La Tournante donne partout le Tournis! Cela fait des années que nous savons notre système éducatif malade et nous savons tous qu'il ne...
La Tournante donne partout le Tournis!
Cela fait des années que nous savons notre système éducatif malade et nous savons tous qu'il ne constitue pas le seul secteur malade dans notre pays. C'est tout le système qu'il faudrait revoir. Au lieu d'accuser les élèves comme étant les principaux responsables de leurs propres échecs au point même de préconiser la limitation de l'accès à l'enseignement pour tous aux enfants comoriens, il faudrait rechercher les vrais coupables.
Il est vrai que le régime d'Ali Soilih, en généralisant brutalement l'accès à l'école, sans préparation, porte une lourde responsabilité sur la situation actuelle. Mais il ne convient pas de se focaliser sur cet héritage du passé. D'autres causes sont venues par la suite se greffer sur l'arbre malade (déstabilisations permanentes, sécessions, etc).
La dernière en date est ce "monstre" de la tournante où le Président et ses "vices" n'ont de compte à rendre à personne. Ils viennent, passent leurs 4 ou 5 ans, puis s'en vont ; chacun et ses co-villageois ou co-insulaires leur "tour" (inu nd'eyahatru / ino ?e yatru / ini ?e yatru ; ngarilao pvatru / ngeriyao pvatru / risila pvatru). On est le Président de son village, de son île.
Les ministères importants et/ou postes importants reviennent de droit à quelqu'un de son village et de son île. Le poste de directeur de cabinet doit être tenu par quelqu'un du village du ministre. Parfois, on fait semblant, pour faire démocratique, de le confier à un "étranger" (mdjeni, celui qui n'est pas de ton village). Mais le vrai, celui du village ou de la région, se trouvent juste dans un bureau à côté, certes avec un titre moins honorifique, mais ô combien puissant.
Car il ne s'agit pas de remplir correctement sa mission et sa fonction de ministre. Il s'agit de voir comment faire profiter au maximum ses proches, ses amis du village et de la région, aux délices du pouvoir. Comment d'ailleurs agirait-il autrement ? Il ne s'attendait à être nommé à ce poste. Il n'y avait pas réfléchi.
Alors qu'il regardait une des épisodes de Marina, il reçoit un coup de fil lui annonçant sa nomination. Il accepte ce don tombé du ciel. Alors dans son bureau climatisé, il fait croire qu'il a un projet qu'il va mettre en œuvre pour sortir le pays de l'impasse. Mais les problèmes et les sollicitations n'attendent pas. Il est harcelé de toute part. Alors il tatonne, improvise. Pour montrer qu'il est important, il passe son temps à recevoir les délégations du village, de la région. Le élèves, les justiciables, les... peuvent toujours attendre. De toute façon, il n'est pas là pour régler toutes les misères des Comores.
Et puis, et surtout, il doit penser à l'après poste ministériel. Au village, on ne lui pardonnerait pas de rentrer au bercail aussi pauvre comme il était parti. Il lui faut sa voiture aux vitres tintés, climatisée, sa villa entourée de mur, haut de deux mètres... Alors l'essentiel de sa réflexion va se focaliser sur cet après-ministère.
Ah, j'allais oublier, il doit aussi penser à son âda. Devinez avec une fille de quel village ? De son village évidemment... En tant qu'enfant du village, je suis fier que mon ministre, celui qui vient de mon village. Que l'école, la justice, les transports... ne fonctionnent pas bien, cela n'aucune espèce d'importance. L'important, c'est que mon ministre soit devenu quelqu'un de respectable et respecté...
Alors, qui sont les responsables de nos déboires collectives ?
A. M. Chamanga
Cela fait des années que nous savons notre système éducatif malade et nous savons tous qu'il ne constitue pas le seul secteur malade dans notre pays. C'est tout le système qu'il faudrait revoir. Au lieu d'accuser les élèves comme étant les principaux responsables de leurs propres échecs au point même de préconiser la limitation de l'accès à l'enseignement pour tous aux enfants comoriens, il faudrait rechercher les vrais coupables.
Il est vrai que le régime d'Ali Soilih, en généralisant brutalement l'accès à l'école, sans préparation, porte une lourde responsabilité sur la situation actuelle. Mais il ne convient pas de se focaliser sur cet héritage du passé. D'autres causes sont venues par la suite se greffer sur l'arbre malade (déstabilisations permanentes, sécessions, etc).
La dernière en date est ce "monstre" de la tournante où le Président et ses "vices" n'ont de compte à rendre à personne. Ils viennent, passent leurs 4 ou 5 ans, puis s'en vont ; chacun et ses co-villageois ou co-insulaires leur "tour" (inu nd'eyahatru / ino ?e yatru / ini ?e yatru ; ngarilao pvatru / ngeriyao pvatru / risila pvatru). On est le Président de son village, de son île.
Les ministères importants et/ou postes importants reviennent de droit à quelqu'un de son village et de son île. Le poste de directeur de cabinet doit être tenu par quelqu'un du village du ministre. Parfois, on fait semblant, pour faire démocratique, de le confier à un "étranger" (mdjeni, celui qui n'est pas de ton village). Mais le vrai, celui du village ou de la région, se trouvent juste dans un bureau à côté, certes avec un titre moins honorifique, mais ô combien puissant.
Car il ne s'agit pas de remplir correctement sa mission et sa fonction de ministre. Il s'agit de voir comment faire profiter au maximum ses proches, ses amis du village et de la région, aux délices du pouvoir. Comment d'ailleurs agirait-il autrement ? Il ne s'attendait à être nommé à ce poste. Il n'y avait pas réfléchi.
Alors qu'il regardait une des épisodes de Marina, il reçoit un coup de fil lui annonçant sa nomination. Il accepte ce don tombé du ciel. Alors dans son bureau climatisé, il fait croire qu'il a un projet qu'il va mettre en œuvre pour sortir le pays de l'impasse. Mais les problèmes et les sollicitations n'attendent pas. Il est harcelé de toute part. Alors il tatonne, improvise. Pour montrer qu'il est important, il passe son temps à recevoir les délégations du village, de la région. Le élèves, les justiciables, les... peuvent toujours attendre. De toute façon, il n'est pas là pour régler toutes les misères des Comores.
Et puis, et surtout, il doit penser à l'après poste ministériel. Au village, on ne lui pardonnerait pas de rentrer au bercail aussi pauvre comme il était parti. Il lui faut sa voiture aux vitres tintés, climatisée, sa villa entourée de mur, haut de deux mètres... Alors l'essentiel de sa réflexion va se focaliser sur cet après-ministère.
Ah, j'allais oublier, il doit aussi penser à son âda. Devinez avec une fille de quel village ? De son village évidemment... En tant qu'enfant du village, je suis fier que mon ministre, celui qui vient de mon village. Que l'école, la justice, les transports... ne fonctionnent pas bien, cela n'aucune espèce d'importance. L'important, c'est que mon ministre soit devenu quelqu'un de respectable et respecté...
Alors, qui sont les responsables de nos déboires collectives ?
A. M. Chamanga