PRÉSIDENTIELLE : Azali Assoumani pour un second mandat

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Afrique Education : Vous briguez la présidence de la République pour la deuxième fois après avoir été président de la République de 1999 à 2...

Afrique Education : Vous briguez la présidence de la République pour la deuxième fois après avoir été président de la République de 1999 à 2006. Vous êtes âgé de 57 ans. On espérait pour vous une retraite paisible et heureuse avec votre famille, alors que vous souhaitez revenir au charbon. Qu’est ce qui motive ce retour : l’argent, les honneurs, les voyages, la jouissance ? Pourquoi refusez-vous de vous reposer ?

Azali Asssosumani : Tout le monde aspire à une retraite paisible. Mais après avoir évalué les périls qui menacent mon pays ces dernières années, après avoir pesé les actes politiques qui risquaient de mettre en danger la paix et la sécurité dans nos îles, mais aussi et surtout après avoir mesuré les paramètres économiques et sociaux qui ne cessent de se dégrader, mon parti et moi-même avons décidé en âme et conscience de revenir pour continuer l’œuvre que nous avions commencé et en consolider les acquis.

Je vous rappelle qu’après la crise sécessionniste qui a failli ébranler les fondements de notre jeune nation et qui risquait de précipiter le pays dans le chaos, j’ai pris le pouvoir et travaillé ardemment à un retour à la normalité constitutionnelle et ensuite mobilisé toutes les forces vives du pays avec l’appui de la communauté internationale pour mettre en place un cadre institutionnel donnant aux îles plus d’autonomie et assurant une alternance politique apaisée. Nous avions à cet effet accepté d’une manière consensuelle la formule de la présidence tournante entre les îles. L’ancien président, originaire d’Anjouan, a manifesté son intention de reposer sa candidature, pour le tour de Ngazidja, connaissant les risques de tensions sécessionnistes qu’il allait engendrer. Je ne pouvais pas laisser faire. Je ne pouvais pas rester les bras croisés et revivre la même situation qu'il y a 15 ans. J’ai décidé de reprendre le flambeau et de contrecarrer ces dérives dangereuses.

Afrique Education : 25 postulants pour cette fonction présidentielle, n’est-ce pas beaucoup trop pour un pays modeste comme les Comores ? Quels sont les candidats les plus consistants pour vous ?

C’est beaucoup trop. Probablement que certains ont décidé de saisir l’opportunité de s’exprimer et de se faire entendre. Personnellement je les respecte tous, qu’ils soient issus des partis politiques, comme moi-même, ou qu’ils soient des fortes personnalités politiques avec le titre d’indépendant. Aux uns comme aux autres, je dis respecter leurs choix. Par contre, cette situation démontre le niveau de déliquescence de l’Etat. Les pratiques communautaristes dans les hautes sphères des institutions de l’Etat ont fragilisé et décrédibilisé l’autorité publique. Tout le monde se voit président.

Afrique Education : Comment va votre parti la CRC ? Est-elle à même de vous conduire sans alliance au somment de l’Etat ou bien faudra t-il négocier des combinaisons avec d’autres partis politiques et associations ? Et quelles sont les alliances possibles ?

Le parti CRC est un parti formé de hauts cadres, d'hommes et de femmes, du pays et qui a fort heureusement un groupement de la jeunesse qui lui insuffle tout le dynamisme qu’on lui reconnaît. Nous avons tenté avant les primaires de constituer des alliances autour de notre projet de société. Nous avons compris que tous les partis voulaient mesurer leur influence politique et électorale et nous respectons leur choix utile.

Mais comme le stipule la constitution, les primaires qui se tiennent à Ngazidja ne vont retenir que 3 candidats sur les 25 autorisés à concourir pour les élections générales. Bien évidement, des alliances sont nécessaires pour gagner ces élections. Nous privilégions nos alliances non dans un esprit de partage de pouvoir mais autour des projets fédérateurs pour le développement de notre pays.

Afrique Education : Que pensez-vous du mémorandum signé dernièrement par la quarantaine de partis politiques par rapport aux élections ? Soutenez-vous cette initiative et pourquoi ?

Il y a eu plusieurs mémorandum parmi lesquels un qui n’a pas obtenu le soutien de notre parti, en l’occurrence celui qui soutenait la candidature de l’ancien Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Certains de ces partis savaient que ce combat était perdu d’avance, mais tous espéraient obtenir les faveurs électorales de l’ancien président. Ils avaient une lecture erronée et partisane de l’article 13 qui institue une élection primaire organisée tour à tour dans chacune des îles de l’Union. Ils estimaient à tort que tout le monde pouvait se présenter, vidant ainsi et l’esprit et la lettre de la constitution. D’autres voulaient carrément empêcher la tenue des élections aux échéances prévues, parce que peut-être ils manquaient de préparation.

La Cour Constitutionnelle s’est prononcée et a mis fin à cette longue polémique inutile. La Cour constitutionnelle comorienne a tranché dans son arrêt en jugeant "prématurée" la requête de l’opposition, étant donné que ni le décret de convocation du corps électoral pour l’élection du président, ni la liste provisoire des candidats à cette élection n’était encore publiés.

L’ancien président a quand-même posé sa candidature qui a été rejetée par la Cour. Je ne pouvais souscrire à une attitude que je savais très dangereuse, car elle qui risquait de raviver les tensions séparatistes et de nous faire plonger dans une énième crise.

Afrique Education : Si vous devenez président de la République dans quelque temps, pourriez-vous dire que vous retrouvez les Comores en paix, comme vous les aviez laissées et qu’il n’existe pas de risque à proprement parler pour la stabilité du pays et des institutions ?

La sécurité de notre pays s’est détériorée et reste encore fragile sur tous les plans. Nous vivons dans une zone où ont été commis divers actes terroristes. Nos voisins, la Tanzanie et le Kenya, entre autres, font face malheureusement à un terrorisme aveugle et destructeur. C’est dire qu’un pays insulaire comme le nôtre doit se préparer à y faire face. La stabilité de notre pays passe par le respect de la démocratie, de l’Etat de droit et surtout de l’alternance politique. Or, nous venons de constater que malgré les garde-fous de la constitution, certains hommes n’hésitent pas à tout remettre en cause pour revenir au pouvoir ou s’y pérenniser. Nous devons commencer par faire respecter la loi, rendre crédible la justice, tordre le cou à la corruption pour édifier un Etat fort et respecté. C’est dans ces conditions que nous pouvons consolider la paix et la stabilité et travailler pour le développement de notre pays.

Afrique Education : C’est une chose de chercher à revenir au pouvoir, c'en est une autre de votre programme et de vos ambitions pour votre pays. Que peut-on attendre de vous si vous êtes élu ?

D’abord parer à l’urgence. Un pays sans énergie ne peut espérer un développement et ne peut constituer un attrait pour les investisseurs. Il faut d’abord répondre aux besoins énergétiques immédiats de la population puis assurer un approvisionnement du pays pour les cinquante prochaines années. Secundo, il est impératif de promouvoir la formation professionnelle pour doter le pays d’une main-d’œuvre qualifiée, pour répondre à l’offre d’emploi intérieure et régionale mais aussi offrir la possibilité à tous ceux qui souhaitent investir aux Comores de trouver une main-d’œuvre locale suffisamment compétente. Je pense que c’est le moyen le plus efficace de lutter contre le chômage qui frôle les 40 %. Enfin, nous allons relancer les principaux secteurs de croissance économique que sont, entre autres, le tourisme, la pêche et l’agriculture.

Afrique Education : Que dites-vous aux électeurs et électrices comoriens qui vont devoir choisir l’un des 25 candidats ? Pourquoi devrait-on voter pour vous plus que pour quelqu’un d’autre ?

Tout simplement parce qu’ils m’ont vu à l’œuvre. J’ai été le maître d’œuvre de la réconciliation nationale, après des années de méfiance et d’affrontement. J’ai convaincu la communauté internationale de nous accompagner et de garantir tous les accords de réconciliation jusqu’aux élections nationales et insulaires. J’ai relancé et développé le secteur des télécommunications pour mieux accompagner le développement du pays et permettre à tout Comorien de communiquer, d’échanger et d'accéder au savoir. Je n’ai pas hésité à ouvrir l’université des Comores, sauvant ainsi des dizaines de milliers d’enfants de ce pays qui ne disposaient pas de moyens pour poursuivre leurs études universitaires à l’étranger. En sept ans, dans un pays qui était au bord du gouffre, j’ai fait de mon mieux. Je suis maintenant disposé à continuer mon œuvre, avec en plus l’expérience et les enseignements tirés.

Afrique Education : Quelle est la situation des Jeunes et des femmes aux Comores ? Pensez-vous qu'ils méritent une attention plus grande aujourd'hui qu'hier ?

Parmi de nombreux secteurs, l’art, la culture et le sport font honneur au pays. Nous avons des artistes de talent qui brillent sur la scène internationale, dans le domaine de la chanson d’abord à l’exemple de Soprano et de Rohff. Nous avons aussi au pays des jeunes plein de talents et qui n’attendent qu’un coup de pouce pour faire carrière. D’autres, de plus en plus nombreux, sont devenus des stars dans le sport à l’exemple de Mohamed Ben El-fardou originaire de Mayotte et qui évolue à l'Olympiacos en Grèce. Nous avons vu comment l’équipe nationale a su réveiller la fibre patriotique par leur talent. Nous avons aussi des femmes qui excellent dans le domaine de la mode comme Sakina Msa, et tout récemment la jeune styliste, fille de mon ami Abdallah Wadaane. On doit sérieusement offrir à ces talents, ces intelligences et cette créativité, les moyens de s’épanouir davantage.

Concernant la femme, la dernières enquête de Thomson Reuters sur la situation de la femme dans les pays arabes placent les Comores comme le pays où la femme est la plus respectée et qui assume des responsabilités importantes dans les hautes sphères de l’Etat, dans les entreprises publiques et aussi dans le secteur privé. Nous devons travailler encore plus pour atteindre l’objectif de la parité dans tous les domaines. Nous ne devons pas non plus relâcher notre vigilance, parce que la femme reste exposée à de nombreuses difficultés et est encore victime d'abus de toutes sortes.

Afrique Education : Votre pays a été absent sur la scène diplomatique africaine ces dernières années ; pourtant la sous-région reste agitée par des crises et une certaine instabilité. On vous a vu au demeurant conduire une mission d'observation électorale à Madagascar en 2013 alors que le pays s'enfonçait dans une crise aiguë. Est-ce à dire que vous allez remettre la diplomatie comorienne au cœur de vos préoccupations si vous êtes élu ?

La diplomatie n’est pas uniquement une affaire de gestion de la guerre ou de la paix. Elle doit intégrer la notion de développement durable, devenue le paradigme de l’action des Etats modernes et du monde actuel. On assiste à une évolution dans les modes de prise de décisions au sein des institutions internationales ; et le développement durable est perçu comme un repère fondamental de toute stratégie de développement des pays.

Pour être très concret, nous avons assisté récemment à la grande Réunion de Paris sur le climat. Il a été démontré que l’action de l’homme risque de faire augmenter la température de notre planète de 2°C à 6°C si rien n’est fait. Les Comores sont constituées d'îles au milieu des eaux. Cette position géographique est très préoccupante et notre devoir est de protéger notre pays de tous les risques liés au réchauffement climatique. Il est donc évident que la paix et l’équilibre ne peuvent être assurés que si nos écosystèmes et nos ressources naturelles sont préservés. Dans cette perspective, notre diplomatie doit également refléter notre positionnement géographique et notre culture.
Nous faisons partie du monde, de l’Afrique, du monde francophone et arabo-musulman. Notre intérêt est de trouver notre place dans ce carrefour de civilisations. Nous connaissons aussi nos amis de la première heure avec lesquels nous avons toujours entretenu des relations solides. Je pense donc, en définitive, que la diplomatie doit retrouver ses lettres de noblesse dans notre pays et servir nos intérêts vitaux.

Votre dernier mot ?


Je souhaite un scrutin apaisé, transparent et crédible. J’interpelle les structures mises en place chargées de veiller à la sincérité du scrutin afin qu'elles fassent leur travail en toute indépendance et dans l’impartialité. Je fais confiance à mes compatriotes qui sauront se passer de l’offre d’achat de conscience et accomplir leur devoir dans le seul intérêt de notre cher pays. Je fais pleinement confiance à nos forces de sécurité pour veiller à la sécurisation des élections et à la cour constitutionnelle pour mener des délibérations conformes au droit.

Propos recueillis à Moroni par
Hassan Joumali Haaj
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