Petit-fils de sultan, Saïd Ali Kemal rêve d'une association entre toutes les îles. Son destin se confond avec celui des Comores. Sa...
Petit-fils de sultan, Saïd Ali Kemal rêve d'une association entre toutes les îles.
Son destin se confond avec celui des Comores. Saïd Ali Kemal est le petit-fils du dernier sultan de Grande Comore, Saïd Ali, celui qui en 1883 demanda le protectorat français, accordé trois ans plus tard. Cette année-là, les quatre îles de l'archipel comorien signaient toutes le traité de protectorat.
Unies sous le même drapeau français. En 1997, Prince Kemal, qui dirigeait l'un des principaux partis d'opposition, le Parti pour la fraternité et l'unité des îles, considérait les événements d'Anjouan comme un «soubresaut nostalgique». Anjouanais par sa mère et sa femme, il savait pourtant les frustrations d'une population dont la révolte était «prévisible, logique, tragique».
En plus de vingt ans, l'ancien journaliste de l'ORTF puis de FR3 a été de tous les régimes, sans jamais s'attarder. Premier ambassadeur de la République des Comores en France en 1978, il démissionne au bout de deux ans, pour désaccord politique avec le président Abdallah.
En 1990, il se présente à l'élection présidentielle. Arrivé en troisième position, il apporte ses voix, sans conviction, à Saïd Mohamed Djohar. Il occupera six mois le portefeuille de l'Economie, avant de démissionner.
En septembre 1995, Bob Denard revient et renverse Djohar. Kemal et Mohammed Taki se partagent brièvement la coprésidence. Il se présente à nouveau à l'élection présidentielle de mars 1996 et soutient Taki au second tour. «Mais j'ai compris qu'on ne pourrait pas travailler ensemble.» Taki voulait que l'ex-opposition se fonde en un parti unique. Prince Kemal rêve d'une Constituante qui définirait les relations interinsulaires et donnerait une véritable représentation au «peuple». Un mot que le petit-fils du sultan utilise beaucoup. Il dit aussi: «On a cassé la nation, on a détruit l'espoir de la jeunesse.»
En 1982, raconte -t-il , un symbole de l'unité comorienne a disparu, le lycée de Moroni où étaient formés des Comoriens de toutes les îles. «C'est là que la nation apprenait à se connaître.» La crise que traversait Anjouan etait d'abord économique, dit-il, mais «le budget de l'Etat n'est rien à côté de ce qu'envoie la diaspora comorienne au pays. Le problème, c'est que sur 100 000 originaires des Comores en France, 90 000 viennent de Grande Comore. Même les grandes familles d'Anjouan investissent et vivent à Grande Comore».
Aux Anjouanais, il ne reste que la vanille et le clou de girofle, dépréciés. «Et puis il y a le problème de la présence de la France à Mayotte. Ce serait folie que de dire aux Mahorais de revenir avec nous. Mais il faut tous se mettre à une table, avec la France et l'OUA, pour définir des relations dans la sous-région. La France ne pouvait pas rester insensible à ce qui se passait à Anjouan. Paris ne devait pas départementaliser Mayotte. Et puis, depuis le gouvernement Balladur, il faut un visa pour aller à Mayotte. Mais qu'est-ce que c'est?
Moi, mes sœurs sont de Mayotte! Nous avons le même islam sunnite, le même rite chaféite.» On ne va tout de même pas encore amputer le territoire comorien, s'indignait Prince Kemal en 97, qui croyait à l'avenir d'un archipel arabo-africain francophone. Cet Etat vivrait de services et formerait ses jeunes, pour que, à l'exemple de Zanzibar, ils puissent trouver du travail dans les pays de la Ligue arabe dont fait partie Moroni.
Quand Saïd Ali Kemal rêve à ce que pourrait être le destin des Comores si la République fédérale était bien gouvernée, avec le tourisme et la pêche, il dit: «Les Mahorais se souviendront alors que nous sommes frères de sang.» A 77 ans, Saïd Ali Kemal se présente à l'élection présidentielle de 2016 avec 24 autres candidats. S'il est élu il entamera ses projets de construction des Comores.
Modification et mis à jour par habarizacomores