La campagne électorale pour l'élection du président de la république et des gouverneurs des îles entrant dans sa dernière ligne droite,...
La campagne électorale pour l'élection du président de la république et des gouverneurs des îles entrant dans sa dernière ligne droite, d'aucuns s'interrogent encore de savoir pourquoi la majorité des Comoriens ne cachent pas leur intention de voter pour Azali Assoumani comme président de l'Union des Comores.
Une même confiance, faut-il le souligner, qu'ils accordent à l'ensemble du ticket formé par l'ancien président (2002-2006) après l'intermède d'interposition de l'armée pour éviter une déconfiture totale de l'Etat, laquelle armée avait placé Azali à la direction du pays (avril 1999-mai 2002).
©habarizacomores |
Ce ticket, rappelons-le est constitué des trois vice-présidents Djaffar Ahmed (Ngazidja), Moustoidrane Abdou (Anjouan) et Abdallah Saïd Sarouma (Mohéli). Et, pour être complet, des trois candidats au poste de gouverneur des îles de Ngazidja, d'Anjouan et de Mohéli, respectivement Hamidou Karihila, Abdérémane Adinane et Ben Cheikh Achiraf.
Une de mes amis m'a ainsi posé frontalement la question. En guise de réponse, je lui ai retourné la question à la forme négative : "pourquoi, toi, tu ne voterais pas pour Azali?" Elle m'a avoué n'avoir pas de réponse. Quelles sont ses raisons? En a-t-elle? Pas sûr.
Vendredi dernier, me rendant à la grande prière hebdomadaire, j'ai saisi au passage une conversation entre deux jeunes (anti et pro-Azali).
"Arrêtez de nous rabâcher Azali-université; on en a assez. Qu'est-ce qu'une université sans toilettes, sans bibliothèque, sans restau U, sans…", débitait avec hargne le premier. Et le second de répliquer : "une université sans… mais qui sert utilement, n'est-ce pas?", alignant des arguments que je n'ai pas suivis, pressé d'aller à la mosquée.
En ce qui me concerne, je l'ai déjà écrit dans une récente tribune, je ne vais pas y revenir. L'université créée en 2003, ne saurait naître avec toutes les qualités. C'est comme un bébé. Azali a eu le mérite de fonder l'institution; elle n'était pas parfaite, certes, mais il appartenait à ses successeurs de la parfaire. A chacun de nous de voir si ces derniers l'ont fait ou pas. Mais sans avoir besoin de loupe, on constate qu'au cours des dix dernières années, rien n'a été fait. Bien au contraire, tout semble avoir été défait.
Dans un bel élan populiste, je dirais stupide et irréfléchi du successeur du colonel, la taxe de 50 francs sur le kilo de riz a été supprimée avec ce "ndzozi" non réalisé pour le Comorien d'alourdir le poids de son assiette mais qui s'est trouvée considérablement allégée. Merci qui? Merci Sambi et suivants.
L'université, sans ressources, ne compte désormais que sur les dérisoires frais d'inscription des étudiants et une subvention de l'Etat difficilement obtenue, parfois au prix de longues grèves des enseignants.
Si la suppression de la taxe de 50 francs sur le kilo a allégé le poids de l'assiette du Comorien, elle a en même temps alourdi le poids des difficultés de l'UDC. Mais passons. Revenons aux raisons – nombreuses – de voter pour Azali.
Après sept ans passés à la tête de l'Etat, le colonel-président a acquis une solide expérience. En tout cas, suffisamment pour ne pas dire, presque en fin de mandat, qu'il était en train d'apprendre à être président – vous suivez mon regard?
Sept ans à la tête de l'Etat lui ont permis d'avoir un carnet d'adresse. Ce qui n'est pas rien quand on veut diriger un pays.
Quand on ajoute les dix ans passés à observer, à recevoir tous azimuts, à rencontrer les Comoriens et les autres pour s'informer, prendre leurs avis et se faire rappeler les erreurs et mêmes des fautes commises pendant l'exercice du pouvoir, cela n'est pas rien, non plus. S'il y a une école à apprendre à être président, ce devait être celle es dix ans d'observateur, d'opposant…
Récemment, j'ai vu le président Azali exécuter quelques exercices physiques lors d'une tournée dans le nord de Ngazidja. Mais tiens, il est physiquement bien; à ce jour, je ne lui connais aucune incapacité physique ou mentale susceptible de nuire à l'exercice de ses fonctions. Cela aussi est une bonne chose.
Mais bien plus que tout, Azali et l'ensemble des personnes (vice-présidents et gouverneurs) qui se lancent à ses côtés, dans cette bataille sont des gens qui nous ressemblent en tous points de vue. Ils ne dédaignent pas aller à la mosquée, savent lire les paragraphes du wasila shafiyi sans hésiter, le coran sans ânonner, savent diriger la prière avec aisance, résister aux tentations pendant le mois de ramadan…
Ils savent surtout venir nous exprimer leur solidarité en toutes circonstances (deuil, mariage ou naissance etc.)
A l'heure où se pose avec acuité la question d'un débat national sur les 40 ans d'indépendance avec, en filigrane, le débat qui n'a pas été fait sur la présidence tournante, Azali à la tête du pays sera l'homme idoine pour ce type de débat, étant partie prenante dans l'instauration de nouvelles institutions dans le cadre du nouvel ensemble comorien sous lequel nous vivons.
Par Mohamed Hassani