Vous êtes fonctionnaires de l’Etat comorien. Votre indice de salaire n’a aucun rapport avec votre niveau de qualification ou même de votre ...
Vous êtes fonctionnaires de l’Etat comorien. Votre indice de salaire n’a aucun rapport avec votre niveau de qualification ou même de votre expérience. Il peut demeurer stable jusqu’à la fin de votre carrière si vous n’avez pas la chance de devenir un jour ministre ou quelqu’un de haut placé dans l’administration publique. A cette situation, s’ajoute le recrutement arbitraire des agents sans aucune orientation professionnelle.
Il est, de toute évidence, claire que la gestion financière et sectorielle des ressources humaines pose un grand problème : Certains agents moins qualifiés que d’autres bénéficient les meilleures conditions de rémunération. Dans le même temps, on trouve des cadres supérieurs qui vivent avec moins de 100 000FC/mois, après des années de fac et une longue expérience. C’est la raison pour laquelle, la question de la masse salariale que les autorités ont du mal à gérer, est un faux problème. En fait, les employés fictifs sont trois fois plus nombreux que les employés réels de l’Etat. C’est l’un des difficultés auxquelles les gouvernements successifs se sont confrontés depuis des décennies.
Si aujourd’hui on vous parle de salaire raisonnable et mérité, beaucoup d’entre vous auraient tendance à penser qu’il s’agit d’un mythe et que jamais notre pays ne pourrait jamais en arriver là.
Moi je pense que pour améliorer ces salaires, on n’a pas besoin d’une expertise extérieure : Combien de fois la banque mondiale a financé des recensements qui n’ont abouti à rien ?
De mon point de vue, l’amélioration des salaires doit absolument s’accompagner d’une gestion rationnelle des ressources humaines dont notre pays dispose. Cependant, nos comportements et mentalités sont loin d’être adaptés aux reformes qui s’imposent.
Pour arriver à un tel changement, il n’y a pas milles solutions : il suffit de demander à chaque ministère et département de convoquer tous ses agents, physiquement disponibles, dans un entretien d’embauche pour entrer à nouveau à la fonction publique ; chaque agent présente son CV et ses diplômes. De cette façon, tout le monde sera affecté là où il faut en fonction de son profil, avec un salaire proportionnel à son niveau d’étude et de son expérience.
Et tout le reste des fonctionnaires qui ne figurent que dans le logiciel de la FOP, va être supprimé de la base de données comme s’il n’avait jamais existé. Si quelqu’un estime qu’il a perdu son poste budgétaire, il n’aurait qu’à formuler sa demande de recrutement avec un dossier complet. Si notre gouvernement parvenait à mettre en place une telle opération, la masse salariale serait non seulement réduite mais aussi maitrisée, il n’y aurait plus d’arriérées de salaires, les fonctionnaires vivraient décemment, la corruption diminuerait de manière significative et la pauvreté pourrait être combattue avec efficacité.
Il est toutefois encore difficile d’envisager une telle démarche dans un pays où l’intérêt général n’a jamais fait pas partie des priorités des autorités. Habitué à être gouverné par des personnalités opportunistes extrêmement corrompues, le peuple a fini par s’y adapter. Et tout est devenu normal. Par exemple, Quand on veut un gros salaire, il suffit d’être ami ou un proche du responsable informatique de la FOP. Dans le cas contraire, il vous suffit de lui donner un pot de vin et vous choisissez vous-même votre salaire mensuel.
« Un salaire décent pour tous », ce n’est ni une utopie ni un rêve. Mais suffit que nos élus acceptent de rompre avec leurs vielles méthodes, et que le peuple accepte de changer.
Par Youssouf Ben
Par Youssouf Ben