Comment créer un engouement autour de nos auteurs? Il y a deux semaines se tenaient au CNDRS (Centre National de Recherche Scientifique/ ...
Comment créer un engouement autour de nos auteurs?
Oluren Fekre
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.
Il y a deux semaines se tenaient au CNDRS (Centre National de Recherche Scientifique/ Musée, Archives Nationales) une causerie autour des écrivains comoriens représentés entre autres par le plus médiatique d'entre eux, Soeuf El Badawi et l'un des plus respectés Aboubacar Said Salim (voir photo). l'évènement visait à susciter de l'intérêt chez les jeunes pour ce qui se produit littérairement dans l'archipel.
A la fin de cette année sort "Mohéli ou le destin conté de Djumbé Fatima" de Salim Hatubou, l'un des écrivains les plus prolifiques de la jeune littérature comorienne.
Comment créer un engouement, un vif intérêt chez les jeunes autour de la chose littéraire comorienne si les dispositifs de promotion du livre se répètent, s'auto-formatent et manquent de vie?
En effet à l'heure de la toute puissante communication, les écrivains comoriens comme leurs homologues du Nord promeuvent leurs oeuvres souvent en invitant les lecteurs à une rencontre littéraire. Le dispositif est souvent le même, des extraits de textes sont lus, une hagiographie à l'endroit de l'artiste est prononcée et l'assistance qui n'a pas lu le livre et qui ne le lira peut etre jamais est priée d'applaudir et de célébrer l'artiste en présence.
Dans un pays où on lit peu, où les livres sont là pour orner les étagères du salon pour donner des gages de culture au visiteur, la promotion littéraire telle qu'elle est pratiquée sous nos cieux ne créera pas d'appétit réel et viscéral pour les oeuvres proposées. En l'état, la promotion littéraire cree tout au plus du respect pour les auteurs mais pas de passion , pas d'amour pour ce qu'ils proposent.
Trop de respect, de salamalecks envers les auteurs, pas assez de débat, pas assez de critique -violente, constructive ou autre -
Notre sphère culturelle fonctionne comme les autres sphères politiques, sociales en mettant la politesse pour pas dire l'hypocrisie comme principe directeur de tout. "Qui ne me fait pas d'éloges est forcément contre moi". Sans oublier les côteries familiales qui font qu'une région entière fêtera son écrivain de fils en le parant de toutes les vertus littéraires sans avoir même lu une ligne du génialissime rejeton.
Aux jeunes du dedans et du dehors, Aux amateurs de littérature, n'ayez pas peur, dites ce que vous pensez , disséquer les livres, lisez les et si vous ne les aimez pas dites le en disant pourquoi.
C'est ça respecter nos auteurs, c'est ainsi qu'on leur rendra service et qu'on les poussera à aller chercher le meilleur d'eux mêmes. Parce qu'ils auront à coeur de se dépasser , parce que ils se sauront attendus.
Il y aura toujours des âmes qui à la première critique même constructive vous diront "écrivez au lieu de kiritiker", comme on nous dit "engagez vous en politique au lieu de l'analyser". Eux n'ont rien compris, car la littérature marche sur deux jambes, l'une est celle des créateurs de monde, l'autre est celle des lecteurs et des critiques littéraires qui mettent en pespective l'oeuvre proposée.
Oluren Fekre
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