Aux Comores lors des cérémonies de mariage les mamans bénissent les mariés en leur souhaitant longue vie et plein d’enfants pou remplir la ...
Aux Comores lors des cérémonies de mariage les mamans bénissent les mariés en leur souhaitant longue vie et plein d’enfants pou remplir la maison.
Le problème réside dans le fait que la société comorienne prétend aimer les enfants mais ne leur assure pas la protection dont ils ont besoin.
Combien de cadis avec le consentement des parents marient des jeunes adolescentes à des « aïeuls » sans que la communauté s’émeuve, condamnant ainsi cette jeune fille à entrer précocement dans un monde d’adultes et sans se soucier des dégâts psychologiques que cela peut induire.
Combien d’actes de pédophilie commis par des enseignants coraniques sont étouffés pour ne pas salir la réputation dont jouit le « foundi » au village. Pire, les familles acceptent souvent des compensations financières pour se taire. La communauté se mure aussi dans le silence.
En pratiquant l’Omerta, sur ce genre de faits, la société se rend complice de ces actes de pédophilie.
Combien sont choqués à la vue de ces jeunes enfants qui arpentent les rues de notre capitale pour vendre des objets divers (sachets, bibelots, …).nous leur achetons souvent des objets sans nous que cela heurte notre conscience, sans se demander pourquoi ces enfants ne vont pas à l’école.
Combien d’entre nous n’ont pas vu des jeunes enfants se rendant à l’école seuls et à pied, en traversant des routes où des chauffards roulent sans se préoccuper des piétons. Personne ne se pose la question de savoir pourquoi un adulte ne les accompagne pas.
Combien d’entre nous n’ont pas vu des enfants errer seuls dans les rues pendant la nuit sans que l’on se donne la peine de savoir qui ils sont et où ils vont.
Combien d’entre nous dépensent des sommes folles pour les mariages, les enterrements alors que les enfants peinent à manger à leur faim, ne s’habillent pas correctement et sont exclus de l’école parce que leurs parents n’ont pas honoré les frais de scolarité. Nombreux certainement.
Combien d’entre nous n’ont pas vu ces femmes vendeuses obligées d’élever leurs bébés au milieu des détritus et des odeurs nauséabondes de Volo-volo, parce qu’elles n’ont pas le choix.
Il est impossible d’énumérer toutes les situations qui mettent nos enfants en péril. Mais en agissant ainsi la société comorienne envoie un signal négatif à ses enfants : vous n’êtes pas importants à nos yeux.
En effet, aucune politique n’est mise en place pour protéger les enfants contre toute formes d’abus. Les pédophiles sont libérés après quelques mois et parfois quelques jours et retournent vivre aux côtés de leur victime.
Il n’existe aucune structure publique pouvant accueillir les jeunes enfants pendant que leurs mamans vendent denrées alimentaires ou autres à Volo-volo.
Les débats initiés par quelques villes et villages pour une réforme du « Anda », ne mettent pas en avant le bien-être de l’enfant.
Nous nous murons dans le silence, lorsque nos enfants sont victimes d’actes de pédophilie, lorsqu’ils étudient dans des salles de classe insalubres, lorsque nous les voyons vendre des choses dans la rue au lieu d’être à l’école…
Dans nos villages nous organisons souvent des cérémonies de collecte de fonds en mettant en compétition nos enfants pour voir lequel lèvera plus de fonds, certes au profit de réalisations communautaires mais nous ne devrions pas les utiliser à cet effet.
Par ces quelques faits je voulais montrer que nous oublions que les enfants d’aujourd’hui sont les responsables de demain. Quel genre de responsables pensons-nous avoir si nous ne leur inculquons pas dès le plus jeune âge les valeurs de justice, d’empathie, de protection de l’environnement, et ne leur assurons pas une sécurité et ne protégeons pas leur intégrité physique ?
Nous formons des aigris, des frustrés, des peureux, des exclus, et j’en passe. Et nous allons nous étonner si demain nous avons des dirigeants qui ne se préoccupent pas du sort de leurs compatriotes, qui ferment les yeux sur les injustices, qui ne se soucient que de leur propre personne.
Nous sommes tous fautifs, pouvoirs publics, société civile, parents,…
Il n’est jamais trop tard pour mieux faire, osons introduire ces sujets dans les campagnes électorales, prenons enfin nos responsabilités.
L’enfant est une richesse inestimable.
Par Moina Karima Mouhtare
Par Moina Karima Mouhtare