Azali devrait être clairement le choix de la majorité des électeurs comoriens. Grâce aux alliances qu’il a nouées qui font déjà p...
Azali devrait être clairement le choix de la majorité des électeurs comoriens. Grâce aux alliances qu’il a nouées qui font déjà plus de 41°/° des voix à Ngazidja et grâce au soutien de l’homme le plus populaire des Comores : Sambi.
Un rappel factuel : depuis les élections législatives et municipales de 2015, tout le monde savait que c’est le candidat soutenu par Sambi qui aurait le plus de chance d’accéder à Beit Salam. Faut-il le préciser ? Sans parler des fraudes constatées et avérées, Fahmi Said Ibrahim a raté de très peu la qualification aux primaires, Ahmed Abdallah Salim est arrivé en troisième position dans la course à Mrodjou et Dr Abdou Salami est arrivé en première position dans la course à Dar Nadjah avec plus de 9000 voix d’avance ! Tous ces gens conduits par Sambi soutiennent Azali.
Je connais d’avance la réponse qui me sera formulée par les soutiens de Mouigni Baraka et Mamadou : Juwa est divisé en trois. Une partie soutient Azali, la deuxième partie Mamadou et la troisième partie Mouigni. Affirmation réelle mais qui ne sert qu’à les rassurer. Car les poids lourds de Juwa appuient clairement Azali. D’ailleurs quand des éléments de Juwa sans réelle force électorale (comme les deux Djaffar et Sidi) rejoignent l’UPDC, il y a un tapage médiatique assourdissant qui est fait. Qui peut croire un instant que ces gens-là ont le dixième de l’influence de Sambi aux Comores ?
Azali sera donc sans aucun doute élu mais rentrera-t-il à Beit Salam ? Et c’est l’une des questions majeures qui se posent à quelques jours du scrutin du 10 avril. Car personne n’ignore que l’équipe de Mamadou ne reculera devant aucun obstacle pour passer en force : organiser des fraudes massives en sa faveur et les faire avaler par la force à tout le monde. Et pour cause : cette option-là est la seule qui puisse le conduire à Beit Salam.
Mamadou est aidé pour cela par des puissances étrangères dont l’Union européenne à l’intérieur de laquelle on peut voir la main de la France. Il y a fort à parier que cette pauvre espagnole qu’on a attrapée la main dans le sac à Mohéli n’est que le grossier cache-sexe de l’intervention française dans cette grosse triche annoncée mais qui échouera.
Une évidence étrange : Mamadou compte beaucoup plus pour son élection sur les étrangers que sur les électeurs comoriens. Les puissances étrangères voient clairement en lui leur suppôt maniable à merci, œuvrant d’ailleurs davantage pour leurs intérêts que pour ceux des Comoriens. Mais Mamadou a tort de se reposer sur ces puissances qui n’ont jamais pu faire élire qui que ce soit aux Comores ni empêcher l’élection de Taki ou Sambi qui étaient leurs bêtes noires. Quand elles comprendront que leurs efforts d’accompagner les fraudes sont vains, les mêmes puissances se rallieront sans d’état d’âme à l’équipe gagnante.
Une certitude : l’équipe de Mamadou est déterminée à passer en force. Et l’annonce faite lundi 4 avril de suspendre toute communication aux Comores pendant la période électorale la plus intense est de très mauvaise augure. C’est proprement une fraude à huit clos qui est prévue ! Cette manœuvre vulgaire et grossière sera-t-elle légitimée par la CENI, la Cour Constitutionnelle et l’armée nationale ? Ikililou Dhoinine prendra-t-il vraiment le risque de s’opposer de façon si suicidaire à ses deux prédécesseurs ? Cet homme, réputé prudent et modéré, signera-t-il ainsi son arrêt de mort ?
Une autre certitude : si le choix des électeurs comoriens n’est pas respectée, un scénario à l’ivoirienne est tout à fait probable. Car qui peut oublier que les anciens présidents de la République ont aussi des soutiens déterminants dans toutes les forces de l’ordre du pays ?
Nassurdine Ali Mhoumadi, docteur ès Lettres, professeur de Lettres modernes à Lyon.