Alors que le président de la république vient de signer son décret, le vote de la diaspora commence à se préciser plus que jamais. A cett...
Alors que le président de la république vient de signer son décret, le vote de la diaspora commence à se préciser plus que jamais. A cette étape cruciale du projet Ahmadou MZE SOILIHI, membre actif de la CNTD nous éclaire et invitant les partis, le parlement et la CENI à être dans leurs rôles respectifs.
Habarizacomores.com : Vous êtes membre actif de la CNTD, à l'heure où nous vous parlons le président de la république aurait déjà signé le décret d'application relatif au vote des Comoriens de l'extérieur. Quelle est votre réaction?
Ahmadou MZE SOILIHI : Le Président de la république son excellence le Docteur Ikililou DHOININE a réaffirmé par ce décret sa volonté d'élargir le suffrage universel direct aux Comoriens extra territorial. C’est une de ses promesses de campagne de satisfaire cette vieille revendication. Conformément au pouvoir qui lui est dévolu par la constitution, le président a signé ce décret d’application pour compléter par définition la loi. Il n’y a rien de surprenant SAUF à vouloir créer une polémique qui n’est défendable ni vis à via de la loi ni vis-à-vis du règlement. Pour ma part, je félicite le courage du Chef de l’Etat qui garde son cap et reste imperturbable lorsqu’il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation.
Il est à noter également que le président vient de faire un pas historique géant dans le renforcement de notre démocratie et cela est incontestable. Il vient de démontrer aux Comoriens et à l'option internationale qu'il est un Grand Homme d'Etat. Il est entré dans l'histoire et mieux encore il se positionne en avance de l'histoire par rapport à des prétendants à la magistrature suprême qui se battent becs et ongles contre l'application d'une loi constitutionnelle. C’est une aberration par rapport à la fonction présidentielle.
Habarizacomores.com : Des informations circulent faisant savoir que la CENI est convoquée par la commission des lois de l'assemblée demain. Avez-vous connaissance de cette convocation?
Ahmadou MZE SOILIHI : Je pense que le parlement sort de ses prérogatives en convoquant la CENI. La CENI ne fait qu’appliquer un pouvoir réglementaire et à ce titre il est n’est responsable de l’action du président ou du Gouvernement. Elle ne devrait pas y aller à cette convocation car rien ne l’y oblige, sauf pour nourrir des intentions non avérées. Le parlement devrait plutôt convoquer le Ministre chargé des élections ou un autre membre du Gouvernement. Sinon, en agissant de la sorte la commission des lois frôle l'abus de pouvoir car cette audition pourrait être traduite comme un chantage qu'elle exerce sur la CENI. Et d’ailleurs, je regrette que des bruits courent faisant état de quelques membres - minoritaires heureusement - de la CENI qui ne seraient pas dans leurs rôles et qui essaieraient de contrer ce vote de la diaspora.
Habarizacomores.com : Le parlement peut-il contester ce décret présidentiel?
Ahmadou MZE SOILIHI : Les juristes nous le diront mais de mon expérience je pense qu'un décret est du domaine dévolu du président de la république et sert à compléter une loi. A ce titre le parlement ne peut contester ce décret. En revanche, la loi lui offre la possibilité de saisir la CC ou le juge administratif sans espérer grand-chose pour ce cas d’espèce relatif au vote de la diaspora.
Cependant, les juristes notent que s'agissant de ce vote de la diaspora le parlement ne peut contester un décret d'application d'une loi, signé par le Président de la République élu lui aussi au suffrage universel direct. Le Président détient ce privilège de pouvoir appliquer un décret à une loi et ce n'est pas moi qui le dit mais plutôt nos institutions qui lui donnent ce pouvoir. Donc, s'agissant de ce point précis le parlement ne peut le contester.
Habarizacomores.com : Certains députés notamment de l'UPDC, de la CRC et du RDC semblent agir contre ce vote. Quelle est votre réaction?
Ahmadou MZE SOILIHI : Les députés de l'UPDC et le RDC et CRC sont dans la majorité parlementaire jusqu’à preuve de contraire, ils devraient alors respecter la volonté du Gouvernement et du président de la République sur ce dossier sinon ils ne sont plus dans leurs rôles. S’agissant de l’UPDC, en tant que parti principal de la majorité il ne peut non plus aller à contre-courant de la volonté du chef de l'Etat sinon où serait la cohérence? Quelle serait la différence entre un député du pouvoir et celui de l’opposition ? C’est inconcevable !
Quant à l'opposition JUWA, PEC et autres, ils sont dans leurs rôles d'opposant et le respectons. En revanche, la diaspora est consciente qu'ils se trompent énormément en prenant ce vote comme cheval de bataille politique contre le Gouvernement. Ils prennent le risque de se mettre à dos la diaspora à l'approche d'une élection importante en 2016. La diaspora est très touchée par la posture de l’opposition sur ce vote et ça risque d’être fatal pour l’opposition. Je les invite à temporiser un peu leur action.
Des informations courent disant que le vice-président en charge des finances serait contre ce vote et ne serait pas prêt à débloquer les moyens financiers. Y aurait-il d’autres pistes de financement possible si jamais c’était le cas ?
Ahmadou MZE SOILIHI : J’espère que c’est faux autrement ce serait granve ! Je suis très mal placé pour répondre à cette question s’il y aurait d’autres pistes possibles de financement. Néanmoins, en tant que membre de la CNTD, je suis interpellé souvent par la communauté, j’entends aussi cette information qui court au sein de la diaspora et elle semble être prise au sérieux et la diaspora en est très furieuse contre le vice-président en charge des Finances à cause de cela. Si jamais c’était le cas je l’inviterais à changer son fusil d’épaule car il se trompe de cible. La diaspora est à la fois sa force et sa faiblesse. A lui de choisir ! Car on ne peut pas imaginer prétendre diriger les Comores sans la bénédiction de la diaspora. C’est un risque politique énorme de vouloir défier celle qui rapporte à l’économie annuellement, deux fois le budget national, soir 60 milliards de FC. En tant que ministre de l’économie il devrait en savoir quelque chose.
Pouvez-vous nous dire où vous en êtes la CNTD avec les préparatifs en France ?
Ahmadou MZE SOILIHI : En France, les travaux ont bien avancé. La société Gemalto a fini son développement informatique pour intégrer la circonscription et les bureaux de vote de la diaspora en France sur financement du PNUD que nous devons remercier au passage ; le matériel de recensement est prêt (37 kits d’enrôlement) et les mis à jours logiciels sont presque terminées ; les communes de France ont répondu favorablement à la sollicitation de l’Ambassade/CNTD de nous accompagner ; la France a donné son accord pour la sécurisation des votes ; les agents recenseurs et locaux sont repérés pour servir et sont en attende de validation par la CENI. C’est tout ce travail de plusieurs mois que l’opposition veut détruire pour je ne sais quel prétexte et nous y refusons. En sommes, nous sommes prêts et attendons la décision de Moroni pour venir lancer les travaux avec la CENI. Pour les plus hésitants de la diaspora, je tiens à leur dire qu’on ne raccourcit pas un chemin en disant qu’il est long. Nous devons commencer à le parcourir dès 2016.