C’est toujours un plaisir pour moi de susciter le débat : c’est l’indifférence qui me chagrine. Mon premier papier (« Aidons la diaspora com...
C’est toujours un plaisir pour moi de susciter le débat : c’est l’indifférence qui me chagrine. Mon premier papier (« Aidons la diaspora comorienne », La Gazette des Comores, 6 novembre 2013, p. 4) qui réclamait ce droit de vote aujourd’hui acquis était passé inaperçu. Mon dernier papier intitulé « Oui au droit de vote de la diaspora, non à la manipulation » publié le vendredi 19 avril dernier a fait réagir. Merci à mes lecteurs d’accorder de l’intérêt à mes publications.
Trois objections principales ont été formulées contre mon moi. La première m’accuse d’avancer des idées gratuites et non fondées faisant ainsi allusion à l’affirmation selon laquelle les ressortissants des régions de Mboudé et de Hamahamet sont majoritaires dans région parisienne. Mon premier contradicteur pense qu’il aurait fallu asseoir mon assertion sur une enquête démographique. Il est charmant, très charmant ; et son conseil aussi ! Qu’il me donne les références d’une telle étude et je lui en serai éternellement gré. Je crains malheureusement qu’il ne la trouve nulle part. Cette charmante personne me propose en fait de reposer ma déclaration sur quelque chose qui n’existe pas ! Finesse colossale !
Que ce contradicteur sache qu’il y a plusieurs façons de connaître. Et l’expérience en fait partie…
Je voudrais accorder davantage d’intérêt à mon deuxième contradicteur que je ne connais pas bien mais que j’ai déjà rencontré à Vaulx-en-Velin (région lyonnaise) en octobre 2014 lors d’une réunion qui traitait justement des questions liées à la diaspora. Je l’ai trouvé d’ailleurs courtois, organisé, bon connaisseur de ses dossiers.
Que me reproche-t-il ? D’être minoritaire dans la position que je prends et subjectif dans mon analyse. Minoritaire ? Peut-être. Mais j’aime mieux la condition minoritaire qui use de son sens critique que la condition suiviste et grégaire ! Et puis si la majorité fait la loi, elle n’a pas toujours raison. Enfin, la minorité d’aujourd’hui peut être la majorité de demain : les majorités ne sont jamais éternelles.
Mais parlons plutôt de la deuxième objection : ce contradicteur me reproche de manquer d’objectivité à cause de mes engagements partisans ; de privilégier des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général ; en bref d’être du côté du mal alors que lui est évidemment du côté du bien. Magnifique vision dualiste ! Là encore, la finesse est colossale !
Je le dis franchement et sans détour : soit son français est lacunaire soit son raisonnement est tronqué !
Qu’ai-je dit en fait ? Que l’obtention du droit de vote est une excellente nouvelle pour la diaspora comorienne en particulier et pour la démocratie comorienne en général. Mais qu’il faut veiller à sa mise en application : à ce que tout le monde puisse voter mais pas seulement ceux qui sont installés dans la région parisienne.
Rien que les faits. Ikililou Dhoinine a été investi président de la République en mai 2011. Il savait qu’il devrait organiser des élections en avril 2014, peut-être les plus lourdes que les Comores aient organisées depuis l’indépendance. Mais, en trois ans et demi, il n’a pu ni faire établir des listes fiables acceptées par tous ni réunir l’argent nécessaire. Résultats : les listes restent approximatives, les cartes d’électeurs partiellement produites et les salaires des fonctionnaires ne sont plus versés régulièrement depuis l’organisation de ces élections. Ce qui était pourtant la seule réussite majeure de la première partie de son quinquennat ! Constater cela et en tirer une leçon pour l’avenir relève non pas du pessimisme ni du rejet de ce nouveau droit durement acquis mais d’une triste et stricte observation des faits.
Je ne voudrais donc pas intenter un procès d’intention au président de la République mais mon inquiétude me semble bien justifiée. Il me paraît difficile de croire que la même personne avec presque la même équipe pourrait faire voter la diaspora comorienne (composée de plusieurs milliers de personnes et répartie dans plusieurs villes) installée en France en moins d’un an dans de bonnes conditions…
Mon contradicteur voudrait en fait que je me mette à genoux pour remercier Saint Ikililou Dhoinine d’avoir accordé ce droit de vote à la diaspora comorienne ! Il voudrait aussi que je me comporte comme une petite fille à qui son père vient de donner un bonbon ! Je l’ai déjà fait dans mon texte et je le redis : merci et mille fois merci M. le Président de la République. Mais je lui demande maintenant de s’impliquer dans l’application du nouveau droit car le diable, dit-on, est toujours dans les détails.
Je réaffirme ma position : oui au droit de vote de la diaspora comorienne. Mais que le gouvernement réunisse toutes les conditions requises pour que tout le monde puisse voter au moins en France dans des conditions acceptables de tous : listes fiables et bureaux de vote implantés de partout sur le territoire français où la diaspora est présente (ne pas oublier la Réunion par exemple).
Mais au fait, notre grand pourfendeur d’injustices, seul membre de la diaspora – seul évidement contre tous ! – à se soucier de l’intérêt général, le seul à défendre la vertu, seul défenseur du bien contre le mal, seul sauveur de la diaspora et de toute la nation comoriennes, notre héros national, a-t-il pensé à la diaspora comorienne implantée à Madagascar, au Maroc, en Egypte, etc. ? Ou celle-là ne relève-t-elle pas de la diaspora ? Ou n’est-elle pas comorienne ? En fait, si on comprend bien la démarche de ce cher monsieur, la diaspora comorienne implantée ailleurs qu’en France métropolitaine ne l’intéresse pas beaucoup. Ce n’est pas étonnant : elle ne fait pas partie de sa boutique ni de son fonds de commerce : elle ne mérite donc pas son attention.
Partisan, disait-il. Qui est le plus partisan de nous deux mon cher Ahmadou Mze Soilihi ?
Nassurdine Ali Mhoumadi,
Trois objections principales ont été formulées contre mon moi. La première m’accuse d’avancer des idées gratuites et non fondées faisant ainsi allusion à l’affirmation selon laquelle les ressortissants des régions de Mboudé et de Hamahamet sont majoritaires dans région parisienne. Mon premier contradicteur pense qu’il aurait fallu asseoir mon assertion sur une enquête démographique. Il est charmant, très charmant ; et son conseil aussi ! Qu’il me donne les références d’une telle étude et je lui en serai éternellement gré. Je crains malheureusement qu’il ne la trouve nulle part. Cette charmante personne me propose en fait de reposer ma déclaration sur quelque chose qui n’existe pas ! Finesse colossale !
Que ce contradicteur sache qu’il y a plusieurs façons de connaître. Et l’expérience en fait partie…
Je voudrais accorder davantage d’intérêt à mon deuxième contradicteur que je ne connais pas bien mais que j’ai déjà rencontré à Vaulx-en-Velin (région lyonnaise) en octobre 2014 lors d’une réunion qui traitait justement des questions liées à la diaspora. Je l’ai trouvé d’ailleurs courtois, organisé, bon connaisseur de ses dossiers.
Que me reproche-t-il ? D’être minoritaire dans la position que je prends et subjectif dans mon analyse. Minoritaire ? Peut-être. Mais j’aime mieux la condition minoritaire qui use de son sens critique que la condition suiviste et grégaire ! Et puis si la majorité fait la loi, elle n’a pas toujours raison. Enfin, la minorité d’aujourd’hui peut être la majorité de demain : les majorités ne sont jamais éternelles.
Mais parlons plutôt de la deuxième objection : ce contradicteur me reproche de manquer d’objectivité à cause de mes engagements partisans ; de privilégier des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général ; en bref d’être du côté du mal alors que lui est évidemment du côté du bien. Magnifique vision dualiste ! Là encore, la finesse est colossale !
Je le dis franchement et sans détour : soit son français est lacunaire soit son raisonnement est tronqué !
Qu’ai-je dit en fait ? Que l’obtention du droit de vote est une excellente nouvelle pour la diaspora comorienne en particulier et pour la démocratie comorienne en général. Mais qu’il faut veiller à sa mise en application : à ce que tout le monde puisse voter mais pas seulement ceux qui sont installés dans la région parisienne.
Rien que les faits. Ikililou Dhoinine a été investi président de la République en mai 2011. Il savait qu’il devrait organiser des élections en avril 2014, peut-être les plus lourdes que les Comores aient organisées depuis l’indépendance. Mais, en trois ans et demi, il n’a pu ni faire établir des listes fiables acceptées par tous ni réunir l’argent nécessaire. Résultats : les listes restent approximatives, les cartes d’électeurs partiellement produites et les salaires des fonctionnaires ne sont plus versés régulièrement depuis l’organisation de ces élections. Ce qui était pourtant la seule réussite majeure de la première partie de son quinquennat ! Constater cela et en tirer une leçon pour l’avenir relève non pas du pessimisme ni du rejet de ce nouveau droit durement acquis mais d’une triste et stricte observation des faits.
Je ne voudrais donc pas intenter un procès d’intention au président de la République mais mon inquiétude me semble bien justifiée. Il me paraît difficile de croire que la même personne avec presque la même équipe pourrait faire voter la diaspora comorienne (composée de plusieurs milliers de personnes et répartie dans plusieurs villes) installée en France en moins d’un an dans de bonnes conditions…
Mon contradicteur voudrait en fait que je me mette à genoux pour remercier Saint Ikililou Dhoinine d’avoir accordé ce droit de vote à la diaspora comorienne ! Il voudrait aussi que je me comporte comme une petite fille à qui son père vient de donner un bonbon ! Je l’ai déjà fait dans mon texte et je le redis : merci et mille fois merci M. le Président de la République. Mais je lui demande maintenant de s’impliquer dans l’application du nouveau droit car le diable, dit-on, est toujours dans les détails.
Je réaffirme ma position : oui au droit de vote de la diaspora comorienne. Mais que le gouvernement réunisse toutes les conditions requises pour que tout le monde puisse voter au moins en France dans des conditions acceptables de tous : listes fiables et bureaux de vote implantés de partout sur le territoire français où la diaspora est présente (ne pas oublier la Réunion par exemple).
Mais au fait, notre grand pourfendeur d’injustices, seul membre de la diaspora – seul évidement contre tous ! – à se soucier de l’intérêt général, le seul à défendre la vertu, seul défenseur du bien contre le mal, seul sauveur de la diaspora et de toute la nation comoriennes, notre héros national, a-t-il pensé à la diaspora comorienne implantée à Madagascar, au Maroc, en Egypte, etc. ? Ou celle-là ne relève-t-elle pas de la diaspora ? Ou n’est-elle pas comorienne ? En fait, si on comprend bien la démarche de ce cher monsieur, la diaspora comorienne implantée ailleurs qu’en France métropolitaine ne l’intéresse pas beaucoup. Ce n’est pas étonnant : elle ne fait pas partie de sa boutique ni de son fonds de commerce : elle ne mérite donc pas son attention.
Partisan, disait-il. Qui est le plus partisan de nous deux mon cher Ahmadou Mze Soilihi ?
Nassurdine Ali Mhoumadi,
Docteur ès Lettres, est professeur de Lettres modernes. Ancien enseignant-chercheur à l’Université des Comores, il est le fondateur du groupe scolaire Léopold Sédar Senghor (Nioumadzaha Bambao). Il a signé chez L’Harmattan Un Métis nommé Senghor, Réception de Léopold Sédar Senghor et Le Roman de Mohamed Toihiri dans la littérature comorienne. Il assure depuis mars 2015 une chronique dans Albilad, hebdomadaire publié à Moroni.