Miss Mayotte a les cheveux crépus, des lèvres épaisses et la peau noire. Et alors ? Alors ça suffit pour déchaîner des instincts puants de ...
Miss Mayotte a les cheveux crépus, des lèvres épaisses et la peau noire. Et alors ? Alors ça suffit pour déchaîner des instincts puants de bêtise, pour rester polis. Sauf que l’idiotie, aujourd’hui, a trouvé une caisse de résonnance contre laquelle on semble avoir baissé les bras : l’Internet. Alors la jolie Ramatou Radjiabo, à 18 ans, apprend à résister sans perdre son sourire, parce que les réseaux sociaux, forcément, c’est son univers : pour sa génération, twitter et facebook sont des outils anodins.
Mais le racisme ordinaire, ce n’est jamais anodin. Depuis une semaine, la pauvre Ramatou voit sa photo trafiquée, son image conspuée et les commentaires s’alignent à l’infini de tweets en posts. Forcément, c’est l’exutoire, à grands renforts de comparaisons vaseuses et d’assertions péremptoires. Et si vous faites défiler les pages facebook, le déchaînement est saisissant. On y trouve au passage des prises de position venant d’internautes de La Réunion qui hérissent le poil - tempérées il est vrai par des réponses d’autres Réunionnais, qui remettent les pendules à l’heure.
Or la seule réponse qui a été apportée pour soutenir la jeune femme passe elle aussi par les réseaux sociaux. Quelques pages facebook d’encouragement mais pas de prise de position officielle de la société Miss France ou de sa délégation à Mayotte. Encore moins, donc, de procédure judiciaire lancée à l’encontre de ceux qui estiment que tout est permis (a fortiori contre une femme noire).
"Contre les réseaux sociaux, on ne peut rien faire", nous disait hier le délégué de Mayotte. Pas si sûr. On connaît aujourd’hui des affaires qui ont abouti à des condamnations pour diffamation ou insultes à caractère raciste. Mais ce n’est certainement pas à la jeune Ramatou de lancer la machine. Les dirigeants de Miss France, en revanche, en menant ce type de combat, y perdraient peut-être un peu d’argent mais y gagneraient en respectabilité.
David Chassagne - clicanoo.re