A Madagascar, des grèves secouent le pays depuis plusieurs semaines. Après Air Madagascar, c'est au tour des salariés de la compagnie p...
A Madagascar, des grèves secouent le pays depuis plusieurs semaines. Après Air Madagascar, c'est au tour des salariés de la compagnie publique d'électricité, la Jirama, de protester contre la mauvaise gestion. Les enseignants-chercheurs et les employés de l'Institut national de statistiques ont également fait grève pour des questions de salaires. Des mouvements qui révèlent plus qu'une grogne syndical, mais aussi un certain malaise social.
De nombreux conflits sociaux ébranlent l'île depuis plusieurs semaines. Les employés de Jirama, la compagnie publique d'électricité, sont en grève pour manifester leur mécontentement sur la gestion de l'entreprise. Avant eux, ce sont les professeurs d'université qui réclamaient plus d'indemnités. Les employés de l'Institut national de statistiques, de leur côté, n'avaient pas touché leurs salaires depuis deux mois.
Quant aux grévistes de la compagnie Air Madagascar, ils protestaient par exemple contre le non-versement de cotisations à leur caisse de retraite par la société et exigeaient le départ des dirigeants actuels, notamment du président du conseil d'administration qui était aussi directeur de cabinet du président de la République. Bref, l'île accumule les mouvements sociaux.
L'une des dernières grèves en date, celle de la compagnie Air Madagascar, est un des multiples conflits sociaux qui affectent l'île. Wikimedia
Pour l'universitaire malgache Solofo Randrianja, ces évènements sont symptomatiques de quelque chose de plus profond. La situation générale du pays est un premier élément, selon lui. « Depuis le coup d'Etat à nos jours, on est passé de plus de 60% de la population qui vivait [avec] moins de 2 dollars par jour à 92%, ce qui est énorme. La principale cause c'est la pauvreté croissante », analyse-t-il.
« Un manque de légitimité du pouvoir actuel »
Mais il estime que le problème vient aussi d'une mauvaise gestion des affaires publiques, avec un pouvoir qui « manque de légitimité ». « Pour le moment le régime joue un peu au pompier. A l'université on a pris de l'argent d'autres ministères pour payer les enseignants-chercheurs auxquels le régime de transition avait promis monts et merveilles, signant des tas de textes qui ne se sont jamais réalisés. Donc c'est un héritage de 6 ans de populisme que ce régime est en train de payer maintenant. Et c'est pas là seulement, c'est dans plusieurs secteurs », explique le chercheur.
Il précise néanmoins que les grèves ne concernent « qu'une petite partie de la population » et que cette partie est la « mieux protégée ». S'il y a eu des tentatives de politisation de ces grèves, « l'opposition se trouve surtout dans les grandes villes », rappelle-t-il. L'équilibre est un peu précaire entre les milieux urbains et le monde rural, qui a « un vote légitimiste » et où il y a une « espèce d'inertie ».
Solofo Randrianja estime que s'il y a une crise, « ça sera une crise institutionnelle d'abord, avec risque de dérapage de grève généralisée et peut-être avec des manifestations dans la rue ». Mais il analyse qu'avec trois acteurs politiques majeurs en lice, donc un trio et non une opposition bipolaire, « cela peut jouer en faveur du régime ». Par RFI
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