Monsieur le directeur, C'est avec beaucoup d'attention que je suis les événements qui animent l'hôpital Elmaarouf, cet établis...
Monsieur le directeur,
C'est avec beaucoup d'attention que je suis les événements qui animent l'hôpital Elmaarouf, cet établissement qui m'a accueilli 3 ans durant. D'abord comme stagiaire, ensuite comme contractuel puis comme fonctionnaire d'Etat.
C'est avec beaucoup d'attention que je suis les événements qui animent l'hôpital Elmaarouf, cet établissement qui m'a accueilli 3 ans durant. D'abord comme stagiaire, ensuite comme contractuel puis comme fonctionnaire d'Etat.
C'est donc avec cette même attention que j'ai suivi votre nomination à la tête de cet hôpital de référence. Permettez-moi de saluer le travail que vous faites depuis que vous dirigez cette structure. Je prie Allah de vous accompagner durant votre mission, certes difficile, mais noble pour un patriote. Il faudra plus de mots pour décrire les maux qui rongent notre établissement et trop de pensées pour les panser. Toutefois, je m'autorise de pousser un peu ma réflexion dans le but d'apporter, ma modeste contribution pour espérer voir cette structure sortir enfin des sentiers battus et lui apporter un souffle nouveau. Un souffle que vous et moi sommes d'accord, est plus que nécessaire. Les besoins majeurs pour donner à cet hôpital une image digne de son statut d'"hôpital de référence" sont divers et variés.
Il y a un premier niveau de besoins auquel même le gouvernement a des difficultés pour apporter des réponses. Quoique, avec plus de volonté et de pragmatisme, ce dernier pourrait faire plus de choses qu'il ne l'imagine . Il s'agit là d'investissements importants mais rentables en rapport qualité/coût de vie des citoyens. Je pense à des dispositifs médicaux, d'imagerie et d'analyses médicales, entres autres, qui forcent des compatriotes à voyager pour en bénéficier à l'étranger. Ce qui engendre outre les difficultés liées au voyage pour des personnes souffrantes et les proches qui les accompagnent, le coût financier de ces voyages. Un manque à gagner pour l'Etat comorien.
Comment expliquer que le gouvernement n'est pas en mesure de mettre en place ce qu'un particulier a su, tout seul réaliser ? Je fais allusion aux investissements que certains médecins réalisent dans le secteur. Mais bon passons. Le deuxième niveau de besoins repose sur des choses que la direction, avec peu de moyens et surtout avec, encore une fois, du pragmatisme, est capable de les répondre. La numérisation de la radiologie et l'informatisation du système de facturation que vous avez initié vont dans ce sens. C'est tout à fait normal qu'un hôpital de référence s'engage dans ces procédures, mais il est important de saluer cette initiative. Surtout que vos prédécesseurs, malgré un certain nombre de médecins parmi eux, n'y ont jamais songé. Je vous encourage à continuer dans ce sens dans la mesure où il y a encore du travail à faire. L'hôpital doit être autonome en électricité, en eau et en oxygène. Il doit également s'améliorer en matière de gestion de consommables.
En effet, comment expliquer le fait que, malgré la présence au sein de l'établissement de nombreuses citernes pouvant offrir une capacité de stockage de plusieurs centaines de mètres cube d'eau, l'hôpital dépend toujours de la Mamwé ? Pourtant, ce n'est un secret pour personne, la Mamwé a des difficultés à ravitailler régulièrement ses clients. Il est primordial que cette question trouve de réponses dans la mesure où l'hygiène est un élément majeur dans les soins et que l'hygiène va de paire avec l'eau.
L'hôpital doit également se doter de moyens sûrs et efficaces lui fournissant régulièrement d'oxygène. Qu'il ferme une fois pour toute cette page! Il est aussi difficile d'expliquer qu'un hôpital de référence connaît des ruptures de stock de réactifs pour réaliser les examens biologiques. Je parle ici de simples examens comme les bilans électrolytiques ou numération formule sanguine. Des examens basiques j'entend par là. Je n'ose même pas parler des pénuries répétitives de seringues, compresses, sparadrap ou encore de gants jetables. C'est le b-a-ba de la gestion de stock, niveau BTS voire bac pro. Le troisième niveau de besoin ne nécessite pas, si non peu de moyens financiers. Le point le plus important à ce niveau, à mon sens, reste la communication. Elle constitue la base de toute prise en charge.
Beaucoup de personnes se retrouvent à l'hôpital sans trop d'informations sur leur prise en soin ou celle de leurs proches. Et le manque d'informations est souvent source d'inquiétude et d'anxiété qui entraînent à leur tour de l'agressivité verbale voire physique. Il faut pour cela, sensibiliser régulièrement les soignants sur le fait qu'ils sont censés informer chaque patient de tout acte de soin ainsi que les conséquences qui en découlent. La direction pourrait également installer un point informations où, une personne serait chargée d'apporter aux usagers plus d'informations d'ordre administratif et sur le fonctionnement des différents services. Une autre personne avec plus de connaissances médicales ou paramédicales apporterait quant à elle des débuts de réponses à tout ce qui touche l'aspect technique.
Autre point sur la communication, c'est permettre aux usagers d'identifier facilement les différents corps de professionnels qui exercent au sein de l'établissement. Aux Comores, toute personne évoluant au sein d'un hôpital est appelée Docteur. Une situation qui met mal à l'aise beaucoup de soignants mais qui se résignent dès lors qu'ils ont compris que ce terme ne confère pas forcement le statut de médecin, mais seulement une façon simple et familière de désigner les personnes qui travaillent au sein des hôpitaux. Une forme d'ignorance acceptée par la société comme lorsque nos parents utilisent familièrement le terme de sénégalais pour designer tout noir venu du continent africain. Par contre, quelques soignants se servent de ce statut abusif et de l'inattention de certains usagers pour outrepasser leurs compétences et réaliser des actes qu'ils ne sont pas habilités à prodiguer.
Les conséquences qui découlent de ces genres d'attitudes ne sont pas à rappeler. Pour cela, je pense qu'il serait judicieux d'instaurer un code couleur facilement identifiable et compréhensible pour tous, permettant de distinguer les différentes catégories de professionnels hospitaliers, à travers les tenus des uns et des autres. Ainsi, les usagers sauront qui est qui et qui fait quoi. Aussi, organiser des séances de rappel auprès des soignants sur la déontologie, l'éthique et la législation qui régissent leurs professions. Et surtout punir selon la loi, tous ceux qui passent outre.
Enfin, le dernier point essentiel est le moins onéreux mais le plus difficile à mettre en place:Les bonnes habitudes. En effet, faire évoluer les mentalités et changer les habitudes des gens est la chose la plus difficile à réaliser. Pourtant, le rôle de chaque usager est essentiel. les nouveaux locaux du pôle chirurgical et la construction prochaine du pôle Mère/Enfant est une bonne nouvelle pour l'établissement. Mais que valent-ils si les mesures de base d'hygiène et de propreté n'y sont pas respectées ? Il n'y a qu'à voir l'état des chambres du nouveau service de pédiatrie pour comprendre. Je ne parle même pas de la cuisine et des sanitaires communes ni de la gestion des ordures. Tout le monde doit se sentir responsable sur la question de l'hygiène.
A commencer par les patients et leurs familles en respectant le règlement intérieur de l'établissement et les mesures d'hygiène mises en place. Il s'agit là, d'une démarche participative. Pour se faire, l'établissement doit réaliser un vrai travail de sensibilisation. Il pourra s'appuyer sur l'association des usagers ou sur des associations qui oeuvrent pour la conscientisation de la population à l'instar de N'goshawo.
L'hôpital Elmaarouf est notre patrimoine commun. Tout comorien serait fier d'apporter sa contribution au rayonnement de cette institution. Si aujourd'hui certains médecins, personnel paramédical ou de support partent évoluer ailleurs, c'est souvent par peur de perdre l'âme de leur vocation, face à une situation qui ne cesse de se dégrader de jour en jour. Si vous me permettez, monsieur le directeur, je vais finir par un modeste conseil: Surtout, ne perdez pas de vue ces nombreuses personnes qui ont évolué des années durant au sein de cet hôpital et qui aujourd'hui, travaillent ailleurs. Forts de leurs expériences et du regard extérieur qu'ils ont développé, elles peuvent beaucoup apporter à ce nouvel élan que vous insufflez à cet établissement.
Je vous remercie.
SOUEF Ouessou
CHU de Rouen Haute-Normandie