L’unité d’un pays est toujours difficile à maintenir : un défi à relever tous les jours ; et l’insularité peut en plus compliquer la situat...
L’unité d’un pays est toujours difficile à maintenir : un défi à relever tous les jours ; et l’insularité peut en plus compliquer la situation. Les Comoriens en savent quelque chose : les dissensions insulaires datent déjà de la période coloniale. La question de Mayotte nous le rappelle encore.
Le séparatisme anjouanais s’est déclenché voilà bientôt vingt ans ! Et il n’est toujours pas réglé. La présidence tournante l’a relativement déminé mais en aucun cas traité : Son mérite est d’avoir cependant apporté un relatif et fragile équilibre institutionnel. C’est à ce dernier que s’en prend Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, l’ancien président de la République comorienne, c’est-à-dire l’ancien garant de ces institutions !
Je l’ai déjà dit ailleurs (« Sambi : un danger pour les Comores », Albilad, 16 mars 2015) : Sambi n’aime la loi que quand elle sert ses intérêts. Sinon, il s’assoit dessus et il est prêt à mettre le feu aux poudres – à la poudrière comorienne, devrais-je dire – pour son ambition personnelle.
Rappel des faits. Azali Assoumani a ignoré la demande de certains de ses proches qui lui conseillaient de jouer sur l’ambiguïté de la constitution pour solliciter un deuxième mandat : il a quitté le pouvoir à quarante-sept ans pour le respect de celle-ci. Et c’est là que Sambi est venu : il l’a modifiée pour prolonger son mandat et a même tenté d’empêcher Mohéli de gouverner. Il n’a quitté Beit Salam que sous la pression nationale (les partis politiques comoriens d’opposition) et internationale (les pays amis des Comores en dehors de la Libye et de l’Iran). Voilà le même Sambi qui annonce le 16 mai dernier à Paris qu’il se porte candidat à l’élection présidentielle de 2016 !
Rêvons un peu ou faisons un peu de politique-fiction. Si l’on part de l’idée que la présidence tournante est maintenue mais que tous les Comoriens peuvent concourir à l’élection présidentielle, Ikililou Dhoinine et Nourdine Bourhane pouraient se présenter également ! Et ils pourraient ainsi s’appuyer sur l’appareil d’Etat pour se maintenir au pouvoir. Et ils auraient des personnes pour les soutenir dans une démarche aussi catastrophique. Ah, mais là je vois tous ceux qui se livrent à cette interprétation fantaisiste de la constitution pour ouvrir un boulevard à Sambi (en vue de ramasser quelques miettes que Sambi voudrait bien leur rejeter) se dépêcher pour condamner une telle démarche…
Mais revenons justement à la candidature de Sambi. Deux schémas sont prévisibles. Soit la démarche de Sambi n’est qu’une tactique partisane (rassembler les siens jusqu’à la date de dépôt des candidatures et se retirer pour laisser celui qui peut porter les couleurs de son parti). Une telle démarche serait stratégiquement habile (malhonnête pour ses militants et sympathisants tout de même !) mais ne menacerait pas l’équilibre institutionnel. Soit il va jusqu’au bout de sa démarche. Et c’est là que la Cour Constitutionnelle aurait l’avenir du pays entre ses mains. Car soit elle rejette cette candidature, et la présidence tournante est respectée ; soit elle la valide, et c’est soit un coup d’Etat (retour à la case départ) soit la frange séparatiste grand-comorienne s’en prend aux anjouanais (répétition de la situation de 1999 en pire). Qui pourrait alors prétendre maîtriser une telle situation ?
L’ennui, c’est que Sambi mettrait en danger les Comoriens originaires d’Anjouan mais lui resterait tranquillement soit à Dubaï soit en France pour conduire tranquillement ses affaires économiques ! On l’a vu dernièrement : il était aux Comores pendant le premier tour des législatives, puis il est reparti tranquillement à l’étranger !
C’est là que le dispositif gouvernemental mis en place par le président de la République peut garantir la stabilité du pays : Hamada Madi Boléro au ministère de la défense, Houmed Msaidié à l’intérieur et Dr Abdoulkarim Mohamed aux affaires étrangères ne permettront pas la désintégration nationale. Je peux ajouter à ce dispositif Dr Abdou Ousseine et Dr Maoulana Charif (respectivement président et vice-président de l’assemblée nationale). Ces deux hommes aideront le gouvernement à maintenir la paix aux Comores.
Ceux qui sont attachés à l’unité nationale et à la stabilité politique du pays qui restent, en réalité la seule richesse de ce pays pauvre, devraient soutenir l’actuel gouvernement à assurer la paix. Car personne, et absolument personne n’a intérêt à ce qu’une guerre civile éclate Moroni.
Nassurdine Ali Mhoumadi
Dr ès Lettres est enseignant et essayiste. Il tient une chronique dans l’hebdomadaire Albilad publié à Moroni.
Le séparatisme anjouanais s’est déclenché voilà bientôt vingt ans ! Et il n’est toujours pas réglé. La présidence tournante l’a relativement déminé mais en aucun cas traité : Son mérite est d’avoir cependant apporté un relatif et fragile équilibre institutionnel. C’est à ce dernier que s’en prend Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, l’ancien président de la République comorienne, c’est-à-dire l’ancien garant de ces institutions !
Je l’ai déjà dit ailleurs (« Sambi : un danger pour les Comores », Albilad, 16 mars 2015) : Sambi n’aime la loi que quand elle sert ses intérêts. Sinon, il s’assoit dessus et il est prêt à mettre le feu aux poudres – à la poudrière comorienne, devrais-je dire – pour son ambition personnelle.
Rappel des faits. Azali Assoumani a ignoré la demande de certains de ses proches qui lui conseillaient de jouer sur l’ambiguïté de la constitution pour solliciter un deuxième mandat : il a quitté le pouvoir à quarante-sept ans pour le respect de celle-ci. Et c’est là que Sambi est venu : il l’a modifiée pour prolonger son mandat et a même tenté d’empêcher Mohéli de gouverner. Il n’a quitté Beit Salam que sous la pression nationale (les partis politiques comoriens d’opposition) et internationale (les pays amis des Comores en dehors de la Libye et de l’Iran). Voilà le même Sambi qui annonce le 16 mai dernier à Paris qu’il se porte candidat à l’élection présidentielle de 2016 !
Rêvons un peu ou faisons un peu de politique-fiction. Si l’on part de l’idée que la présidence tournante est maintenue mais que tous les Comoriens peuvent concourir à l’élection présidentielle, Ikililou Dhoinine et Nourdine Bourhane pouraient se présenter également ! Et ils pourraient ainsi s’appuyer sur l’appareil d’Etat pour se maintenir au pouvoir. Et ils auraient des personnes pour les soutenir dans une démarche aussi catastrophique. Ah, mais là je vois tous ceux qui se livrent à cette interprétation fantaisiste de la constitution pour ouvrir un boulevard à Sambi (en vue de ramasser quelques miettes que Sambi voudrait bien leur rejeter) se dépêcher pour condamner une telle démarche…
Mais revenons justement à la candidature de Sambi. Deux schémas sont prévisibles. Soit la démarche de Sambi n’est qu’une tactique partisane (rassembler les siens jusqu’à la date de dépôt des candidatures et se retirer pour laisser celui qui peut porter les couleurs de son parti). Une telle démarche serait stratégiquement habile (malhonnête pour ses militants et sympathisants tout de même !) mais ne menacerait pas l’équilibre institutionnel. Soit il va jusqu’au bout de sa démarche. Et c’est là que la Cour Constitutionnelle aurait l’avenir du pays entre ses mains. Car soit elle rejette cette candidature, et la présidence tournante est respectée ; soit elle la valide, et c’est soit un coup d’Etat (retour à la case départ) soit la frange séparatiste grand-comorienne s’en prend aux anjouanais (répétition de la situation de 1999 en pire). Qui pourrait alors prétendre maîtriser une telle situation ?
L’ennui, c’est que Sambi mettrait en danger les Comoriens originaires d’Anjouan mais lui resterait tranquillement soit à Dubaï soit en France pour conduire tranquillement ses affaires économiques ! On l’a vu dernièrement : il était aux Comores pendant le premier tour des législatives, puis il est reparti tranquillement à l’étranger !
C’est là que le dispositif gouvernemental mis en place par le président de la République peut garantir la stabilité du pays : Hamada Madi Boléro au ministère de la défense, Houmed Msaidié à l’intérieur et Dr Abdoulkarim Mohamed aux affaires étrangères ne permettront pas la désintégration nationale. Je peux ajouter à ce dispositif Dr Abdou Ousseine et Dr Maoulana Charif (respectivement président et vice-président de l’assemblée nationale). Ces deux hommes aideront le gouvernement à maintenir la paix aux Comores.
Ceux qui sont attachés à l’unité nationale et à la stabilité politique du pays qui restent, en réalité la seule richesse de ce pays pauvre, devraient soutenir l’actuel gouvernement à assurer la paix. Car personne, et absolument personne n’a intérêt à ce qu’une guerre civile éclate Moroni.
Nassurdine Ali Mhoumadi
Dr ès Lettres est enseignant et essayiste. Il tient une chronique dans l’hebdomadaire Albilad publié à Moroni.