Après presque 41 ans d’indépendance, le constat est le même. La pauvreté s’accroit et la population continue à sombrer dans la misère, dans...
Après presque 41 ans d’indépendance, le constat est le même. La pauvreté s’accroit et la population continue à sombrer dans la misère, dans un pays qui a pourtant, dans un passé récent était donné en exemple de développement dans cette partie perdue de l’océan indien que sont les Comores.
N’ayant jamais été témoin du règne du feu président Ali Soilihi alors que celui de ses feux successeurs, nous ayant trouvé presque immature et désintéressé vis à vis de la chose politique, nous ne pouvons donc réellement parler que de nos actuels majestés que nous avons avec euphorie jamais égalée et un espoir inouï, porté au pouvoir pour un changement rapide et positif de la situation économique, sociopolitique et une amélioration substantielle des conditions d’existence d’un peuple profondément touché par des conflits d’intérêts personnels et qui a avalé tous les maux qu’ on peut imaginer(injustice, misère , chômage…..).
Cette génération à laquelle nous appartenons et qui a activement participé à la mise en place de ce régime, pouvait jurer sur tout ce qu’ elle croyait que ce serait fini la misère des paysans, le chômage, que le sous-emploi serait derrière elle, que la mal gouvernance politique et économique et la dilapidation des deniers publics seraient à jamais balayées, que les maux qui assaillissent le système éducatifs, le secteur de la santé, que la cherté des denrées de première nécessité etc. ne seraient désormais qu’ un vieux souvenir, rangé aux oubliettes.
Mais terrible fut notre désillusion de voir qu’en réalité, la situation du pays va de mal en pis et cela nous fait profondément regretter en votant massivement d’avoir aveuglement porté ces élites au pouvoir.
Aujourd’hui le menu de tous les jours se résume en en seule phrase : « Un peuple affamé et privé de liberté et une jeunesse sans perspectives d’avenir ». Tous les clignotants sont au rouge. Le peuple fuit le pays à bord d'embarcation de fortune en empruntant des voies moins indiquées. Il brave et défi l’immense océan indien à la recherche de terres plus clémentes.
La misère s’accroît d’une façon exceptionnelle et que la majorité des ménages n’arrive plus à assurer deux repas par jour. Mais où va le pays ?
Quand je vois la file de demeurés qui s'est mise au-devant de la marche, Quand ceux qui devaient fermer la marche prennent la tête, les choses vont forcément à l'envers Toutes ses impulsions sont annihilées par des alimentaires de type nouveau qui ont le ventre à la place de la tête et qui prétendent épiloguer sur des sujets d'intérêt national en évidence hors de leur portée. Tant les idioties qu'ils débitent à l'endroit de l'opinion procède d'un discours décalé, en profond déphasage avec les préoccupations du citoyen ordinaire, Le monde virtuel dans lequel ils veulent nous inviter n'a aucune prise sur la réalité politique, économique et sociale. Le doute et l'incertitude sont les sentiments dominants et l'idée que rien ne va dans ce pays devenu difficile fait son chemin et finira si l'on y prend garde, par trouver droit de cité. Un peuple â besoin de rêver, les comoriens ne rêvent plus. Que les nouveaux parvenus par la politique se repaissent et arrêtent d'injurier notre intelligence en attendant que leurs pendules soient remises à l’heure.
Le compte à rebours pour les prochaines joutes électorales est déclenché et le peuple nage entre les supputations pour savoir qui sera l’héritier du trône. Le coup est déjà passé avec l’élection du président IKILILOU mais qu’on puisse le rééditer, rendrait la pilule trop amère pour qu’elle puisse passer à travers la gorge d’un peuple qui a avalé toutes les couleuvres en attendant de recevoir la portion magique qui sortira des urnes pour le guérir de tous ses maux que sont souffrances et privations, promesses non tenues.
Nous demeurons incapables de comprendre l’enjeu d’une élection, son importance et sa signification. Ce n’est pas un jeu de loterie, c’est un moment crucial pour l’avenir de tout un chacun et le choix sur la personne à élire ne doit pas être fondé sur des simples actes de loyautés, de politesses ou de statut social, d’une poignée de main rémunératrice, de copinage, voisinage ou familiarité.
Il est temps que nous comprenions que la vérité est que les dirigeants comoriens n’ont pour sacerdoce que de se partager les biens du peuple, de s’accorder des privilèges avec notre bénédiction, en nous faisant croire qu’ils le font pour notre bien commun. La vérité aussi est que les seuls intellectuels comoriens qui ont étudié à la sueur du paysan du Saloum ont choisi la lâcheté de se taire dans la perspective un jour, d’intégrer le système non pas pour le changer, mais se servir à leur tour au point d’en devenir les thuriféraires potentiels. Notre pays apparaît comme un grand gâteau que l'on se partage et les oubliés et les frustrés ne manquent pas de le rappeler à travers, grèves, marches, protestations et délations. L’invective et la force musclée apparaissent de plus en plus comme la forme d’expressions la plus élaborée pour convoiter les premières places.
Pendant que le peuple souffle dans le noir et les bougies, les politiciens complotent sur la meilleure stratégie pour s’accaparer de nos biens avec notre assentiment. Nous sommes censés être les maîtres du jeu et pourtant nous n’en sommes que le reflet. Nous n’avons pas le droit de le dire, sinon nous irons en prison pour crime de lèse-majesté, nous n’avons pas le droit de manifester notre désarroi et notre désapprobation, sinon gare à la matraque.
Mais nous sommes libres de le dire et de le manifester dans les urnes, mais nous demeurons inconscients de cela. La politique est contournée de son objectif, elle n’est plus l’art de gouverner la cité, elle est plutôt l’art de spolier ses semblables. Au besoin avec les mêmes, toujours les mêmes, ils sont nés avec une cuillère en or dans la bouche et pour diriger le pays passant de l’un à l’autre comme si les Comores n’avaient formé qu’eux comme cadre. Alors revient de nouveau cette équation non encore résolue : le changement dans la continuité ou la continuité dans le changement.
Chamsoulbahao ousseni
Juriste en assurance