Qu'attendre du 2e tour des actuelles présidentielles ? Avant d'aborder l'objet de cette communication, penchons-nous un ins...
Qu'attendre du 2e tour des actuelles présidentielles ?
Avant d'aborder l'objet de cette communication, penchons-nous un instant sur un événement qui peut avoir des conséquences sérieuses sur la mandature à venir et au-delà : il s'agit de la tentation du couple Sambi-Fahami de prôner l'abstention au 2ndtour après son éviction. Rappelons que ce couple fait encore partie de la coalition des candidats qui s'est mobilisée pour dénoncer les fraudes qui auraient émaillé le 1er tour des présidentielles, coalition dont le dénominateur commun est certainement l'opposition ouverte au régime sortant d'Ikililou qui veut rempiler à travers Mamadou. Deux challengers Mwinyi Baraka et Azali font partie de cette coalition.
Si jamais Juwa prônait la neutralité, il commettrait alors une erreur grave :
- Cela signifierait que Juwa est un allié objectif de Mamadou : en effet ne pas choisir aboutit à choisir le candidat du pouvoir ; Juwa le sait bien pour avoir éduqué ses militants dans ce sens : l'abstention est un choix politique et non un choix neutre.
- Cela confirmerait la mégalomanie incommensurable du maître de Fahami : sans lui, rien n'est possible, aucun Comorien, aucun Anjouanais, ne lui arrive à la cheville et puisqu'ils n'ont pas voulu de lui, alors tant pis pour ce pays qui depuis 1958 est dénommé arbitrairement et injustement les Comores.
- C'est un manque de courage politique évident, car cela dédouane Juwa de la nécessité de proposer des solutions pour le pays et de négocier avec les challengers du pouvoir les conditions de leur réalisation.
- Ce faisant, Sambi démontrerait encore une fois, après l'échec de ses stratégies électorales et politiques, qu'il était véritablement un politicien naïf et un piètre stratège.
Ce pays dit « Les Comores » s'acheminent vers le 2e tour des élections présidentielles et nous sommes en droit de nous interroger sur l'avenir qui nous attend.
D'abord le constat : après plus de 40 ans d'indépendance, le pays est un des pays les pauvres du monde : 1 PIB/hab de 736 dollars et une espérance de vie de 60,9 ans contre 9186 dollars de PIB/hab et 73,6 ans d'espérance de vie à Maurice et 14466 dollars de PIB/hab et 73,2 ans d'espérance de vie aux Seychelles.
Toujours selon les critères retenus par Jeune Afrique (Hors-série n°42), les Comores se placent en Afrique au 44ème rang sur 54, pour le palmarès global basé sur de nombreux critères de développement économique et de bonne gouvernance, au 44èmepour le palmarès économique et à la 32ème place pour le palmarès politique (certainement grâce à l'alternance imposée par la tournante.)
En comparaison, Maurice est 8e et les Seychelles 19e pour le palmarès global, respectivement 21ème et 39ème au palmarès économique et pour le palmarès politique Maurice est 1er et les Seychelles au 8e rang.
Pourquoi les Comores ont-elles échoué si lamentablement, même face à des pays africains de la zone, comparables à elles à beaucoup de points de vue ?
1- En premier, la corruption
La corruption gangrène ce pays et l'empêche d'évoluer, pour la simple raison que celui-ci ne peut tabler sur rien pour se développer : imaginez un ménage dont le chef de famille dilapide, chaque mois, l'unique salaire quand il le perçoit au poker (bufu ou copégagné) ; comment ce ménage peut-il vivre, se développer, investir dans l'avenir ?
C'est ce qui passe avec l'État comorien, la corruption vide les caisses de l'État et détourne les fonds à des usages particuliers.
C'est un système performant à plusieurs niveaux :
- Le premier cercle formé du président et de la 1ère dame, avec parfois les enfants et la famille proche quand elle est dans la politique : il n'y a pas de limite à son pouvoir d'accaparement des deniers publics, que ce soit directement au trésor ou à toutes les caisses de l'état.
- Le deuxième cercle formé des ministres et hauts responsables d'état qui peuvent faire main basse pratiquement sur tout,
- Le troisième cercle constitué des directeurs de services et des sociétés d'état sont eux aussi omnipotents dans leur rayon d'action économique ;
- Puis il y a un quatrième cercle fait de gens influents à cause de leur proximité avec les cercles supérieurs (conseillers, walimu, partisans…) qui ont également droit à une part du gâteau.
Ce qui caractérise tous ces gens, c'est qu'ils n'ont pratiquement aucun compte à rendre et peuvent à tout moment faire main basse sur les biens publics : on immobilise un avion, après en avoir vidé les passagers pour les besoins d'une seule personne, on s'approprie les recettes d'une société publique pour organiser une réunion politique....
Une des conséquences de ce pillage organisé et spontané, c'est qu'il installe la désorganisation généralisée des services de l'état.
Un autre aspect de la corruption et non des moindres est le clientélisme et le népotisme : tous les services de l'État sont utilisés comme une récompense pour services rendus, avec comme conséquence immédiate l'engorgement à tous les niveaux d'État, de recrues inutiles, véritables boulets pour l'économie du pays.
Pire, le système de corruption n'est pas seulement un précipice pour les richesses nationales, c'est également un précipice pour toutes les aides extérieures : détournement de projets (ex le projet du port de Mutsamudu, sous Ahmed Abdallah, a été dévoyé pour générer des millions aux responsables d'alors, aux directions de l’Équipent, des Travaux Publics… et autres comme le projet routier sous Ikililou aurait enrichi les Nourdine Bourhane... tout ceci au détriment des intérêts des citoyens et du pays.
En résumé, à cause de la corruption le pays n'a jamais pu bénéficier d'un budget réel objectif et sûr pour penser et construire un développement.
Le système de corruption date de longtemps et a traversé tous les pouvoirs politiques d'Ahmed Abdallah jusqu'à Ikililou, en passant par Azali et Sambi.
Comment dans ces conditions, un pays peut se développer s'il ne peut compter sur aucune ressource sûre ?
L'élimination du système de corruption est la 1ère condition sinequanum, pour tout début de redressement et pour laquelle tous les candidats doivent s'engager.
Les citoyens doivent exiger des candidats :
- Un engagement inconditionnel dans la lutte contre la corruption
- L'établissement d'un audit public des ressources de l'état au moment de la prise du pouvoir
- Une déclaration devant autorité judiciaire de ses biens et fortune personnelle
- Un engagement pour établir un audit des ressources de l'état et de sa fortune personnelle à la fin de la mandature
- La volonté de favoriser l'indépendance totale de l'appareil judiciaire de l'appareil exécutif
- La proposition d'une législation permettant la traque de la corruption à tous les niveaux de l'état, la saisie des biens incriminés et le remboursement des préjudices subis par l'état.
Voilà ce que les citoyens doivent exiger de leur candidat :
Mais pour être efficaces, ces mesures doivent s'accompagner d'un changement de mentalités de la part des citoyens :
➢ Il faut en finir avec l'idée que ce qui appartient à l'état n'appartient à personne et peut être volé et dilapidé
➢ Il faut en finir avec la valorisation, l'estime et le respect des voleurs d'état : les enrichissements illicites doivent être dénoncés et traités comme il se doit, comme des actes criminels et leurs auteurs mis au ban de la société
➢ De leur côté, les citoyens doivent apprendre à réclamer leurs droits et non à demander des passe-droits etc.
En résumé de cette 1ère partie, sans éradication de la corruption, il n’y aura pas de développement du pays.
(Suite à la prochaine communication)
Anli Yachourtu JAFFAR