Cette semaine, on devait avoir un peu plus d'éclaircissement sur la nouvelle organisation de l'échiquier politique comorien. Sans s...
Cette semaine, on devait avoir un peu plus d'éclaircissement sur la nouvelle organisation de l'échiquier politique comorien. Sans surprise, et malgré ses nombreux allers-retours entre JUWA de Sambi et l'UPDC de Mamadou, le Gouverneur de Ngazidja Mouigni Baraka vient de dire clairement, ce lundi, devant les notables de Ngazidja qu'il a invités à Ngazi Ngome qu'il est à présent l'allié de son ancien ennemi Ahmed Sambi. Tous les observateurs attendent maintenant la réaction du président de la République qui est aussi opposé à Sambi.
On pourrait se dire "chouette" les choses vont devenir plus claires, deux grands axes naitraient ainsi dans la vie politique comorienne, entre les deux gagnants des dernières élections législatives et municipales : UPDC et JUWA.
On pourrait se dire "chouette" les choses vont devenir plus claires, deux grands axes naitraient ainsi dans la vie politique comorienne, entre les deux gagnants des dernières élections législatives et municipales : UPDC et JUWA.
Mais en réalité, il n'en est rien, car la position de Mouigni Baraka reste ambiguë.
Au niveau du Conseil de l'île de Ngazidja, l'alliance Sambi-Mouigni va dégager une majorité, certes une majorité courte, mais elle permettrait, selon des indiscrétions, au RDC de remonter vers l'Assemblée Nationale deux élus (l'UPDC ne lui proposait que la présidence de l'île ou la remontée d'un seul député) et Dudja d'Elbak pourrait ainsi avoir un député.
Que gagne le parti Juwa dans cette alliance ? C'est le mystère. D'autant qu'il risque peut-être de perdre la voix de Fahmi Said Ibrahim, leader du PEC qui a récemment désigné le Gouverneur comme un "voleur" en le comparant au dictateur Bokassa.
Au niveau de l'Assemblée Nationale, il semble que l'Alliance Sambi-Mouigni ne change rien à la donne, le parti gouvernemental continue d'avoir la majorité (d'une voix en l'état actuel des décomptes).
Seulement, il n'est pas encore certain que Mouigni et le RDC fassent à l'Assemblée Nationale ce qu'ils ont fait au Conseil de l'Ile. C'est pourquoi, le Gouverneur prend soin de préciser qu'il est en très bons termes avec le Président de la République et qu'il n'acceptera jamais une candidature de Sambi aux prochaines présidentielles qui doivent voir un originaire de l'île de la Grande-Comore prendre la direction du pays, selon le principe de la tournante inscrite dans la Constitution. Pourtant, le Parti JUWA a fait de la participation de son leader à cette élection l'alpha et l'omega de sa politique et donc de ses alliances, allant jusqu'à affirmer que ce ne sont que les militants de Juwa qui peuvent empêcher Sambi de se présenter, comme s'il nous annonçait qu'un avis défavorable de la Cour Constitutionnelle n'aura aucun effet sur leur décision.
Mais le problème le plus grave, c'est que Mouigni est persuadé qu'il peut faire une alliance avec Sambi et rester lié à Ikililou. Cette idée, les partisans de Mouigni la répètent depuis l'annonce de cette alliance Juwa-RDPC-PEC-Dudja. Pour eux, l'alliance avec Sambi ne les empêche pas d'avoir des représentants dans le gouvernement de l'UPDC.
C'est ainsi que la mise au point de Mouigni de ce matin ne lève pas les ambiguïtés et les interrogations sur les véritables intentions du Gouverneur en établissant cette alliance avec Sambi. Tant que le parti UPDC n'a pas non plus pris acte de la rupture avec Mouigni, nous allons rester dans la politique politicienne. "Tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil"
Il reste une interrogation. Comment Mouigni et ses lieutenants qui ont passé toute la campagne électorale, à tort ou à raison, à expliquer dans les villages de Ngazidja qu'il ne fallait pas voter pour les candidats de Sambi (notamment Fahmi Saïd Ibrahim) car celui-ci allait nous amener le shi'isme, pourront aujourd'hui expliquer aux mêmes personnes qu'il est nécessaire de s'allier avec le même Sambi ?
Contrairement à ce que disait le slogan de sa campagne de Gouverneur, Mouigni Nguro Nayi. Namrentsi rambe eza kweli.
Par Mahmoud Ibrahime
Photo. ©Ngazi Ngomé