Dénonçons d’abord une ignominie, indigne d’un pays comme la France : les victimes de la chasse aux Comoriens, réfugiées sur une place de Ma...
Dénonçons d’abord une ignominie, indigne d’un pays comme la France : les victimes de la chasse aux Comoriens, réfugiées sur une place de Mamoudzou, sont contrôlées et si leur situation est irrégulière, expulsées sur le champ de Mayotte. Ainsi les auteurs de « pogroms » ne sont plus des délinquants, mais des supplétifs de l’Etat dans sa lutte contre « l’immigration clandestine ». Des hommes, des femmes, des enfants, installés là depuis des années, doublement victimes d’une illégale chasse à l’homme et de pratiques policières déloyales, voient leur vie basculer dans des conditions révoltantes pour qui a encore une « conscience ». J’ai honte pour mon pays.
©habarizacomores.com |
Venons-en maintenant à la Commission de l’océan Indien. Des politiques et des spécialistes la somment d’intervenir dans la situation qui prévaut à Mayotte. Remarquons tout d’abord que Mayotte ne fait pas partie de la COI, suite au véto comorien. Pour cette raison, en 1986, la France a adhéré à cette organisation « au titre de La Réunion ». Comment la COI pourraitelle y intervenir ? Dans le domaine humanitaire ? A supposer que la France et les Comores l’accepteraient, la COI qui n’a pas de ressources propres, ne fait que mettre en oeuvre des projets financés par des bailleurs de fonds, essentiellement la France et l’Europe. Ce serait étrange que la France et l’Europe fassent appel à la COI pour mener une action qui leur incombe dans le département français et la région européenne ultrapériphérique qu’est Mayotte !
Peut-elle intervenir dans le débat politique, concernant l’appartenance de Mayotte à la France ou aux Comores ? Si la COI prenait une position, dans un sens ou dans l’autre, elle signerait sa fin, ou du moins le départ de la France de l’organisation. C’est sûr que Maurice réclamant Tromelin, Madagascar revendiquant les îles éparses du canal de Mozambique, et les Comores Mayotte, il y aurait une majorité au sein de la COI pour se partager les territoires à souveraineté contestée dans la zone et pour écarter la France. Mais la COI ne devra pas s’arrêter en si bon chemin, il lui faudra encore dire si les Glorieuses sont aux Comores ou à Madagascar qui les revendiquent tous les deux, ou si des îlots et des eaux territoriales en discussion entre Maurice et les Seychelles appartiennent à l’une ou aux autres… Bref, ce serait la fin de la COI, pour un résultat nul, puisque personne n’obtempèrera à ses décisions. C’est pourquoi la règle a toujours été à la COI de ne s’occuper que de domaines partagés.
Les différents entre Etats doivent y être réglés en bilatéral, dans le respect et la fraternité réciproques. On peut cependant regretter que la COI ne manifeste pas plus de solidarité face au sous développement accentué de certains de ses membres, comme Madagascar ou les Comores. J’avais proposé, en 2003, la création d’un fonds de solidarité et de développement destiné à atténuer les disparités de développement entre les pays de la COI à l’instar du fonds de cohésion en Europe. Je proposais de l’alimenter par une taxe de 1 euro sur les vols aériens internationaux au sein de la COI. Le conseil des ministres a créé le fonds, mais les Etats ont refusé d’instaurer la taxe qui aurait pourtant constitué un premier « impôt régional », symbole d’une communauté embryonnaire. Peu après, certains d’entre eux ont pourtant souscrit à un prélèvement de 7 euros sur les billets d’avion instauré à la demande de Chirac au plan international. A la COI, on n’a pas encore conscience de former une communauté. Et pourtant, l’Indianocéanie existe… Nous sommes quelques uns à l’avoir rencontrée.
Wilfrid Bertile/ JIR 6 Clicanoo.re