Quand la correspondante attribue 15 Députés à Ahmed Sambi, elle en fait vraiment trop. Elle a vraiment fait fort, la nouvelle correspond...
Quand la correspondante attribue 15 Députés à Ahmed Sambi, elle en fait vraiment trop.
Elle a vraiment fait fort, la nouvelle correspondante de Radio France Internationale (RFI) à Moroni, qui a eu le «grand talent» de faire de RFI une succursale du Parti unipersonnel des Consanguins et de la Consanguinité politique d'Ahmed Sambi. En dehors d'un reportage insipide et indigeste qu'elle a fait sur les nouvelles procédures d'inscription des étudiants comoriens dans les établissements d'enseignement supérieur en France, elle ne parle que d'Ahmed Sambi et de son allié Maître Fahmi Saïd Ibrahim, qui vont devenir les véritables maîtres des Comores, selon elle. Avant le second tour des élections, le dimanche 22 février 2015, sans aucun sondage d'opinions à l'appui, mais uniquement mue par son parti pris en faveur d'Ahmed Sambi et Maître Fahmi Saïd Ibrahim, elle annonça avec une imprudence manquant totalement de professionnalisme la victoire électorale du parti d'Ahmed Sambi. Or, à l'issue des résultats proclamés par la Cour constitutionnelle, il s'avéra que le parti d'Ahmed Sambi n'est pas le premier des Comores, mais l'UPDC, «le parti cocotte-minute» du régime politique actuel, qui a obtenu 8 sièges de Députés. En plus, sur 33 Députés, Ahmed Sambi n'en compte que 7.
Mais, attendez parce qu'il y a pire. Anziza Mchangama, la correspondante en question, a une drôle de façon de faire des calculs, et cela conduit à l'inverse de la fameuse boutade qu'on retrouve dans le livre 1984 de George Orwell: «La liberté, c'est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Quand cela est accordé, le reste suit». En effet, samedi 7 mars 2015, le monde entier a entendu Anziza Mchangama se lancer dans ses comptes d'apothicaire, en attribuant potentiellement à Ahmed Sambi 15 des 33 Députés de la nouvelle Assemblée de l'Union des Comores, lui attribuant même un élu à Mohéli, où il n'en a aucun.
Rentrons dans son arithmétique digne du Prix Nobel d'Économie: Ahmed Sambi a fait élire 7 candidats de son parti, plus son allié Maître Fahmi Saïd Ibrahim du Parti de l'Entente comorienne (PEC) et on compte 3 candidats indépendants. En faisant ses calculs, Anziza Mchangama fait 7 élus d'Ahmed Sambi, plus Maître Fahmi Saïd Ibrahim, plus les 3 candidats indépendants = 15 Députés au lieu de 11, en réalité. Il faudrait d'abord qu'elle dise aux gens qui lui a dit que les 3 candidats indépendants vont devenir des alliés d'Ahmed Sambi. Qui le lui a dit?
Qui? Où a-t-il vu que ces candidats indépendants vont s'allier à Ahmed Sambi? Connaît-elle Ahmed Bacar Salim dit «Géant», de Salamani, à Mohéli, et a-t-elle discuté avec lui au sujet de son possible et éventuel ralliement à Ahmed Sambi? Depuis quand aux Comores, être candidat indépendant signifie être un satellite suiviste et un supplétif d'Ahmed Sambi? La correspondante de RFI à Moroni profite de ce que les Blancs qui sont à Issy-les-Moulineaux, en France, ne soient pas au fait des petites réalités politiciennes comoriennes pour enfumer ces gens-là.
À titre personnel, je connais bien RFI, et je n'ai jamais pris vraiment au sérieux les critiques qui visent cette grande radio, au sein de laquelle j'ai une ou deux relations personnelles. RFI est un grande radio. Son seul problème, c'est qu'elle n'a jamais été bien représentée à Moroni, où elle a toujours nommé des amateurs malintentionnés. Il y a eu la calamiteuse parenthèse Kamal-Edine Saïndou, pendant laquelle tous les sujets devaient être relatifs à Anjouan, aux séparatistes anjouanais et à Mayotte au regard du séparatisme anjouanais. Ses «analyses» étaient tout simplement lamentables et pitoyables, surtout pour des oreilles habituées à suivre les reportages de vrais journalistes. Par la suite, il y a eu la catastrophe des catastrophes: Ahmed Abdallah Mguéni, le journaliste de salon qui ne partait jamais là où il y avait l'information.
En 2010, alors que les Mohéliennes se faisaient avorter à des coups de matraques et de crosses d'armes à feu, pendant que des journalistes venaient de Mayotte, Afrique du Sud, Madagascar et la Réunion, Monsieur le correspondant était à Moroni, refusant d'aller voir ce qui se passait à Mohéli. Personnellement, j'avais contacté quelqu'un à RFI et lui avais transmis des numéros de téléphone de militants et militantes à Mohéli, et ces militants et militantes avaient été appelés par ces journalistes de Paris, pendant que le chauvin incompétent payé pour faire le travail aux Comores se vautrait dans les salons en train de raconter des histoires à ses employeurs. Et puis, il y a la crypto-sambiste Anziza Mchangama qui, si Ahmed Sambi n'existait pas, l'aurait créé de ses propres mains, rien que pour lui attribuer le Parlement et le Gouvernement des Comores.
Quand Anziza Mchangama s'est lancée dans des divagations hasardeuses sur l'inévitable victoire d'Ahmed Sambi qui allait obliger le Président Ikililou Dhoinine à un gouvernement de «cohabitation», nous lui avons clairement signifié sur ce site qu'elle se trompait lourdement. Et elle s'est trompée sur toute la ligne.
Pour disposer de la majorité absolue à l'Assemblée de l'Union des Comores, il aurait fallu au parti d'Ahmed Sambi au moins 17 Députés, et il en a combien, si ce n'est 7 Députés plus Maître Fahmi Saïd Ibrahim, soit 8 élus, en attendant que les 3 Députés indépendants cessent d'être indépendants dans le pays de la transhumance politique? En même temps, malgré les zigzags et contorsions politiques de Houmed Msaïdié, le RADHI ne peut pas se rallier à Ahmed Sambi. Mouigni Baraka, emporté par sa boulimie de pouvoir (après celle de la viande de chèvre à Itsoundzou) devant faire de lui un candidat à l'élection présidentielle, n'exclut pas de s'allier à Ahmed Sambi, mais Ahmed Sambi a déjà son Fahmi Saïd Ibrahim et y tient, et ce dernier est le concurrent, dans la région d'Itsandra, du Gouverneur Mouigni Baraka, le plus grand boxeur-catcheur comorien de tous les temps.
Faire cohabiter loups et agneaux peut être possible dans certains cas extrêmes, mais faire cohabiter Mouigni Baraka et Fahmi Saïd Ibrahim relève de la mission impossible. Et il reste Azali Assoumani, l'homme de la CRC et de ses deux candidats élus. Azali Assoumani a dit deux choses: «Rien ne m'interdit de travailler en politique avec Ahmed Sambi, et en la matière, il n'existe pas de ligne rouge pour moi» et «Je ne m'en cache pas: je suis en position de mendicité à l'égard d'Ikililou Dhoinine, parce que je veux devenir Président et je veux pouvoir compter sur son aide». Et même si le Vice-président Mohamed Ali Soilihi est retourné en grâce à Beït-Salam, au détriment du Colonel Azali Assoumani, ce dernier n'acceptera pas d'être caporalisé par un Ahmed Sambi.
Alors, Anziza Mchangama est libre d'attribuer 15 Députés à Ahmed Sambi, et c'est son problème, mais elle doit comprendre qu'à force de prendre ses désirs pour de la réalité, elle se discrédite chaque jour un peu plus. Elle peut continuer à enfumer ses employeurs d'Issy-les-Moulineaux mais tout en sachant que tous ceux qui l'écoutent ne lui font pas confiance. Bon courage, Madame, et ne changez surtout pas. Les Blancs qui sont à Issy-les-Moulineaux, dans cette belle banlieue parisienne, ne vous sanctionneront pas, mais certains auditeurs de la Radio mondiale disposent librement de leur mépris. Et le mépris ne se censure pas, et ne se négocie pas.
ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 9 mars 2015.