Adresse du Président de la République à la Nation à l'occasion du 40ème anniversaire de l'acession du pays à l'indépendance -...
Adresse du Président de la République à la Nation à l'occasion du 40ème anniversaire de l'acession du pays à l'indépendance
- Comoriennes, Comoriens
Mes Chers compatriotes ;
Il y a exactement 40 ans, dans le bâtiment mythique sis à la place de l'indépendance, alors « Chambre des députés des Comores », une édifice qui renferme une partie essentielle de l'histoire politique de notre pays, que Feu Président Ahmed Abdallah Abdérémane, soutenu par les députés des Comores et tous les comoriens, proclamait unilatéralement, l'Indépendance de l'Archipel des Comores dans ses frontières coloniales, le 6 juillet 1975.
En tant que musulmans donc, les Comoriens savent la particularité d'un 40ème anniversaire dans une vie, et ceci quelque soit son contenu.
En effet, c'est dans la 46ème Sourate du Coran, Sourate AL AHQAF, au verset 15 qu'Allah nous informa, je cite : « Et Nous avons enjoint à l'homme de la bonté envers ses père et mère : sa mère l'a péniblement porté et en a péniblement accouché ; et sa gestation et sevrage durant trente mois ; puis quand il atteint ses pleines forces et atteint quarante ans, il dit : "Ô Seigneur ! Inspire-moi pour que je rende grâce au bienfait dont Tu m'as comblé ainsi qu'à mes père et mère, et pour que je fasse une bonne œuvre que Tu agrées. Et fais que ma postérité soit de moralité saine, Je me repens à Toi et je suis du nombre des Soumis ».
Comme vous le constatez, selon le Coran, notre pays a atteint ses « pleines forces » depuis ce 6 juillet 2015.
Certainement d'aucuns s'interrogent et se demandent :« 40 ans déjà » ? D'autres, par contre, trouvent ce parcours de quatre décennies, trop long !
Cependant une chose est sûre : en comparant les évolutions des autres pays du continent et dont l'indépendance est acquise dans la même période que nous, nous relevons des différences parfois énormes et constatons que notre pays accuse un retard considérable dans plusieurs domaines.
Ce déséquilibre en matière de développement, cette inégalité dans des domaines aussi variés qu'importants, est dû essentiellement aux choix approximatifs que nous avons opérés lors de prises de décisions face aux options pourtant riches et variées qu'offraient aux dirigeants que nous fûmes et que nous sommes, les conjonctures internationales.
Cela fut accentué surtout par le retard que notre pays a pris lorsque le monde entier subissait les conséquences géopolitiques de la fin de la guerre froide ainsi que lorsqu'il devait profiter des avantages des Nouvelles Technologies d'Information et de Communication.
C'est ainsi, Mes Chers Compatriotes, que nous ne pouvons pas nous contenter des nouvelles évolutions notables et palpables que connaît notre pays depuis son accession à l'indépendance, surtout en matière d'éducation donc de formation, dans la consolidation de l'Etat de droit mais aussi en diverses réformes impliquant nos institutions économiques et financières.
Aussi, nous ne devons pas considérer que le fait d'avoir réussi pour la première fois dans notre pays le parachèvement de la mise en place des institutions pour soutenir d'une manière efficace notre jeune démocratie, serait une source d'autosatisfaction !
Et enfin, s'il est vrai qu'aujourd'hui notre pays, grâce à une diplomatie offensive, est revenu dignement sur la scène internationale, il est aussi vrai que le chemin à parcourir pour que l'Union des Comores occupe d'une manière effective la place qui est la sienne dans le monde, reste long et difficile.
Voyez-vous, Mes Chers Compatriotes, nul n'a besoin d'être diplômé pour faire ce constat malheureusement amer de l'évolution de l'archipel des Comores depuis 40 ans !
Ne faudrait-il pas faire valoir des circonstances atténuantes mais également prendre en compte les conséquences de nos petites querelles qui ont souvent été les fondements de nos divergences dont la première victime fut notre pays et toutes les générations qui suivirent ?
Toutefois, Mes Chers Compatriotes, nous célébrons les 40 ans de l'Indépendance de notre pays et le 6 juillet 2015 constitue ainsi pour le peuple comorien, une occasion symbolique et exceptionnelle de commémorer dans l'Union, la Fraternité et la Solidarité, l'accession de notre pays à la souveraineté, le 6 juillet 1975.
La proclamation unilatérale qui consacra ce jour-là, l'indépendance des Comores, a été et reste un motif de légitime fierté pour le peuple comorien mais la célébration de ce quarantième anniversaire en ce 6 juillet 2015, doit être également, une opportunité, pour toutes les composantes de la société comorienne, de jeter un regard lucide sur le parcours de notre pays durant ce laps de temps.
Je suis certain que depuis une semaine, c'est ce que vous faites à travers les réseaux sociaux, dans les places publiques et jusqu'aux lieux de travail.
C'est pourquoi vous emboîtant le pas, je voudrais à cette occasion, tout d'abord rendre un hommage mérité, aux grands hommes d'Etat qui ont combattu avec détermination, pour la dignité du peuple comorien et qui ont su, avec intelligence et patriotisme, mener notre pays vers sa souveraineté internationale. Ainsi, au nom de la Nation, je salue avec grand respect, la mémoire du père de l'indépendance, Feu le Président AHMED ABDALLAH ABDEREMANE qui a proclamé l'indépendance des Comores et dont le charisme a galvanisé tous ceux qui, au risque de leur vie, ont œuvré avec lui, en vue de l'accession de notre pays à la souveraineté, le 6 juillet 1975.
Je salue les élus de la Chambre des Députés de l'époque, les leaders et les militants de la première heure de notre indépendance, les partis politiques et les mouvements de l'indépendance qui, à l'intérieur du pays et à l'étranger, ont su rendre irréversible, la marche de notre Nation, vers sa dignité.
Je m'incline devant ces Hommes et ces Femmes sans aucune autre référence que celle d'avoir combattu le colonialisme dans toutes ses formes afin que les générations suivantes que nous sommes, vivions dans la dignité.
Que les âmes de ces grandes figures de notre pays qui nous ont quittés, reposent en paix, et qu'Allah accorde une longue vie, dans la santé et le bonheur, à ceux d'entre eux, qui sont encore parmi nous.
Je saisis cette opportunité, pour exprimer la reconnaissance de la nation comorienne, à l'endroit de tous ses partenaires bilatéraux et multilatéraux, pour leur accompagnement multiforme, tout au long de ces quarante dernières années d'Indépendance.
Parmi ces grands amis des Comores, j'adresse une mention spéciale aux Nations qui ont immédiatement cru en notre capacité de réussir la libération de notre Peuple : il s'agit, et vous l'avez deviné, de la République Populaire de Chine, de la République Unie de Tanzanie, qui ont été des tous premiers pays à avoir reconnu notre indépendance.
Mes chers compatriotes,
La proclamation de l'indépendance de notre pays, le 6 juillet 1975, signifiait que la Nation comorienne, constituée de femmes et d'hommes libres, qui sont nés libres et qui devaient nécessairement le demeurer, avait pris la décision souveraine historique, de reconquérir ses droits légitimes, qui lui étaient déniés par le colonisateur, et de proclamer sa détermination à faire face, en toute souveraineté, à ses obligations. Durant ces quarante années d'exercice de notre souveraineté, notre pays a connu des déstabilisations parfois même sanglantes. Deux de nos Chefs d'Etat furent assassinés tandis qu'un troisième fut déporté. La mort subite d'un quatrième de nos Présidents a laissé les Comoriens très perplexes !
Notre pays a adopté cinq constitutions si nous faisons abstraction des multiples modifications dénaturant même parfois les engagements pris les uns face aux autres.
L'apothéose de cette série de déstabilisations qui mirent en péril la Nation Comorienne fut incontestablement la crise séparatiste déclenchée dans l'Ile Comorienne d'Anjouan alors que le pays continue de chercher les voies et moyens de recouvrer la totalité de son intégrité territoriale.
Cette crise sécessionniste a fini par nous obliger à nous mettre autour d'une même table afin de trouver un cadre institutionnel nouveau respectant les aspirations légitimes des comoriens mais surtout préservant l'Unité Nationale et l'Intégrité Territoriale du pays.
Le processus de Réconciliation Nationale dit « Processus de Fomboni » consacra pour notre pays la « Présidence Tournante » entre les Iles, ainsi que leur « Autonomie ».
Permettez-moi de saluer également les négociateurs de l'Accord de Fomboni du 17 février 2001 qui ont permis à notre pays de vivre presque une quinzaine d'années dans la stabilité et dans l'équité en ce qui concerne l'exercice du pouvoir.
Certes, la situation n'a pas toujours été facile à gérer mais nous devons reconnaître les bienfaits de ce nouveau cadre institutionnel.
Mes Chers Compatriotes,
Je ne voudrais pas aller au terme de mon mandat sans avoir mis fin à cette situation humainement compliquée et en tant que Premier Responsable du pays il est de mon devoir, avec l'appui de la Communauté Internationale notamment de l'Union Africaine, de faire en sorte que tous les Comoriens se réconcilient et se pardonnent.
C'est dans ce sens que je me suis adressé aux Autorités de notre Organisation Panafricaine, l'Union Africaine, pour qu'ensemble nous entamions les démarches qui permettront le retour dans leur pays, de ceux qui ont quitté leur pays après l'opération « Démocratie aux Comores ».
Cette démarche m'est dictée par le seul objectif de permettre à tous les comoriens de se retrouver un jour réunis pour bâtir la Nation.
Je vous demande donc Mes Chers Compatriotes, de m'accompagner comme vous l'avez toujours fait, dans cette phase nouvelle de consolidation de l'Unité du pays et de la Cohésion Nationales.
Mes Chers Compatriotes,
Quarante ans, c'est certes peu de temps, pour apprécier l'évolution d'une Nation et la vie d'un peuple. Toutefois, quarante ans pour un pays, constituent une période de temps appréciable, pour qu'un peuple se situe, par rapport à ce qu'a été son histoire, et se détermine par rapport aux enjeux présents et futurs.
L'évolution d'une Nation, s'apprécie, au minimum en plusieurs décennies, très souvent en siècles, voire même en millénaire.
Voilà pourquoi, nous restons optimistes, quant à l'évolution de la destinée de l'île comorienne de Mayotte, et son retour dans son giron naturel. A la prochaine Assemblée Générale des Nations Unies, je ferai part, comme je l'ai promis, des évolutions de nos négociations avec la France et je parlerai avec franchise à tous les pays amis des Comores sur les propositions que nous avons faites et donc sur notre position.
Parce que, nous ne devons pas insulter l'avenir et sous-estimer le génie et l'intelligence des générations présentes et futures de notre pays. Au moment où les Iles de l'Océan Indien comme tous les Etats du monde, aspirent à des relations fructueuses entres elles, comment ne pas concevoir l'unité des Comoriens, qui ont tout en partage : un espace géographique commun, l'histoire, la civilisation, la culture, la religion, le sang et la langue.
Nous devons, 40 ans après, pouvoir dire à nos frères et sœurs mahorais, qu'en dépit de l'éloignement politique de l'île sœur de Mayotte, et dont nous subissons en tant que pays souverain les conséquences, qu'ils ne peuvent pas nous dénier le droit de fraternité à leur égard et surtout ils ne peuvent pas imaginer un seul instant leur avenir, celui de nos familles communes, en dehors de ce cadre géographique, historique, socioculturel.
Au-delà de notre droit légitime, nous estimons que dans un monde de globalisation, la seule alternative reste l'Union qui, comme cela est admis, fait la force.
Notre grand intérêt à tous, Comoriennes et Comoriens, c'est de nous retrouver, entre frères, dans des formes qui restent bien entendu, à déterminer.
À cela s'ajoute aussi l'intérêt de l'espace COI et COMESA.
L'unité de l'Archipel des Comores, c'est enfin l'intérêt de notre grand partenaire, la France, puissance de notre région du fait de l'appartenance de l'île de la Réunion à la France.
Ainsi donc, nous devons faire preuve de plus d'imagination, de sérieux, de pragmatisme et surtout de travail.
Nous devons prendre en compte les profondes mutations en cours, dans le monde où la politique de tout ou rien a laissé la place au temps des compromis.
Mes chers compatriotes,
Dans quelques mois, nous allons organiser des élections présidentielles, au niveau de l'Union.
À cette occasion, les Comoriens de l'île de Ngazidja auront l'honneur de nous présenter, au cours des primaires, les trois candidats de leur choix, parmi lesquels nous devrons choisir le futur Chef de l'Etat, Président de l'Union des Comores. Nous leur faisons entièrement confiance et il ne pourrait en être autrement, car c'est cette île qui est notre dénominateur commun.
La présidence tournante, a été conçue, pensée et adoptée par la grande majorité des électrices et électeurs comoriens, afin de préserver l'unité du pays, et non le contraire.
Le Gouvernement de la République, est mobilisé pour qu'il en soit ainsi.
Je reste persuadé qu'à l'issue de ces élections, les Comoriennes et les Comoriens auront la femme ou l'homme qu'ils auront librement choisi, pour présider à la dessinée du pays, dans le respect de la Constitution et de la Loi et dans le cadre de scrutins libre, crédibles, démocratiques et transparentes.
Mes chers compatriotes,
Au moment où nous commémorons les 40 ans de notre indépendance, je voudrais rappeler que la souveraineté ne confère pas que des droits ; elle confère aussi des devoirs sur le plan international.
Ainsi, notre pays, qui a bénéficié, à plusieurs reprises, au cours des quarante dernières années, de la solidarité soutenu des pays membres du Concert des Nations, est aujourd'hui lui aussi appelé à son tour son soutien.
Notre pays doit en outre contribuer aux efforts déployés par tous les membres du Concert des nations, contre les fléaux du terrorisme sous toutes ses formes, du crime transfrontalier, les maladies endémiques et pour éradiquer la pauvreté, la précarité.
Comoriennes, Comoriens, Mes Chers Compatriotes,
Pouvons-nous aujourd'hui affirmer que la longue période d'instabilités politique, les crises séparatistes et institutionnelles, sont derrière nous ? Nous le souhaitons.
Certes, avec la signature de l'Accord cadre de réconciliation nationale de Fomboni, la mise en place progressive des institutions du Nouvel Ensemble Comorien, les alternance pacifique de 2006 et 2011, dans le cadre de la présidence tournante entre les iles, le peuple comorien a fait le choix de s'engager sur la voie de la démocratie, de l'État de droit, de la bonne gouvernance et du développement.
Toutefois, en ce jour mémorable je voudrais très solennellement rappeler à tous ceux qui semblent l'avoir oublié, que la situation actuelle est le fruit d'un consensus national et que si nos institutions ont fait la preuve de leur viabilité, elles restent encore très fragiles.
La crise séparatiste qui a éclos, en août 1997, dans l'île d'Anjouan, le débarquement contre la rébellion 10 ans plus tard et les réflexes insulaires, sont toujours présents dans nos paroles et nos actes.
C'est pourquoi, nous devons cultiver le respect de l'unité nationale qui ne consiste pas en de paroles démagogiques, lancées ici et là, à des fins électorales mais qui est un devoir se traduisant par des actes et des comportements responsables qui s'imposent à tout citoyen, quel que soit son rang, passé, présent ou à venir, quel que soit son ile ou son lieu géographique d'origine, quel que soit sa catégorie sociale ou sa fonction.
Ainsi, l'attitude ambiguë de certains hommes politiques, consistant à clamer et à afficher par opportunisme, une volonté pour l'unité du pays, tout en adoptant des démarches politiques qui sont autant d'actes de division et d'érosion de l'unité nationale doivent cesser.
L'unité de notre pays est sacrée et j'ai la responsabilité constitutionnelle pendant les mois qui me restent à la tête de l'État, de tout faire pour qu'elle soit préservée.
Je ne faillirai pas à ce devoir.
Vive la République, Vive l'Union des Comores, dans la paix et le développement ! Bonne fête à toutes et tous, Je vous remercie !
Beit Salam
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.
- Comoriennes, Comoriens
Mes Chers compatriotes ;
Il y a exactement 40 ans, dans le bâtiment mythique sis à la place de l'indépendance, alors « Chambre des députés des Comores », une édifice qui renferme une partie essentielle de l'histoire politique de notre pays, que Feu Président Ahmed Abdallah Abdérémane, soutenu par les députés des Comores et tous les comoriens, proclamait unilatéralement, l'Indépendance de l'Archipel des Comores dans ses frontières coloniales, le 6 juillet 1975.
En tant que musulmans donc, les Comoriens savent la particularité d'un 40ème anniversaire dans une vie, et ceci quelque soit son contenu.
En effet, c'est dans la 46ème Sourate du Coran, Sourate AL AHQAF, au verset 15 qu'Allah nous informa, je cite : « Et Nous avons enjoint à l'homme de la bonté envers ses père et mère : sa mère l'a péniblement porté et en a péniblement accouché ; et sa gestation et sevrage durant trente mois ; puis quand il atteint ses pleines forces et atteint quarante ans, il dit : "Ô Seigneur ! Inspire-moi pour que je rende grâce au bienfait dont Tu m'as comblé ainsi qu'à mes père et mère, et pour que je fasse une bonne œuvre que Tu agrées. Et fais que ma postérité soit de moralité saine, Je me repens à Toi et je suis du nombre des Soumis ».
Comme vous le constatez, selon le Coran, notre pays a atteint ses « pleines forces » depuis ce 6 juillet 2015.
Certainement d'aucuns s'interrogent et se demandent :« 40 ans déjà » ? D'autres, par contre, trouvent ce parcours de quatre décennies, trop long !
Cependant une chose est sûre : en comparant les évolutions des autres pays du continent et dont l'indépendance est acquise dans la même période que nous, nous relevons des différences parfois énormes et constatons que notre pays accuse un retard considérable dans plusieurs domaines.
Ce déséquilibre en matière de développement, cette inégalité dans des domaines aussi variés qu'importants, est dû essentiellement aux choix approximatifs que nous avons opérés lors de prises de décisions face aux options pourtant riches et variées qu'offraient aux dirigeants que nous fûmes et que nous sommes, les conjonctures internationales.
Cela fut accentué surtout par le retard que notre pays a pris lorsque le monde entier subissait les conséquences géopolitiques de la fin de la guerre froide ainsi que lorsqu'il devait profiter des avantages des Nouvelles Technologies d'Information et de Communication.
C'est ainsi, Mes Chers Compatriotes, que nous ne pouvons pas nous contenter des nouvelles évolutions notables et palpables que connaît notre pays depuis son accession à l'indépendance, surtout en matière d'éducation donc de formation, dans la consolidation de l'Etat de droit mais aussi en diverses réformes impliquant nos institutions économiques et financières.
Aussi, nous ne devons pas considérer que le fait d'avoir réussi pour la première fois dans notre pays le parachèvement de la mise en place des institutions pour soutenir d'une manière efficace notre jeune démocratie, serait une source d'autosatisfaction !
Et enfin, s'il est vrai qu'aujourd'hui notre pays, grâce à une diplomatie offensive, est revenu dignement sur la scène internationale, il est aussi vrai que le chemin à parcourir pour que l'Union des Comores occupe d'une manière effective la place qui est la sienne dans le monde, reste long et difficile.
Voyez-vous, Mes Chers Compatriotes, nul n'a besoin d'être diplômé pour faire ce constat malheureusement amer de l'évolution de l'archipel des Comores depuis 40 ans !
Ne faudrait-il pas faire valoir des circonstances atténuantes mais également prendre en compte les conséquences de nos petites querelles qui ont souvent été les fondements de nos divergences dont la première victime fut notre pays et toutes les générations qui suivirent ?
Toutefois, Mes Chers Compatriotes, nous célébrons les 40 ans de l'Indépendance de notre pays et le 6 juillet 2015 constitue ainsi pour le peuple comorien, une occasion symbolique et exceptionnelle de commémorer dans l'Union, la Fraternité et la Solidarité, l'accession de notre pays à la souveraineté, le 6 juillet 1975.
La proclamation unilatérale qui consacra ce jour-là, l'indépendance des Comores, a été et reste un motif de légitime fierté pour le peuple comorien mais la célébration de ce quarantième anniversaire en ce 6 juillet 2015, doit être également, une opportunité, pour toutes les composantes de la société comorienne, de jeter un regard lucide sur le parcours de notre pays durant ce laps de temps.
Je suis certain que depuis une semaine, c'est ce que vous faites à travers les réseaux sociaux, dans les places publiques et jusqu'aux lieux de travail.
C'est pourquoi vous emboîtant le pas, je voudrais à cette occasion, tout d'abord rendre un hommage mérité, aux grands hommes d'Etat qui ont combattu avec détermination, pour la dignité du peuple comorien et qui ont su, avec intelligence et patriotisme, mener notre pays vers sa souveraineté internationale. Ainsi, au nom de la Nation, je salue avec grand respect, la mémoire du père de l'indépendance, Feu le Président AHMED ABDALLAH ABDEREMANE qui a proclamé l'indépendance des Comores et dont le charisme a galvanisé tous ceux qui, au risque de leur vie, ont œuvré avec lui, en vue de l'accession de notre pays à la souveraineté, le 6 juillet 1975.
Je salue les élus de la Chambre des Députés de l'époque, les leaders et les militants de la première heure de notre indépendance, les partis politiques et les mouvements de l'indépendance qui, à l'intérieur du pays et à l'étranger, ont su rendre irréversible, la marche de notre Nation, vers sa dignité.
Je m'incline devant ces Hommes et ces Femmes sans aucune autre référence que celle d'avoir combattu le colonialisme dans toutes ses formes afin que les générations suivantes que nous sommes, vivions dans la dignité.
Que les âmes de ces grandes figures de notre pays qui nous ont quittés, reposent en paix, et qu'Allah accorde une longue vie, dans la santé et le bonheur, à ceux d'entre eux, qui sont encore parmi nous.
Je saisis cette opportunité, pour exprimer la reconnaissance de la nation comorienne, à l'endroit de tous ses partenaires bilatéraux et multilatéraux, pour leur accompagnement multiforme, tout au long de ces quarante dernières années d'Indépendance.
Parmi ces grands amis des Comores, j'adresse une mention spéciale aux Nations qui ont immédiatement cru en notre capacité de réussir la libération de notre Peuple : il s'agit, et vous l'avez deviné, de la République Populaire de Chine, de la République Unie de Tanzanie, qui ont été des tous premiers pays à avoir reconnu notre indépendance.
Mes chers compatriotes,
La proclamation de l'indépendance de notre pays, le 6 juillet 1975, signifiait que la Nation comorienne, constituée de femmes et d'hommes libres, qui sont nés libres et qui devaient nécessairement le demeurer, avait pris la décision souveraine historique, de reconquérir ses droits légitimes, qui lui étaient déniés par le colonisateur, et de proclamer sa détermination à faire face, en toute souveraineté, à ses obligations. Durant ces quarante années d'exercice de notre souveraineté, notre pays a connu des déstabilisations parfois même sanglantes. Deux de nos Chefs d'Etat furent assassinés tandis qu'un troisième fut déporté. La mort subite d'un quatrième de nos Présidents a laissé les Comoriens très perplexes !
Notre pays a adopté cinq constitutions si nous faisons abstraction des multiples modifications dénaturant même parfois les engagements pris les uns face aux autres.
L'apothéose de cette série de déstabilisations qui mirent en péril la Nation Comorienne fut incontestablement la crise séparatiste déclenchée dans l'Ile Comorienne d'Anjouan alors que le pays continue de chercher les voies et moyens de recouvrer la totalité de son intégrité territoriale.
Cette crise sécessionniste a fini par nous obliger à nous mettre autour d'une même table afin de trouver un cadre institutionnel nouveau respectant les aspirations légitimes des comoriens mais surtout préservant l'Unité Nationale et l'Intégrité Territoriale du pays.
Le processus de Réconciliation Nationale dit « Processus de Fomboni » consacra pour notre pays la « Présidence Tournante » entre les Iles, ainsi que leur « Autonomie ».
Permettez-moi de saluer également les négociateurs de l'Accord de Fomboni du 17 février 2001 qui ont permis à notre pays de vivre presque une quinzaine d'années dans la stabilité et dans l'équité en ce qui concerne l'exercice du pouvoir.
Certes, la situation n'a pas toujours été facile à gérer mais nous devons reconnaître les bienfaits de ce nouveau cadre institutionnel.
Mes Chers Compatriotes,
Je ne voudrais pas aller au terme de mon mandat sans avoir mis fin à cette situation humainement compliquée et en tant que Premier Responsable du pays il est de mon devoir, avec l'appui de la Communauté Internationale notamment de l'Union Africaine, de faire en sorte que tous les Comoriens se réconcilient et se pardonnent.
C'est dans ce sens que je me suis adressé aux Autorités de notre Organisation Panafricaine, l'Union Africaine, pour qu'ensemble nous entamions les démarches qui permettront le retour dans leur pays, de ceux qui ont quitté leur pays après l'opération « Démocratie aux Comores ».
Cette démarche m'est dictée par le seul objectif de permettre à tous les comoriens de se retrouver un jour réunis pour bâtir la Nation.
Je vous demande donc Mes Chers Compatriotes, de m'accompagner comme vous l'avez toujours fait, dans cette phase nouvelle de consolidation de l'Unité du pays et de la Cohésion Nationales.
Mes Chers Compatriotes,
Quarante ans, c'est certes peu de temps, pour apprécier l'évolution d'une Nation et la vie d'un peuple. Toutefois, quarante ans pour un pays, constituent une période de temps appréciable, pour qu'un peuple se situe, par rapport à ce qu'a été son histoire, et se détermine par rapport aux enjeux présents et futurs.
L'évolution d'une Nation, s'apprécie, au minimum en plusieurs décennies, très souvent en siècles, voire même en millénaire.
Voilà pourquoi, nous restons optimistes, quant à l'évolution de la destinée de l'île comorienne de Mayotte, et son retour dans son giron naturel. A la prochaine Assemblée Générale des Nations Unies, je ferai part, comme je l'ai promis, des évolutions de nos négociations avec la France et je parlerai avec franchise à tous les pays amis des Comores sur les propositions que nous avons faites et donc sur notre position.
Parce que, nous ne devons pas insulter l'avenir et sous-estimer le génie et l'intelligence des générations présentes et futures de notre pays. Au moment où les Iles de l'Océan Indien comme tous les Etats du monde, aspirent à des relations fructueuses entres elles, comment ne pas concevoir l'unité des Comoriens, qui ont tout en partage : un espace géographique commun, l'histoire, la civilisation, la culture, la religion, le sang et la langue.
Nous devons, 40 ans après, pouvoir dire à nos frères et sœurs mahorais, qu'en dépit de l'éloignement politique de l'île sœur de Mayotte, et dont nous subissons en tant que pays souverain les conséquences, qu'ils ne peuvent pas nous dénier le droit de fraternité à leur égard et surtout ils ne peuvent pas imaginer un seul instant leur avenir, celui de nos familles communes, en dehors de ce cadre géographique, historique, socioculturel.
Au-delà de notre droit légitime, nous estimons que dans un monde de globalisation, la seule alternative reste l'Union qui, comme cela est admis, fait la force.
Notre grand intérêt à tous, Comoriennes et Comoriens, c'est de nous retrouver, entre frères, dans des formes qui restent bien entendu, à déterminer.
À cela s'ajoute aussi l'intérêt de l'espace COI et COMESA.
L'unité de l'Archipel des Comores, c'est enfin l'intérêt de notre grand partenaire, la France, puissance de notre région du fait de l'appartenance de l'île de la Réunion à la France.
Ainsi donc, nous devons faire preuve de plus d'imagination, de sérieux, de pragmatisme et surtout de travail.
Nous devons prendre en compte les profondes mutations en cours, dans le monde où la politique de tout ou rien a laissé la place au temps des compromis.
Mes chers compatriotes,
Dans quelques mois, nous allons organiser des élections présidentielles, au niveau de l'Union.
À cette occasion, les Comoriens de l'île de Ngazidja auront l'honneur de nous présenter, au cours des primaires, les trois candidats de leur choix, parmi lesquels nous devrons choisir le futur Chef de l'Etat, Président de l'Union des Comores. Nous leur faisons entièrement confiance et il ne pourrait en être autrement, car c'est cette île qui est notre dénominateur commun.
La présidence tournante, a été conçue, pensée et adoptée par la grande majorité des électrices et électeurs comoriens, afin de préserver l'unité du pays, et non le contraire.
Le Gouvernement de la République, est mobilisé pour qu'il en soit ainsi.
Je reste persuadé qu'à l'issue de ces élections, les Comoriennes et les Comoriens auront la femme ou l'homme qu'ils auront librement choisi, pour présider à la dessinée du pays, dans le respect de la Constitution et de la Loi et dans le cadre de scrutins libre, crédibles, démocratiques et transparentes.
Mes chers compatriotes,
Au moment où nous commémorons les 40 ans de notre indépendance, je voudrais rappeler que la souveraineté ne confère pas que des droits ; elle confère aussi des devoirs sur le plan international.
Ainsi, notre pays, qui a bénéficié, à plusieurs reprises, au cours des quarante dernières années, de la solidarité soutenu des pays membres du Concert des Nations, est aujourd'hui lui aussi appelé à son tour son soutien.
Notre pays doit en outre contribuer aux efforts déployés par tous les membres du Concert des nations, contre les fléaux du terrorisme sous toutes ses formes, du crime transfrontalier, les maladies endémiques et pour éradiquer la pauvreté, la précarité.
Comoriennes, Comoriens, Mes Chers Compatriotes,
Pouvons-nous aujourd'hui affirmer que la longue période d'instabilités politique, les crises séparatistes et institutionnelles, sont derrière nous ? Nous le souhaitons.
Certes, avec la signature de l'Accord cadre de réconciliation nationale de Fomboni, la mise en place progressive des institutions du Nouvel Ensemble Comorien, les alternance pacifique de 2006 et 2011, dans le cadre de la présidence tournante entre les iles, le peuple comorien a fait le choix de s'engager sur la voie de la démocratie, de l'État de droit, de la bonne gouvernance et du développement.
Toutefois, en ce jour mémorable je voudrais très solennellement rappeler à tous ceux qui semblent l'avoir oublié, que la situation actuelle est le fruit d'un consensus national et que si nos institutions ont fait la preuve de leur viabilité, elles restent encore très fragiles.
La crise séparatiste qui a éclos, en août 1997, dans l'île d'Anjouan, le débarquement contre la rébellion 10 ans plus tard et les réflexes insulaires, sont toujours présents dans nos paroles et nos actes.
C'est pourquoi, nous devons cultiver le respect de l'unité nationale qui ne consiste pas en de paroles démagogiques, lancées ici et là, à des fins électorales mais qui est un devoir se traduisant par des actes et des comportements responsables qui s'imposent à tout citoyen, quel que soit son rang, passé, présent ou à venir, quel que soit son ile ou son lieu géographique d'origine, quel que soit sa catégorie sociale ou sa fonction.
Ainsi, l'attitude ambiguë de certains hommes politiques, consistant à clamer et à afficher par opportunisme, une volonté pour l'unité du pays, tout en adoptant des démarches politiques qui sont autant d'actes de division et d'érosion de l'unité nationale doivent cesser.
L'unité de notre pays est sacrée et j'ai la responsabilité constitutionnelle pendant les mois qui me restent à la tête de l'État, de tout faire pour qu'elle soit préservée.
Je ne faillirai pas à ce devoir.
Vive la République, Vive l'Union des Comores, dans la paix et le développement ! Bonne fête à toutes et tous, Je vous remercie !
Beit Salam
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