, capitale du pays le plus vaste de notre région, à l’occasion du lancement d’un nouveau projet de la COI dédié aux femmes, aux jeunes et aux organisations de la société civile.
Lors de ma prise de fonction, j’ai dit ma volonté de mettre la sécurité, sous toutes ses formes, au cœur de mon mandat. Et c’est ce qui nous réunit ici : la sécurité au quotidien des femmes et des jeunes.
Notre région, l’Indianocéanie, est un espace de paix et de stabilité. Les conditions pour l’épanouissement de nos populations sont globalement réunies. Elles le sont, en tout cas, au regard du droit : l’ensemble des Etats membres de la COI ont des dispositions constitutionnelles qui garantissent l’égalité des sexes et interdisent la discrimination fondée sur le genre. Plus largement encore, nos pays ont ratifié les différents instruments internationaux qui garantissent cette égalité et sécurisent les femmes contre toutes les formes de violences et de discrimination.
Toutefois, il existe encore des inégalités, des fêlures et des réflexes comportementaux qui contraignent l’émancipation des femmes et noircissent l’optimisme naturel des jeunes.
Face à cette situation, la COI se doit d’intervenir. Résolument impliquée dans la promotion d’un développement authentiquement durable en Indianocéanie, la COI s’est naturellement engagée sur le front du progrès social et de l’équité au service des groupes les plus vulnérables de nos sociétés que sont les jeunes et les femmes.
C’est ainsi que nos pays membres ont adopté la première Politique et Stratégie sous régionale sur le genre en avril 2009, conformément à leurs engagements internationaux, continentaux et régionaux.
Cette stratégie était déclinée autour de quatre axes complémentaires : la lutte contre les violences basées sur le genre, la participation des femmes à la vie politique, l’autonomisation économique des femmes, et enfin le rôle des Femmes en faveur du développement durable et de la sécurité alimentaire.
La COI a pu compter sur la Banque Africaine de Développement pour traduire en actions cette stratégie de 2012 à 2015 : nous avons notamment soutenu la création et les activités des plateformes nationales et régionales dans chacun de ces champs d’intervention.
Aujourd’hui, notre nouveau projet multisectoriel d’assistance technique et de renforcement des capacités dans le domaine du genre – le PMATG-COI – cible plus particulièrement les Etats en transition, à savoir les Comores et Madagascar.
Dans ces deux pays membres de la COI, nous avons constaté que les indicateurs sur la situation socio-économique des femmes ont peu ou pas progressé depuis 2008. C’est pourquoi, sur la base de l’évaluation du premier projet genre, il nous a semblé nécessaire de concentrer nos efforts en Union des Comores et à Madagascar, mais aussi à l’île Rodrigues, territoire de la République de Maurice qui connaît une situation similaire.
Je me félicite du soutien renouvelé de la Banque Africaine de Développement en faveur des groupes vulnérables de l’Indianocéanie. Qu’elle trouve ici nos remerciements les plus sincères. Cet appui d’un montant de 960 000 dollars permettra à la COI de poursuivre, consolider et démultiplier les efforts des autorités nationales et des organisations de la société civile de ces deux pays membres.
Mesdames, Messieurs,
Vous me permettrez de mettre l’accent sur l’un des volets du PMATG-COI : celui de la sécurité alimentaire. Le financement, disponible pour les 18 prochains mois, doit notamment permettre aux femmes qui interviennent dans le secteur de l’agriculture, l’un des secteurs majeurs des économies malgache et comorienne, de mieux saisir les opportunités d’emplois, d’augmenter leurs revenus et de faciliter leur accès aux facteurs de production et aux services de base.
En effet, de nombreuses études, notamment de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture –la FAO, ont montré que les femmes ont plus de difficultés que les hommes à accéder au crédit et par voie de conséquence à la terre, aux semences de qualité, aux outils et aux technologies.
Cette inégalité est un obstacle à la sécurité alimentaire et au développement durable de notre région.
Or, si on garantissait aux femmes le même accès que les hommes aux ressources agricoles, la productivité de leurs exploitations augmenterait de 20% à 30%. Ces chiffres, issus d’une étude de la FAO, montrent combien la parité a des effets concrets. Dans le cas de Madagascar, où 46% des petites exploitations sont dirigées par des femmes, les gains pour la sécurité alimentaire des populations mais aussi les gains financiers des familles rurales seraient considérables.
C’est pourquoi, à travers le PMATG-COI, nous soutiendrons la professionnalisation des associations et fédérations féminines de nos pays. Avec leur concours, les femmes des zones rurales seront notamment sensibilisées aux bénéfices réels de l’agro-écologie tant en matière de rendements agricoles qu’en matière d’atténuation des chocs environnementaux et climatiques.
En cela, le volet sécurité alimentaire du PMATG-COI est donc complémentaire du programme régional de sécurité alimentaire et nutritionnelle de la COI élaboré conjointement avec la FAO qui devrait débuter ses activités dès 2017.
Bien entendu, notre nouveau projet « genre » visera également à atténuer les impacts socio-psychologiques et physiques de la violence sous toutes ses formes à l’égard des femmes, des jeunes et des enfants. Ces violences sont conjugales, sexuelles, discriminatoires, privatives, et liées aux trafics humains. Elles sont intolérables et nous devons continuer à les combattre, collectivement et avec toute la détermination requise.
Je forme le vœu que le PMATG-COI ainsi que la nouvelle stratégie régionale genre adoptée par le 31ème Conseil de la COI de février dernier contribuent concrètement à l’émancipation des femmes et des jeunes qui sont autant de forces nécessaires au développement de l’Indianocéanie.
Je vous remercie.
26 juillet 2016 – Antananarivo, Madagascar
1er Discours du Secrétaire général de la Commission de l’océan Indien depuis son investiture le 13 juillet 2016.