Pour tenter d’apporter quelques éléments de réponses aux questions d’ouvertures posées dans notre article du lundi 30 novembre publié dans ...
Pour tenter d’apporter quelques éléments de réponses aux questions d’ouvertures posées dans notre article du lundi 30 novembre publié dans HABARI ZA KOMORI, nous nous sommes efforcés de faire la lecture du comportement des étudiants comoriens résidant à Madagascar, à travers le paysage des associations estudiantines.
La communauté d’étudiants comoriens habitant dans la grande île de l’océan indien se repartie dans des micro-associations régionales, outre leur regroupent dans l’association mère, dénommée Coordination des Étudiants Comoriens à Madagascar ou CECOM. Seuls les étudiants originaires de la petite île (Mohéli) se sont traditionnellement rassemblés dans une association insulaire. Dans ce sens, tous les étudiants venant d’une telle ou telle région se groupent dans une association ayant une administration, un plan d’action annuelle animée par diverses activités dont le plus populaire est le fameux grand « TWARABE ».
Au fil du temps, ces micro-associations se sont multipliée jusqu’à des associations villageoises possédant la même structure. Parallèlement, les Associations d’étudiants fréquentant la même faculté ou faisant la même filière poussent timidement et lentement (jusqu’alors on dénombre seulement 5 associations de cette nature dont seulement trois sont affilié à la CECOM contre des dizaines d’associations régionales).
Ces Associations régionales ont communément fixé comme objectif, dans leurs statuts respectifs, la réussite universitaire des étudiants de ces régions. Mais force est de constaté que ceci reste seulement dans les écrits dans la mesure où ces associations estudiantines régionales ont pris, malgré leurs objectifs, une tout autre tournure, remplissant d’une manière hautement inconscient ce que le sociologue Américain Robert King Merton a dénommé fonction « latente ». En effet, on assiste à une transposition des institutions traditionnelles Comoriennes, basées sur le « ANDA NA MILA » dans les lignes directrices de ces associations, malgré leur nature.
A titre d’exemple, sans aller très loin, on ne peut que constater l’incarnation par les associations régionales d’étudiants venant de la Grande-Comores, de ce qu’on nous appelons communément les « NGAZIDJA MFUKARE » (Il s’agit d’une répartition régionale, qui prend son fondement dans le « anda na mila »). Voici les propos de l’un des doyens d’une de ces associations envers les jeunes adhérents : « Vous devez tous retenir une chose très importante. Nous sommes certainement l’une des petites associations en effectif, mais nous avons les mêmes prestiges que les grandes régions comme MITSAMIHULI, ITSANRDA et MBADJINI. Nos participations sont toujours au coude à coude avec celles de MBADJINI. Telle est la vocation de notre région mes très chers petits frères et petites sœurs.» Dans ce même ordre d’idées, il n y a pratiquement pas la moindre différence entre le discours du grand notable et celui d’un président de ces associations.
Certes, ces associations unissent des étudiants qui viennent de la même région mais leur regroupement demeure incompatible en ce sens qu’ils ont chacun sa propre trajectoire tracée par la nature de sa formation universitaire, c’est-à-dire sa filière. Par conséquent, on constate une forte absence dans les activités à vocations estudiantines, à savoir les diverses formations, conférences débats et les journées d’orientation, etc. Et une très vive participation dans les manifestations culturelles ou traditionnelles. Ceci peut s’expliquer par la nature de ces formations qui veulent cibler un public très varié avec des profils diversifiés par leurs formations universitaires. Mais également cette emprise des traditions sur l’inconscient collectif de cette population d’étudiants reste une piste de réflexion à propos de ce comportement.
Quel est le rapport entre ces étudiants et la Coordination de Étudiants Comorien à Madagascar ?
Une autre conséquence anomique découlant de cette mauvaise structuration de la texture associative de ces étudiants Comoriens résidants à Madagascar touche directement l’Association mère (la Coordination des Étudiants Comoriens à Madagascar). Non seulement, moins sont les étudiants qui se sentent appartenir à cette entité supérieure, mais elle reste éternellement animée par des conflits d’intérêts basés sur la repartions du pouvoir et la ligne de conduite de cet étudiant Comorien habitant à Madagascar. Ce manque du sentiment d’appartenance de l’étudiant d’une telle région à l’Association mère est une relecture du comportement du citoyen Comorien envers l’Etat, dont chacun d’entre nous n’a jamais cessé de marteler.
Cet étudiant se sent beaucoup plus attaché à son village ou sa ville d’origine, il se sent appartenir à sa région avant de défendre son insularité, et son attachement à la CECOM, du moins s’il existe, reste en toute dernière position. Ceci s’explique tout simplement par le faite qu’une grande partie de ces étudiants Comoriens à la recherche du savoir à Madagascar ne projette que de conquérir le maximum d’électeurs de sa région en cas de présentation à des élections dans les moments avenir au lieu d’avoir leurs propres projets contribuant au développement de notre pauvre pays. Au passage, il ne faut pas oublier la logique des votes des Comoriens qui est basée sur « c’est l’enfant de notre région ou de notre localité, mais non pas c’est le dirigeant qu’il nous faut ». Ainsi, les différentes nominations vont dans ce sens du « communautarisme négativiste ».
A cet effet, la CECOM reste presque inexistant dans la conscience collective de cette communauté estudiantine. Cette Association mère reste donc animée par ces confits interminables en ce sens qu’elle regroupe des micro-association dont leurs finalités n’entre pas vraiment dans le cadrage de la recherche du savoir. L’actuel conflit est la fameuse charte proposé par la CECOM qui vise à restructurer les masses d’activités gaspillant le temps et les bourses de ces étudiants. Pour la simple raison que les multitudes de « TWARAB » organisés hebdomadairement par ces associations régionales sont touchés par cette charte, certaines d’entre elles n’ont pas hésité à mettre leurs « veto régionale » sur cette entité supérieure (CECOM). Contrairement à nos compatriotes qui étudient aux Sénégal, les grandes festivités sont réservées à l’Association mère. Et tout le monde se mobilise pour la réussite de la collectivité.
En bref, la quasi-inexistence d’orientation et de projection rationnelle sur son avenir explique ce comportement de l’étudiant Comorien résidant à Madagascar. C’est pourquoi il reste inconsciemment dirigé par les mauvaises habitudes qui freinent le développement individuel voir même collectif de notre pays.
Il est certes difficile de tenter de redresser les mentalités d’une société quel que soit son origine ou sa nature, mais cela ne nous empêche pas de proposer nos modestes suggestions sur cette question. Sur ce, ces associations régionales qui forment la CECOM sont de nature estudiantines, malgré leur mauvaise structuration. Et pour prétendre mériter cette qualification elles doivent se focaliser sur les priorités qui leurs conviennent en s’orientant sur tout ce qui tourne autour de la réussite universitaire et professionnelle de cet étudiant Comorien en quête de savoir à Madagascar. Pourtant ces Association régionales n’arrives pas à remplir cette fonction vu l’incompatibilité des trajectoires empruntés par leurs membres adhérents.
Pour ce faire, la promotion progressive des associations des filières reste la seule et unique solution qui s’impose. Dans cette perspective, les étudiants faisant la même formation vont se retrouver avec les mêmes objectifs s’orientant dans une direction commune et favorisant non seulement la réussite universitaire mais également une future réussite professionnelle. Ces étudiants peuvent, par exemple, organiser leurs formations avec facilité et objectivité. Les observations faites sur les quelques associations existantes demeurent des bonnes inspirations.
Parallèlement, la paix sociale et l’harmonie serait les maitres mots de la CECOM du fait que l’étudiants Comorien à Madagascar aurait une autre identité qui irai loin des orientations du « communautarisme néfaste ». Au lieu d’être un étudiant Comorien venant d’une telle région ou d’une telle ile, et défendant donc les intérêts traditionnels de cette partition, mais non ceux de l’étudiant, il va agir avec objectivé dans l’union des étudiants Comoriens qui est incarné par la Coopération des Etudiants Comoriens à Madagascar. Et ces micro-associations régionales deviendront rester des regroupements qui peuvent avoir lieu une fois par an afin de savoir comment évoluent ces étudiants dans leurs Associations de filières respectives.
Dans le cas échéant, si cette sorte de projet n’est pas accueillie ou reçu par cette communauté estudiantine, nous ne pouvons que nous forcer de poser la problématique suivante dont nous anticipons nous excuse, vu son caractère un peu choquant. N’avons-nous pas à faire à une sorte de futur « délinquants-intellectuelles» ?
AHAMED ZOUBEIRI Kassim
Étudiant en sociologie à l’Université d’Antananarivo