Jusqu'à ces dernières élections, je n'imaginais pas nos hommes politiques si joueurs, des joueurs funambules. Dans notre pays,...
Jusqu'à ces dernières élections, je n'imaginais pas nos hommes politiques si joueurs, des joueurs funambules.
Dans notre pays, les élections sont sous la responsabilité de la CENI et de la Cour constitutionnelle qui veillent, pour l'une, aux opérations électorales, et pour l'autre, au contrôle de leur régularité.
La CENI et la Cour constitutionnelle sont donc les principales institutions chargées des élections.
Or, ces deux institutions sont minées par des crises internes auxquelles s'ajoutent de très fortes accusations de corruptions. Elles ont perdu toute crédibilité.
Curieusement, ce sont elles qui organisent et contrôlent les élections pour désigner nos futurs gouvernants. La CENI, chargée de l'organisation des élections et de l'annonce des résultats provisoires après tabulation est défaillante. Elle n'est même pas capable de faire de simples calculs arithmétiques élémentaires sans commettre d'erreurs grossières. De telles défaillances à ce niveau de responsabilité sont inquiétantes.
La CENI a failli à organiser des élections transparentes et régulières et mène le pays au bord du chaos. Une grave crise couve depuis les élections du 10 avril.
Le candidat de l'opposition est déclaré élu, selon les résultats provisoires.
Celui du pouvoir, conteste ces résultats, entachés, selon lui, de fraudes et de l'absence d'un nombre important de voix. En effet, il accuse l'opposition d'avoir détruit des urnes et empêché de nombreux citoyens d'accomplir leur vote dans quelques bureaux à Anjouan.
Pour l'opposition, les faits ne sont pas contestés mais exposés dans une autre version. Selon elle, le pouvoir a tenté de commettre de fraudes en procédant à un bourrage des urnes, et les militants sont intervenus pour les en empêcher.
Chaque camp a déposé des recours à la Cour constitutionnelle. C'est donc à elle finalement que revient la responsabilité de trancher sur le contentieux électoral et annoncer le vainqueur des élections présidentielles.
Le Président de la République, les représentants de la communauté internationale à Moroni et l'ensemble de la classe politique appelle à respecter la décision de la Cour constitutionnelle et espère que celle-ci dira le droit.
Mais la Cour constitutionnelle est totalement discréditée par des décisions partisanes contestables et les scandales.
Alors, comment peut-on remettre le destin de tout un peuple entre les mains d'une Cour constitutionnelle dépourvue de toute crédibilité?
Nous jouons à la roulette russe. Si la balle est dans le canon notre tête explose, si elle ne s'y trouve pas, on l'aura échappé belle.
SAÏD MOHAMED SAÏD HASSANE
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Saïd Hassane SAÏD MOHAMED
Avocat à la Cour
84 Rue du Ranelagh
75016 PARIS