On en parle. On s'en souvient. Contre la violence policière, personne n'est indifférente. Dans les réseaux sociaux, dans les médias...
On en parle. On s'en souvient. Contre la violence policière, personne n'est indifférente. Dans les réseaux sociaux, dans les médias locaux, dans les taxis, et même dans les assises religieuses.
Oui, tout le monde en a marre. Les prédicateurs ne sont pas les moindres de ceux qui sont lésés par la barbarie commise par l'AND à l'endroit d'un Je-viens innocent, lors des manifs du vendredi passé à Moroni. Hier soir à Nioumadzaha dans le Bambao, au cours du "madjilis" du lieutenant Antoiyi Soilihi, auquel ont pris part l'ancien président Azali, Issimaila Mouigniidaho, et tant d'autres personnalités civiles que militaires, le prédicateur Abdou Raouf Ahamada n'est pas allé d'une main morte pour dénoncer les turpitudes devenues monnaie courante de notre armée.
Ceux qui n'ont pas la mémoire de poule ont compris ce dont Abdou Raouf parlait. Sans aucun doute les coups et blessures violents administrés à Janvier Mmadi par l'AND faisaient l'objet de son prêche. "En tant que pays musulman, l'armée nationale se doit d'être tendre et raisonnable envers son peuple. La violence doit être réservée à l'ennemi. Et non à un citoyen musulman comme nous tous. A moins que L'islam n'est pas la religion à nous". L'expert en droit islamique et directeur du département de la ligue arabe au sein du ministère des affaires étrangères a évoqué, en terme de preuve des violences policières, qu'un jour il a été envoyé à Kandaani par le président de la république.
Arrivé là-bas, il a présenté le motif de sa présence. "Et j'étais stupéfait lorsqu'on m'a dit qu'avant toute chose, je dois recevoir quelques coups. Après quoi je serai accueilli". Ça fait belle lurette depuis ces histoires. Mais si Abdouraouf ne sort de son silence qu'aujourd'hui, l'on ne doit pas s'étonner. Ce que ce qui est arrivé au Je-viens vendredi dernier est loin de le laisser indifférent. Parler social dans une assise religieuse n'est pas interdit.
Espérons donc qu'Abdouraouf n'a pas prêché dans le désert. À la fin de l'assise, un notable issu de la diaspora, chargé de présenter le mot de remerciement, a profité de l'occasion pour vomir le trop-plein de son coeur. Il s'adressait au corps militaire présent en ces termes :"Je ne pense pas que la violence sans raison fait partie des missions qu'on vous donne. Et pourtant vous en faites votre tremplin, votre désir le plus fou, votre eau à boire. Vous irez tous en enfer en continuant comme ça". Espérons aussi que Mohamed Soilihi Djaé, substitut du procureur de la république, présent dans la cérémonie, transmettra le message à son supérieur. Lui qui, aussitôt qu'il est nommé, a promis une justice équitable et pour tous. Lui qui a juré sur le Qor'an de protéger les faibles. Espérons que Mohamed Abdou, le procureur de la république, osera prendre le taureau par les cornes pour faire appliquer la loi à tous.
Par Toufé Maecha