Le 10 avril 2017, nous connaîtrons le nom du 11ème Président des Comores. Nous allons malheureusement voter par dépit, par défaut, mais non...
Le 10 avril 2017, nous connaîtrons le nom du 11ème Président des Comores. Nous allons malheureusement voter par dépit, par défaut, mais non pas par conviction ; Ce qui laisse présager un succès sans joie. Vous n’êtes pas sans savoir que le peuple comorien souffre de tout : manque de soins, d’eau, d’électricité et surtout d’un manque d’écoles publiques pour nos enfants qui nous contraint tous à envoyer nos enfants dans les écoles privées.
La vie est de plus en plus dure, l’avenir de plus en plus incertain. Quand il n’y a plus de progrès dans un pays, quand il n’y a plus d’espoir qui motive l’existence de chacun, il ne reste que l’explosion. Je ne vous demanderai pas d’agir contre la précarité, ni même vous rappellerai que le peuple comorien espère des lendemains meilleurs. Pour moi le seul moyen de rendre la confiance en ce peuple serait d’essayer de mettre le pays sur les rails du chemin de l’espoir.
Oui ! Son excellence monsieur le futur président, après 40 ans de mascarades, nous avons du mal à trouver des raisons d’espérer. Beaucoup de nos concitoyens ont perdu la vie en mer, dans l’espoir de chercher une vie meilleure à Mayotte. Aujourd’hui encore, les jeunes comoriens n’ont qu’une idée en tête : quitter le pays pour réussir ailleurs ! 40 ans que cela dure, les comoriens ont le sentiment que les dirigeants n’ont aucunement l’intention de mener le navire à bon port, partant du principe que nous sommes naïfs et qu’on peut nous marcher dessus.
Je tiens cependant à vous rappeler, votre excellence, qu’aujourd’hui les comoriens n’attendent pas des déclarations d’amour mais des preuves d’amour. Quel que soit le choix que le peuple fera le 10 avril prochain, ça ne sera sûrement pas un chèque en blanc. Pour désamorcer la bombe à retardement susceptible d’exploser à tout moment, les comoriens attendent de vous une volonté affichée de réellement changer les choses. Nous avons tous besoin de pouvoir répondre à la question posée il y a plus de 20 ans et dire que « Oui, enfin il y a un pilote dans l’avion ».
L’égalité des chances et la justice sociale sont indiscutablement les principaux ingrédients d’un Etat de droit dont nous avons le droit de rêver. La banalisation de la corruption dans tous les services y compris même la justice ne fait qu’accroître le ras-le-bol qui peut dégénérer un jour et faire plonger le pays dans un chao sans précédent.
Malgré le désespoir total dû au chômage des jeunes, l’absence totale de repère et le chao dans lequel nous vivons, nous sommes tous fiers d’être comorien. Et c’est ce que nous avons constaté le 13 novembre dernier à Mitsamiouli après l’excellente performance de nos champions face aux black-stars du Ghana. Ils ont réussi en 90 minutes ce que les politiciens n’ont jamais réussi à faire en 40 ans : Donner de l’espoir et la joie de vivre à tout notre peuple. Pour ma part, je les remercie, un grand bravo à vous, vous êtes les meilleurs de nous tous.
Son excellence, Monsieur le futur président, je souhaite de tout mon cœur que vous allez vous inspirer de nos champions, pour donner de l’espoir et la joie de vivre à notre peuple.
Vive les Comores dans la FRATERNITÉ.
Ahmed MOHAMED BEN CHARAFA