«Les Comoriens et les Mahorais ne forment qu’un seul et unique peuple» Tiken Jah Fakoly est un immense artiste « panafricain » d’origine ...
«Les Comoriens et les Mahorais ne forment qu’un seul et unique peuple»
Tiken Jah Fakoly est un immense artiste «panafricain» d’origine ivoirienne qu’on ne présente plus. C’est un homme de paix et de justice, qui met son immense talent au service de la paix, de l’État de Droit, de la démocratie, de la Justice et de l’unité sur un continent africain meurtri par la dictature et les divers conflits provoqués par les «“Saigneurs” de guerre», dont les faits sanglants sont qualifiés de «caprices meurtriers de brutes galonnées» par l’ami Philippe Leymarie, longtemps journaliste à Radio France Internationale (RFI) et toujours collaborateur du mensuel Le Monde diplomatique: Philippe Leymarie: Du «pacte colonial» au choc des ingérences, in Afrique des malédictions, espoirs des Africains (Dossier), Le Monde diplomatique, Paris, mai 1993, pp. 14-15. Tiken Jah Fakoly lui-même avait dû quitter sa Côte-d’Ivoire pour se réfugier au Mali quand son pays était en proie à la haineuse «ivoirité», source de plusieurs malheurs ayant affecté toute l’Afrique occidentale, au-delà de la Côte-d’Ivoire. Le samedi 6 décembre 2014, il était en concert à Mtsahara, sur l’île de Mayotte, dans le cadre du festival musical organisé par cette ville. L’occasion était très belle pour le journal mahorais le Flash Infos de participer à sa conférence de presse à l’Hôtel Maharajah de Mamoudzou et lui poser de nombreuses questions aussi intéressantes les unes que les autres. Naturellement, quand il a fallu parler de Mayotte au regard des Comores, il n’a pas fait de la complaisance. Il a parlé avec la franchise qui a toujours fait le charme de son discours.
Si les Mahorais s’attendaient à ce qu’il leur donne raison, ils en seront à leurs frais. Si les «bons et vrais Comoriens» croyaient qu’il allait se lancer dans une condamnation systématique du choix fait par Mayotte, ils devront se faire une raison parce que le célèbre reggae man a choisi de placer les uns et les autres devant leurs propres contradictions et responsabilités, sans oublier de les appeler à plus de maturité pour éviter des drames humains qui n’ont fait que trop de malheureux et d’endeuillés. Les Mahorais et les «bons et vrais Comoriens» devraient y réfléchir s’ils veulent retrouver les voies devant conduire à l’apaisement et pour dépasser certaines incompréhensions. De cette longue interview, nous ne retenons que la partie consacrée aux relations très complexes entre Mayotte et le reste de l’Archipel des Comores. Quand il aborde la question du départ en mer d’Anjouan vers Mayotte, dans des conditions périlleuses, il dit ce qu’on ne veut pas entendre aux Comores: ce voyage est inutile car toute cette affaire est liée à des conditions économiques désastreuses provoquées par les dirigeants comoriens, et les Comoriens gagneraient à développer leur propre pays au lieu de se lancer dans des aventures suicidaires. N’est-ce pas ce que nous affirmons tout le temps sur ce site et que les «bons et vrais Comoriens» refusent d’admettre?
Flash Infos: Considérez-vous Mayotte comme une île africaine?
Tiken Jah Fakoly: Absolument! Mayotte, c’est L’Afrique! Bien que les Mahorais aient choisi de devenir Français, ils n’en restent pas moins d’origine africaine, et mon combat pour l’Afrique doit aussi être le leur!
Flash Infos: Pensez-vous que ce choix des Mahorais de rester Français était une erreur de leur part ?
Tiken Jah Fakoly: C’est un choix que je trouve discutable, mais je ne porte pas de jugement. Les Mahorais ont choisi leur destin, et nous nous devons tous de respecter cela. Cependant, ce choix a provoqué une scission entre Mayotte et les autres îles des Comores, et je trouve cela très grave, car les Comoriens et les Mahorais ne forment qu’un seul et unique peuple. Il n’est pas normal qu’il y ait tant de conflits entre eux. Le fait que Mayotte soit française provoque beaucoup de problèmes d’immigration, et beaucoup de Comoriens trouvent la mort en tentant de venir à Mayotte. Les Mahorais n’ont pas eu entièrement tort de faire ce choix, car l’Europe est une grande force économique et politique actuelle. Ils ont choisi de profiter des avantages que leur offrait le présent. Mais, comme je le disais, l’avenir, c’est l’Afrique! Et quand les Mahorais devront payer des impôts au même titre que tous les autres Français, cela va sans doute leur faire très mal!
Flash Infos: Que pensez-vous de l’immigration des Comoriens à Mayotte?
Tiken Jah Fakoly: Je pense que les Comoriens ont tout à fait le droit de venir à Mayotte, mais je ne pense pas que ce soit réellement une bonne solution pour eux. Moi, je pense qu’il ne faut pas fuir son pays, mais qu’il faut au contraire y rester pour tenter de le construire, de le développer. La fuite n’est pas une solution. Si nos parents avaient fui l’Afrique à l’époque de l’esclavage, ce dernier y serait sans doute encore présent, à l’heure actuelle, car il n’y aurait eu personne pour le combattre, pour faire changer les choses en profondeur! C’est sur place qu’il faut mener le combat, même si cela est difficile. La place des Africains est en Afrique, et pas ailleurs! Je ne pense donc pas que les Comoriens fassent le bon choix en tentant de venir à Mayotte au péril de leur vie. Ils devraient rester aux Comores afin de tenter de développer au mieux leur archipel, qui possède aussi des ressources extraordinaires. Malheureusement, les Comoriens n’en ont pas encore conscience, et c’est bien dommage !
Source: Nora Godeau: «Je suis un soldat au combat pour l’Afrique» (Interview de Tiken Jah
Fakoly), Flash Infos n°3563, Mamoudzou, vendredi 5 décembre 2014, p. 7.
© lemohelien – Lundi 8 décembre 2014.
Tiken Jah Fakoly est un immense artiste «panafricain» d’origine ivoirienne qu’on ne présente plus. C’est un homme de paix et de justice, qui met son immense talent au service de la paix, de l’État de Droit, de la démocratie, de la Justice et de l’unité sur un continent africain meurtri par la dictature et les divers conflits provoqués par les «“Saigneurs” de guerre», dont les faits sanglants sont qualifiés de «caprices meurtriers de brutes galonnées» par l’ami Philippe Leymarie, longtemps journaliste à Radio France Internationale (RFI) et toujours collaborateur du mensuel Le Monde diplomatique: Philippe Leymarie: Du «pacte colonial» au choc des ingérences, in Afrique des malédictions, espoirs des Africains (Dossier), Le Monde diplomatique, Paris, mai 1993, pp. 14-15. Tiken Jah Fakoly lui-même avait dû quitter sa Côte-d’Ivoire pour se réfugier au Mali quand son pays était en proie à la haineuse «ivoirité», source de plusieurs malheurs ayant affecté toute l’Afrique occidentale, au-delà de la Côte-d’Ivoire. Le samedi 6 décembre 2014, il était en concert à Mtsahara, sur l’île de Mayotte, dans le cadre du festival musical organisé par cette ville. L’occasion était très belle pour le journal mahorais le Flash Infos de participer à sa conférence de presse à l’Hôtel Maharajah de Mamoudzou et lui poser de nombreuses questions aussi intéressantes les unes que les autres. Naturellement, quand il a fallu parler de Mayotte au regard des Comores, il n’a pas fait de la complaisance. Il a parlé avec la franchise qui a toujours fait le charme de son discours.
Si les Mahorais s’attendaient à ce qu’il leur donne raison, ils en seront à leurs frais. Si les «bons et vrais Comoriens» croyaient qu’il allait se lancer dans une condamnation systématique du choix fait par Mayotte, ils devront se faire une raison parce que le célèbre reggae man a choisi de placer les uns et les autres devant leurs propres contradictions et responsabilités, sans oublier de les appeler à plus de maturité pour éviter des drames humains qui n’ont fait que trop de malheureux et d’endeuillés. Les Mahorais et les «bons et vrais Comoriens» devraient y réfléchir s’ils veulent retrouver les voies devant conduire à l’apaisement et pour dépasser certaines incompréhensions. De cette longue interview, nous ne retenons que la partie consacrée aux relations très complexes entre Mayotte et le reste de l’Archipel des Comores. Quand il aborde la question du départ en mer d’Anjouan vers Mayotte, dans des conditions périlleuses, il dit ce qu’on ne veut pas entendre aux Comores: ce voyage est inutile car toute cette affaire est liée à des conditions économiques désastreuses provoquées par les dirigeants comoriens, et les Comoriens gagneraient à développer leur propre pays au lieu de se lancer dans des aventures suicidaires. N’est-ce pas ce que nous affirmons tout le temps sur ce site et que les «bons et vrais Comoriens» refusent d’admettre?
Flash Infos: Considérez-vous Mayotte comme une île africaine?
Tiken Jah Fakoly: Absolument! Mayotte, c’est L’Afrique! Bien que les Mahorais aient choisi de devenir Français, ils n’en restent pas moins d’origine africaine, et mon combat pour l’Afrique doit aussi être le leur!
Flash Infos: Pensez-vous que ce choix des Mahorais de rester Français était une erreur de leur part ?
Tiken Jah Fakoly: C’est un choix que je trouve discutable, mais je ne porte pas de jugement. Les Mahorais ont choisi leur destin, et nous nous devons tous de respecter cela. Cependant, ce choix a provoqué une scission entre Mayotte et les autres îles des Comores, et je trouve cela très grave, car les Comoriens et les Mahorais ne forment qu’un seul et unique peuple. Il n’est pas normal qu’il y ait tant de conflits entre eux. Le fait que Mayotte soit française provoque beaucoup de problèmes d’immigration, et beaucoup de Comoriens trouvent la mort en tentant de venir à Mayotte. Les Mahorais n’ont pas eu entièrement tort de faire ce choix, car l’Europe est une grande force économique et politique actuelle. Ils ont choisi de profiter des avantages que leur offrait le présent. Mais, comme je le disais, l’avenir, c’est l’Afrique! Et quand les Mahorais devront payer des impôts au même titre que tous les autres Français, cela va sans doute leur faire très mal!
Flash Infos: Que pensez-vous de l’immigration des Comoriens à Mayotte?
Tiken Jah Fakoly: Je pense que les Comoriens ont tout à fait le droit de venir à Mayotte, mais je ne pense pas que ce soit réellement une bonne solution pour eux. Moi, je pense qu’il ne faut pas fuir son pays, mais qu’il faut au contraire y rester pour tenter de le construire, de le développer. La fuite n’est pas une solution. Si nos parents avaient fui l’Afrique à l’époque de l’esclavage, ce dernier y serait sans doute encore présent, à l’heure actuelle, car il n’y aurait eu personne pour le combattre, pour faire changer les choses en profondeur! C’est sur place qu’il faut mener le combat, même si cela est difficile. La place des Africains est en Afrique, et pas ailleurs! Je ne pense donc pas que les Comoriens fassent le bon choix en tentant de venir à Mayotte au péril de leur vie. Ils devraient rester aux Comores afin de tenter de développer au mieux leur archipel, qui possède aussi des ressources extraordinaires. Malheureusement, les Comoriens n’en ont pas encore conscience, et c’est bien dommage !
Source: Nora Godeau: «Je suis un soldat au combat pour l’Afrique» (Interview de Tiken Jah
Fakoly), Flash Infos n°3563, Mamoudzou, vendredi 5 décembre 2014, p. 7.
© lemohelien – Lundi 8 décembre 2014.
