On a tout dit sur le Anda d’une manière ou d’une autre. Chuzur demeure l’une des grandes références comoriennes sur le sujet grâce à son ch...
On a tout dit sur le Anda d’une manière ou d’une autre. Chuzur demeure l’une des grandes références comoriennes sur le sujet grâce à son charismatique essai « Le pouvoir de l’honneur ». Loin des interrogations et débat que ce « pouvoir » suscite (quel pouvoir pour quel honneur diront certains), ce texte constitue une description complète de cette pratique traditionnelle. Dépassant le constat et le descriptif, ma question sur le Anda se base sur ce que j’appellerai « sa flexibilité » vue des multiples façons que ça se pratique aujourd’hui.
De nombreuses critiques négatives contre la pratique du Anda s’en prenaient à son rallongement dans le temps (une semaine pour le grand-mariage, des mois, parfois une éternité pour le fait qu’il est supposé indéfinissable, l’on doit le faire pour les proches d’abord et après…)
Aujourd’hui, l’on se rend compte avec des pures contradictions que la pratique est devenue encore flexible ; le cadet s’accomplit de la chose pendant que l’aîné en reste envieux, parfois il en meurt. La durée relève donc d’une décision et conviction personnelles. On peut décider de retenir les gens une ou deux journées au lieu de plusieurs mois, semaines une éternité. Comment ? Pour le cas du Grand-mariage, dans certaines zones, les mariés se mettent d’accord sur le principe de s’acquitter d’un seul instant de tous les « droits » (Wuhandza ou Mawaha selon la zone, Kana, Karamu, Mbéyé…) et devenir accomplis d’un seul et unique coup.
Dans ce cas, la logique est dictée souvent par une volonté de moderniser la chose en en encaissant les fonds au profit du développement villageois : constructions et équipement d’école, de routes, d’édifices communautaires…etc.
C’est là l’enjeu que représente cette pratique aujourd’hui rendu possible par cette flexibilité combien importante. Et si l’État (institutionnalisation de la chose avec des impôts) se saisit sérieusement de ces assouplissements importants pour contrôler tous ces mânes financiers et accompagner le développement communautaire avec du sérieux dû à l'impact de l’État ?
Par Abdoulatuf Bacar