Paris, le 06 mai 2016 Monsieur le Président, En votre qualité de Chef de l’Etat, vous avez le devoir de garantir le respect de la...
Paris, le 06 mai 2016
Monsieur le Président,
En votre qualité de Chef de l’Etat, vous avez le devoir de garantir le respect de la constitution, de veiller au bon fonctionnement des institutions et de défendre la souveraineté nationale.
L’échec patent de votre gouvernement à organiser des élections transparentes et irréprochables d’une part, et l’ingérence manifeste et arrogante de personnes étrangères dans le processus électoral de notre pays, d’autre part, vous obligent à répondre aux légitimes inquiétudes du peuple.
Certes, vous vous êtes adressé plusieurs fois à la Nation, mais vous n’avez jamais expliqué pourquoi on est arrivé à cette situation alors que toutes les conditions étaient réunies pour réussir de belles élections ?
En effet, pour réussir de belles élections, il vous fallait du temps, des moyens financiers, un pays apaisé, une classe politique vivante, des institutions appropriées, etc. Vous les avez tous eus. Il vous fallait aussi vouloir quitter le pouvoir. Cette volonté vous l’avez manifesté et les Comoriens ont cru en votre sincérité. Alors, comment expliquer votre échec autrement que par votre incapacité à décider, et la tentation de vos proches à profiter de vos faiblesses ?
A titre d’exemple : Lorsque la Cour des comptes vous a informé des détournements de fonds à la CENI, vous avez choisi de maintenir son président à son poste parce qu’il vous est proche. Cette décision l’a conforté dans son sentiment d’impunité et l’a affranchi de toutes contraintes. Aujourd’hui le pays tout entier en subit les conséquences et le déshonneur.
Jamais, dans l’histoire récente de notre pays, pour soutenir ses candidats, un pouvoir n’a autant abusé des finances de l’Etat, harcelé les petits fonctionnaires, exploité les biens sociaux communs, encouragé la corruption, exacerbé les haines et les rancœurs. L’argent, source de corruption a été érigé comme seul et unique programme politique : « L’argent qui corrompt, l’argent qui achète, l’argent qui écrase, l’argent qui tue, l’argent qui ruine, et l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes », comme disait feu le Président Mitterrand. Quelle curieuse fin de mandat pour un président qui a prétendu faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille ?
Et voilà que survient maintenant, à seulement quelques jours de la reprise des élections dans certains bureaux de vote à Ndzouani, conformément à l’Arrêt énigmatique de la Cour Constitutionnelle du 30 avril, ces nouvelles déclarations incendiaires du ministre en charge des élections selon lesquelles « le protocole d’accord signé le 15 mars pour la sécurisation des élections serait caduc ». Comment pouvez-vous laisser votre ministre semer encore la zizanie, générer des tensions inutiles au risque de tout compromettre ?
Vous conviendrez avec nous, Monsieur le président, qu’il y a des limites à tout. Et que le moment est venu de rappeler à l’ordre vos amis – sinon que restera-t-il de votre quinquennat, qui vous permettrait, après le 26 mai, d’échapper au jugement de l’histoire et à votre propre examen de conscience ?
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération due à vos hautes et prestigieuses fonctions.
Le Président
Abdoul Wahab Ahmed
Le Secrétaire Général
Abdou Rahmane AHMED
Tél. +33 (0)603860347 ou +33(0)660588153