La faute du colonel Lorsque l’émotion des événements de la Réunion sera retombée, il faudra interroger les faits et pointer les responsa...
La faute du colonel
Par Ali Moindjié
Lorsque l’émotion des événements de la Réunion sera retombée, il faudra interroger les faits et pointer les responsabilités.
Il faudra alors demander des explications à l’ancien président de la République, Azali Assoumani.
Savoir pourquoi il a accepté que Mayotte participe aux Jeux des îIes de l’Océan Indien sans signe distinctif d’appartenance nationale.
Car il parait étonnant que l’ officier général, le plus gradé en son temps, n’ait pas compris que pour nous arracher Mayotte progressivement, les dirigeants français ont opté d’utiliser la ruse et que, depuis 40 ans, ils font avancer leurs pions en agitant des leurres pour endormir la vigilance des leaders comoriens.
Se pouvait-il qu’il n’ait pas compris que l’objectif recherché consistait à faire sauter le verrou de la participation des athlètes mahorais aux jeux et d’imposer, dans un deuxième temps, que la délégation mahoraise défile avec le drapeau tricolore ?
Azali Assoumani arrive avec sa femme pour assister à un dîner à l'Elysée. 20 Février 2003 à Paris, France |
De deux choses l’une : soit il était si obnubilé par sa seule carrière qu’il n’a pas hésité à lâcher sur un principe sacré de notre politique mahoraise soit il n’avait tout simplement pas réalisé qu’on le roulait dans la farine. Dans l’un comme dans l’autre cas, il y a matière à s’inquiéter.
L’histoire étant le seule vrai juge de nos actes , elle retiendra que l’autodidacte Ahmed Abdallah et son équipe ont fait mieux que le jeune colonel bardé de diplômes s’agissant du dossier de Mayotte. Les premiers reconnaissaient leurs limites. Les questions qui les dépassaient, ils les laissaient en suspens, en espérant que la génération suivante de leaders saurait les résoudre. Ils ne fermaient pas les options futures en signant des pactes dont ils ne maîtrisaient ni les tenants ni les aboutissants.
Je me souviens des grands airs d’un certain ministre des Affaires étrangères d’Azali qui avait l’air de tout savoir.: qui n’aimait surtout pas que l’on doutât de sa stratégie de négociation bilatérale avec la France. Comme si un micro-Etat démembré, faisant partie des pays les plus pauvres et les plus fragiles du monde, pouvait avoir quelque capacité de négocier seule avec l’une des plus grandes puissances du monde décidée à l’avaler.
Jacques Foccart , qui,a été pendant longtemps l’inspirateur en chef de la politique africaine de l’Elysée, a avoué au soir de sa vie,( dans son livre d'entretien avec Phillips Gaillard) , que le drame des Comores est d’avoir toujours manqué de vrais leaders. En l 'occurence, il n'avait pas tort.
Mais il a également prédit que Mayotte ne résistera pas indéfiniment à la force d'attraction de l'indépendance. Il n'y pas de raison de ne pas le croire.