Pour la cinquième fois consécutive, l’hymne national a retenti dans salle Al Kamar, ce lundi 14 février 2016, à l’ occasion de la tenue du ...
Pour la cinquième fois consécutive, l’hymne national a retenti dans salle Al Kamar, ce lundi 14 février 2016, à l’ occasion de la tenue du 5e et dernier débat opposant les candidats à l’élection présidentielle de l’Union des Comores du 21 février et 10 avril 2016. Les 4 candidats invités au débat étaient tous présents : Ali Nassor, Ahmed Wadaane Mohamed Daoud et Mze soule Abdou El Bak. Après les présentations de leur parcours académiques et professionnels, les candidats ont abordé les points présentés par l’animateur principal du débat El Had Said Omar, à savoir, l’économie, l’énergie, les finances publiques, le chômage des jeunes, la justice et la question de l’ile comorienne de Mayotte.
Les candidats ont ainsi commencé à débattre sur l’économie et la lutte contre la pauvreté. Le candidat Ali Nassor a plaidé pour la réduction du déficit budgétaire qui tire l’économie vers le bas et la relance de l’agriculture. A cet effet, il a promis de rouvrir les CEFADER/CADER, qui étaient mis en place lors du régime d’Ahmed Abdallah Abderemane et de recréer la caisse de stabilisation pour garantir les prix des produits de rente exportés par le pays. Le candidat Mohamed Daoud alias Kiki, a abondé dans le même sens en espérant qu’il fut désenclaver l’agriculture et encourager la transformation de produits agricoles. Il a plaidé pour l’intégration du sport dans la stratégie de lutte contre de la pauvreté. Le candidat Ahmed Wadaane a promis de récupérer les terrains agricoles situés dans la région d’Itsundzu pour les affecter aux travaux agricoles qui seront mis en œuvre par des regroupements communaux. Enfin, le candidat Mze Soule El Bak a plaidé pour la mise en place des coopératives pour relancer le secteur agricole.
Concernant l’énergie, tous les candidats ont plaidé en faveur de la promotion des énergies propres, au détriment des énergies fossiles. Mohamed Daoud alias Kiki s’est déclaré opposé au projet de la centrale au fuel lourd mis en œuvre par le gouvernement qui serait néfaste pour l’environnement du pays. Ahmed wadaane a plaidé pour la prise en compte des communes dans la gestion et la vente de l’électricité. L’ancien Président de l’ile autonome de Ngazidja, Mze Soule Abdou el Bak a accusé l’ancien président de l’Union et actuel candidat à la présidence de l’Union des Comores Azali Assoumani d’avoir saboté son projet d’électrification de l’ile de Ngazidja qui avait obtenu un financement de la Banque Islamique.
A propos des finances publiques, le candidat Ali Nassor a déploré l’absence de budget d’investissement dans la loi des finances et surtout la surliquidité des banques qui n’est pas utilisée pour financer les projets de développement du pays. Il a pris l’engagement de créer une Banque d’investissement sous le modèle des banques islamiques et d’un fond de garantie pour faciliter la création des entreprises. Le candidat Mohamed Daoud a promis de reformer la constitution en vue de supprimer certaines institutions budgétivores à l' instar des conseils des iles.
Il a promis aussi d’élargir l’assiette fiscale pour augmenter les ressources de l’Etat et de modifier la nomenclature de la loi des finances. Le candidat Ahmed Wadaane a fait sensation en déclarant vouloir faire des économies dans la célébration de la fête de l’indépendance. Il interdira le déplacement de la population et des fonctionnaires à l’aéroport pour accueil le Chef de l’Etat. Il a pris l’engagement de créer 30 000 emplois dans les trois mois qui suivent sa prise fonction. Le candidat El Bak a promis de faire dans les quatre mois qui suivent sa prise de fonction un audit des services financiers de l’Etat.
Concernant la lutte contre le chômage des jeunes, les candidats ont tous plaidé pour la relance du secteur privé pour créer des emplois. Ils ont aussi promis de renforcer la formation professionnelle au profit des jeunes pour favoriser leur insertion dans la vie active. La fonction publique est saturée et Ali Nassor a fait la proposition surprenante de faire abaisser l’âge du départ à la retraite à 55 ans pour libérer des places au profit des jeunes.
A propos de la justice, le constat a été unanime, les candidats ont tous déclaré qu’elle est malade, mais chacun a proposé sa propre solution pour reformer la justice. Ahmed wadaane a proposé le recours au jury populaire et la création d’un pôle financier qui sera animé par les magistrats. Il a déclaré qu’il va dissoudre la Commission anticorruption et le Parlement de l’Union et engager des reformes constitutionnelles. Ces reformes viseront à permettre au Chef de l’Etat de s’adresser au parlement tous les 6 mois, à augmenter le nombre des circonscriptions électorales pour mieux représenter la population vivant dans le pays et la diaspora.
Mohamed Daoud a plaidé pour le renforcement des moyens de la justice afin qu’elle puisse accomplir ses missions. Il souhaite lutter contre corruption en s’attaquant aux causes profondes de ce fléau qui sont la cherté de la vie et les bas salaires de certaines catégories de fonctionnaires. Ali Nassor a été le plus audacieux en proposant la décentralisation de la justice par la mise en place au sein de chaque préfecture d’un juge de paix pour juger les petites infractions. Il veillera à l’exécution des décisions de justice et mettra en place un Comité qui sera composé de magistrats étranger pour veiller à l’efficacité de la justice. Les décisions au postes stratégiques de l’institution judiciaire seront précédées d’une audition des trois candidats pressentis par l’Assemblée de l’Union.
Enfin concernant la question de l’ile comorienne, le Candidat Ahmed Wadaane a pris l’engagement dès sa prise de fonction d’ordonner à la police de l’air et des frontières de ne plus accueillir les refoulés de Mayotte, quitte à « remettre en cause son pouvoir ». Le candidat Ali Nassor a déploré le silence assourdissant de l’Etat comorien lors de la départementalisation de Mayotte et sa transformation en région ultra périphérique de l’Europe. Il a pris l’engagement dès son élection de convoquer des assises nationales sur la question de Mayotte.
Ce 5e débat a duré près des 2h 30. Il a permis aux candidats de faire des propositions innovantes pour améliorer les conditions de vie de la population. Au final 13 candidats sur 25 ont répondu aux invitations de l’association Ngo'shawo pour débattre sur leurs programmes sur 5 débats du 11 février au 15 février 2016. Les grands absents de ces débats sont principalement, le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, le Gouverneur Mouigni Baraka Said Soilihi et l’ancien Président Azali Assoumani, des candidats qui ont sont élus par le peuple et qui ont eu à gérer les affaires publiques. Mais les absents ont toujours tort. Ils ont raté une occasion de vendre leurs bilans et surtout de disséminer leurs programmes auprès de la population et de confronter leurs idées avec leurs homologues candidats.
Les 5 débats organisés par l’association Ngo’shawo ont été une réussite. C’est une leçon patriotique et professionnelle donnée aux medias publics, financés par les deniers publics, notamment l’Office de Radio et Télévision des Comores qui n’ont eu ni le courage, ni la volonté d’organiser ce genre de débat. Ils se trompent vraiment d’époque. Par ComoresDroit