Le rappeur marseillais était hier à La Provence où il a rencontré une dizaine de jeunes. Un échange enrichissant. Collégiens, lycéens, étud...
Le rappeur marseillais était hier à La Provence où il a rencontré une dizaine de jeunes. Un échange enrichissant.
Collégiens, lycéens, étudiants en BTS ou à l'IMF (Institut méditerranéen de formation et de recherche en travail social), ils étaient une dizaine à avoir débattu hier matin, dans les locaux du journal, avec Soprano. L'occasion de saisir les valeurs d'unité et de rassemblement que véhicule le rappeur issu du Plan d'Aou (dans les quartiers Nord de Marseille) dont le dernier album porte le nom évocateur de Cosmopolitanie.
Collégiens, lycéens, étudiants en BTS ou à l'IMF (Institut méditerranéen de formation et de recherche en travail social), ils étaient une dizaine à avoir débattu hier matin, dans les locaux du journal, avec Soprano. L'occasion de saisir les valeurs d'unité et de rassemblement que véhicule le rappeur issu du Plan d'Aou (dans les quartiers Nord de Marseille) dont le dernier album porte le nom évocateur de Cosmopolitanie.
Des Psy 4 de la Rime à ses albums en solo, Saïd de son vrai nom, est en effet devenu plus qu'une idole du rap mais un modèle pour toute une jeunesse. Morceaux choisis.
L'Envie de rapper
L'Envie de rapper
"A la base, j'avais envie de chanter, grâce à Michael Jackson. J'étais dans les madrassas
(terme arabe désignant une école religieuse) où on chantait l'équivalent du gospel chez les musulmans. J'étais toujours le lead. C'est pour ça qu'on m'a surnommé soprano. Puis le rap est arrivé. C'était la musique la plus facile à faire dans les quartiers. Enchaîner les rimes, ça me plaisait. En écoutant IAM, NTM et La Fonky Family, ça m'a donné envie d'écrire comme briser les clichés sur les jeunes des quartiers. C'est parti comme ça".
Une influence sur la jeunesse
"Je m'en rends compte quand je croise les gens. Quand j'ai commencé, je faisais de la musique pour me soigner. Au fur et à mesure que les nuages se sont dissipés, j'ai mesuré ma chance et j'ai continué à écrire pour témoigner de mon expérience. Je me bats pour mes idées depuis le début mais je dirais que c'est encore plus le cas depuis que je suis père. J'essaie d'être quelqu'un de bien. Le déclic vient aussi d'une chanson Le son des bandits qui a fait réagir mon père : "J'ai travaillé, je me suis sacrifié pour t'entendre dire que tu es un bandit ! Ça veut dire que j'ai tout raté dans ma vie". A ce moment-là, j'ai réalisé le poids des mots. Aujourd'hui, je fais attention à ce que mes textes ne salissent pas l'éducation de mes parents, ma religion et l'éducation de mes enfants".
La politique et les
"Je me souviens de Jamel Debbouze et de JoeyStarr qui étaient allés à la rencontre des jeunes dans une cité pour les inciter à voter. Les jeunes leur ont répondu : "Voter pour qui ? Ils ne nous connaissent pas !" Ça m'a inspiré une chanson. Faire des chansons, c'est peut-être plus impactant qu'un discours politique. Il y a une fissure entre certains jeunes des quartiers et la société. Il faut travailler d'abord sur ça pour impliquer les jeunes dans la citoyenneté. Aujourd'hui, ils s'en sentent exclus au point d'être dans une logique d'opposition. Je préfère chanter Cosmo qui dit que c'est ensemble et à nous de faire les choses. Alors, on va voter pour montrer qu'on est ensemble".
Le racisme
"C'est mon premier combat. Ce que je défends, c'est le côté cosmopolite. Ce qui définit le racisme, c'est la peur de l'autre. Souvent, tu entends : "J'aime pas les Noirs, les Arabes ou les Italiens, mais lui je l'aime bien". Cette phrase veut tout dire. Parce que si lui, tu l'aimes bien c'est parce que tu le connais. Le plus important aujourd'hui, surtout avec ce qui s'est passé en début d'année, c'est d'apprendre à se connaître. Mais le racisme est partout. Dans les quartiers aussi, il y a du racisme".
La religion
"Je dis toujours : "Dieu a créé l'homme et l'homme a créé les armes". Les hommes font une lecture du livre pour servir leurs intérêts et ça donne du grand n'importe quoi. Il faut faire la différence entre la politique et la religion. La religion est pour la paix. Mon professeur de coran me disait toujours : "Avant d'apprendre, il faut comprendre". C'est-à-dire ne pas réciter bêtement mais s'ouvrir, aller parler aux autres. J'avais 10 ans. Cette idée a fleuri dans ma tête".
Les médias et les
"Il y a eu un reportage sur Marseille qui véhiculait une image dégradante de la ville avec ma musique. J'ai poussé mon coup de gueule parce que ma musique c'est tout le contraire. Certains médias entretiennent la peur. Ça ne sert que les politiques. Car, pour certaines personnes, ce qui est "vu à la télé", c'est la vérité. C'est dangereux ce genre de reportages. Tout comme Internet et les réseaux sociaux, c'est le mal de notre siècle. Pour diviser les gens, il n'y a pas pire".
L'argent
"Je n'ai pas été tenté par l'argent facile parce que ce n'est pas dans mon caractère, parce que j'ai eu beaucoup de potes morts ou en prison. Moi, la musique, ça m'a sauvé. Après, je comprends certains jeunes des quartiers qui arrivent à cette solution. Il ne faut pas les juger mais comprendre pourquoi. C'est la pauvreté qui amène à ça. Moi, j'ai eu la chance d'aimer la musique plus que l'argent. Et c'est encore le cas aujourd'hui".
Le 19 décembre au Dôme à Marseille. Aussi le 26 juillet avec Black M dans les arènes de Nîmes.
Par Annabelle Kempff - laprovence.com
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