La zone économique exclusive des Comores couvre une superficie de 160 882 km2 avec un plateau continental de 154604 km2. La convention des ...
La zone économique exclusive des Comores couvre une superficie de 160 882 km2 avec un plateau continental de 154604 km2. La convention des Nations-Unies sur le droit de la mer, conclue en 1982 à Montego Bay, reconnait aux Etats côtiers d’exercer des droits souverains de cette zone. Cette convention autorise les pays signataires à contrôler un espace maritime de 200 milles nautiques (370.4km au large de ses seaux territoriales).
Il convient de préciser que cette réglementation permettrait à la France de contrôler les 2/3 de la superficie du canal du Mozambique. Il est donc évident que cette délimitation a des implications économiques dont la pêche et le trafic maritime. Aujourd’hui les Comores s’engage dans un projet d’exploitation pétrolière au moment où de nombreuses incertitudes sur les frontières entre les ZEE font encore débat chez nos voisins malgaches et mozambicains.
Or, il faudrait d’abord régler définitivement les questions de souveraineté relatives à ces zones avant d’entamer toute démarche d’exploration pétrolière en milieu marin. Dr Emil Salim, scientifique chevronné et ancien ministre indonésien de l’environnement s’était exprimé dans un rapport de la banque mondiale, paru le 16 juin 2014 dans le Financial Time britannique ; « non seulement les industries pétrolières, gazières et minières n’ont pas aidé les populations les plus pauvres des pays en voie de développement, mais elles les ont appauvri davantage ».
Les états concernés par ces activités pétrolières dans cette partie de l’océan indien sont parmi les plus pauvres au monde sauf la France. Ce qui les rend beaucoup plus vulnérables aux accidents maritimes et aux conflits régionaux. Pire encore, ces Etats côtiers ne disposent pas de juridiction sur les navires internationaux qui sont de passage dans leur ZEE. Selon les dispositions de l’organisation maritime internationale (OMI), ils peuvent, par la volonté politique, établir des zones à éviter et des Zones Maritimes Particulièrement sensibles (zone qui nécessitent une protection particulière en raison de leur importance pour des motifs écologiques, socio-économiques ou scientifiques.
Pourquoi ces compagnies pétrolières s’intéressent-elles à l’offshore et plus particulièrement dans les pays pauvres ?
Plusieurs raisons sont valables : En fait, les réserves terrestres sont le plus souvent exploitées par les sociétés nationales des États producteurs, comme en Arabie saoudite, en Russie ou au Mexique. L'exploitation offshore permet aussi de se protéger des conflits à terre, comme par exemple dans le golfe de Guinée où il est plus sûr de produire en mer qu'à terre.
Enfin, Cette exploitation exige une haute technologie et d’investissement colossaux que seules les grandes compagnies dites « majors » peuvent fournir.
En plus des risques liés aux études sismiques et au forage sous marin. Tout le monde sait que l’histoire du pétrole africain est jalonnée de problèmes qui ont conduit à des soulèvements dont les conséquences se manifestent au-delà des frontières continentales.
Ce merveilleux couloir qu’est le canal du Mozambique, avec une telle convoitise, risque de se transformer en zone de conflit permanent si la délimitation des ces zones reste confuse. A cela, va s’ajouter la piraterie qui est déjà en pleine évolution. Et la géostratégie française dans la région va être le principal catalyseur des réactions conflictuelles qui en découleront. Il faut rappeler que dans cette région, plusieurs îles et îlots font l’objet de polémique et la France y est toujours pour quelques choses : Déjà, pour le Mozambique, il faut une résolution rapide des disputes sur Mayotte et les îles Eparses pour savoir, entre la France, les Comores, et Madagascar, avec qui négocier ses frontières.
J’interpelle ainsi les autorités comoriennes à prendre très au sérieux ce dossier et à agir vite avant que la malédiction du pétrole africain ne nous atteigne.
Youssouf Ben Ali : Ingénieur Océanologue