Si personne ne peut accuser l’ex président Sambi de viser sciemment la dislocation du pays – (c’est lui qui a inspiré et rendu possible le d...
Si personne ne peut accuser l’ex président Sambi de viser sciemment la dislocation du pays – (c’est lui qui a inspiré et rendu possible le débarquement militaire de l’armée comorienne appuyée par les forces de l’Union africaine à Anjouan)- il est, en revanche, difficile ne pas voir que son projet de se présenter à la présidentielle tournante pour le compte de Ngazidja porte les germes d’un désordre sans nom.
Certes, la lettre de la constitution n’interdit pas au très populaire guide religieux de briguer le fauteuil de Beit Salam mais une loi ne s’interprète pas seulement par la lettre. Elle vaut aussi par son esprit.
A l’évidence, ceux qui ont imaginé, défendu et fait adopter cette tournante désiraient profondément que la présidence passe, à intervalles réguliers, d’un ressortissant d’une île à celui d’une autre île.
C’était le but visé dans le contexte général de la crise séparatiste d’Anjouan. Que les rédacteurs de la constitution n’aient pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de leur cynisme, en introduisant clairement l’élément ethnique dans le système ségrégationniste qu’ils s’apprêtaient à mettre en place, n’y change rien.
Donc, il revient à un Grand Comorien d’origine d’être président pour les cinq ans à venir faute de pouvoir élire un Mahorais dans les conditions actuelles.
On ne voit pas, dès lors, comment l’ancien président passerait les obstacles devant lui sans provoquer des hostilités si profondes qu’elles mettraient en cause la fragile unité nationale qui n’a pas encore fini de panser les plaies de la crise séparatiste d’Anjouan.
Son amertume est certes compréhensible. Car voici un homme qui a choisi lui-même et fait élire les nouveaux maitres du pays dans l’espoir de pouvoir inspirer leur action ; et qui se retrouve aujourd’hui à la marge comme un simple opposant obligé de refaire le chemin ardu de la reconquête du pouvoir.
Mais, én vérité, il ne doit en vouloir qu’à lui-même d’avoir cru que des hommes investis du pouvoir se sentiraient obligés d’obéir aux desiratas d’un ancien président. Il n’avait pas besoin de connaitre Machiavel pour savoir que ce type d’attelage ne marche pas.
Maintenant, il prend un pari dangereux et risque de tout perdre y compris sa place dans l’histoire. D’abord, l’autorité de la cour constitutionnelle, dernier rempart, sera mise à rude épreuve puisque sa décision, quelque soit sa teneur, risque d’être rejetée vivement par la moitié du pays.
Cela permettra opportunément d’éviter le débat sur le bilan du mandat qui s’achève.
Rien ne serait plus facile pour des orateurs populistes que de galvaniser les masses sur la thématique simpliste de l’arrogance supposée d’un leader anjouanais ne reculant devant rien pour ravir à la Grande Comore son tour...
Questions : le rôle d’un ancien président de la République doublé d’un leader religieux est il de prendre le risque de réveiller ainsi les vieux démons, de faire remonter à la surface la boue des instincts identitaires ? Ne devrait-il pas, au contraire, mettre sa notoriété et sa popularité au service de l’unité nationale même si, pour cela, il doit sacrifier ses ambitions personnelles ?
Amj ©habarizacomores.com - Ali Moindjié
Certes, la lettre de la constitution n’interdit pas au très populaire guide religieux de briguer le fauteuil de Beit Salam mais une loi ne s’interprète pas seulement par la lettre. Elle vaut aussi par son esprit.
A l’évidence, ceux qui ont imaginé, défendu et fait adopter cette tournante désiraient profondément que la présidence passe, à intervalles réguliers, d’un ressortissant d’une île à celui d’une autre île.
C’était le but visé dans le contexte général de la crise séparatiste d’Anjouan. Que les rédacteurs de la constitution n’aient pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de leur cynisme, en introduisant clairement l’élément ethnique dans le système ségrégationniste qu’ils s’apprêtaient à mettre en place, n’y change rien.
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Donc, il revient à un Grand Comorien d’origine d’être président pour les cinq ans à venir faute de pouvoir élire un Mahorais dans les conditions actuelles.
On ne voit pas, dès lors, comment l’ancien président passerait les obstacles devant lui sans provoquer des hostilités si profondes qu’elles mettraient en cause la fragile unité nationale qui n’a pas encore fini de panser les plaies de la crise séparatiste d’Anjouan.
Son amertume est certes compréhensible. Car voici un homme qui a choisi lui-même et fait élire les nouveaux maitres du pays dans l’espoir de pouvoir inspirer leur action ; et qui se retrouve aujourd’hui à la marge comme un simple opposant obligé de refaire le chemin ardu de la reconquête du pouvoir.
Mais, én vérité, il ne doit en vouloir qu’à lui-même d’avoir cru que des hommes investis du pouvoir se sentiraient obligés d’obéir aux desiratas d’un ancien président. Il n’avait pas besoin de connaitre Machiavel pour savoir que ce type d’attelage ne marche pas.
Maintenant, il prend un pari dangereux et risque de tout perdre y compris sa place dans l’histoire. D’abord, l’autorité de la cour constitutionnelle, dernier rempart, sera mise à rude épreuve puisque sa décision, quelque soit sa teneur, risque d’être rejetée vivement par la moitié du pays.
Puis, dans le contexte de la grave crise morale à laquelle les Comores sont confrontées, la candidature d’Ahmed Abdallah Sambi est accueillie en réalité, comme du pain béni par ses adversaires. Ils vont en profiter pour indexer une ambition personnelle dévorante qui ne peut même pas s’accommoder avec a loi fondamentale. Ils vont exhumer des « dossiers noirs » supposés de son mandat.
Beaucoup s’engouffreront volontiers dans la brèche d’un discours flattant les instincts identitaires des îles devant des foules chauffées à blanc qui n’ont jamais lu la constitution.
Beaucoup s’engouffreront volontiers dans la brèche d’un discours flattant les instincts identitaires des îles devant des foules chauffées à blanc qui n’ont jamais lu la constitution.
Cela permettra opportunément d’éviter le débat sur le bilan du mandat qui s’achève.
Rien ne serait plus facile pour des orateurs populistes que de galvaniser les masses sur la thématique simpliste de l’arrogance supposée d’un leader anjouanais ne reculant devant rien pour ravir à la Grande Comore son tour...
Questions : le rôle d’un ancien président de la République doublé d’un leader religieux est il de prendre le risque de réveiller ainsi les vieux démons, de faire remonter à la surface la boue des instincts identitaires ? Ne devrait-il pas, au contraire, mettre sa notoriété et sa popularité au service de l’unité nationale même si, pour cela, il doit sacrifier ses ambitions personnelles ?
Amj ©habarizacomores.com - Ali Moindjié