L’affaire de la stèle sur les morts du Visa Balladur à Moroni se poursuit. Il y a trois semaines, c’était un sujet de débat sur le net, et ...
L’affaire de la stèle sur les morts du Visa Balladur à Moroni se poursuit. Il y a trois semaines, c’était un sujet de débat sur le net, et dans la capitale comorienne. M. Djouhoud, le préfet de Moroni, accompagné de la gendarmerie nationale (deux gendarmes du nom de Ben et de Soule, de la brigade à Moroni), interdisaient à l’artiste Soeuf Elbadawi de poursuivre le projet d’une stèle en hommage aux victimes du Visa Balladur sur la fameuse Place de France, place coloniale.
On apprend
aujourd’hui que cette interdiction est en réalité une intrigue
orchestrée par les hommes du lieutenant-colonel Rafik Abdallah,
commandant de la gendarmerie nationale. Le même Rafik Abdallah, qui
aurait déjà abattu deux panneaux proclamant « Mayotte, île comorienne »,
posés par les membres du Comité Maore, sur la dite Place de France et
du côté du Conseil de l’île. Un troisième panneau de rue a failli
tomber, apprend-on via le Comité Maore par ses soins, avec le soutien
d’un ancien gendarme, Fakri Mradabi. Abou Issa, adjoint de Rafik
Abdallah, serait venu menacer l’artiste, un peu avant l’interruption des
travaux sur la Place de France, de la démolition probable de la stèle
par ses hommes.
Aujourd’hui
circonspect, l’artiste annonce l’abandon de son projet, malgré une
autorisation du maire de Moroni, M. Laissi Ben Ali, qui, lui, ne s’est
pas prononcé sur la question (par peur d’être mal vu ?), depuis
l’interruption des dits travaux : « Je n’ai pas voulu réaliser un
projet à caractère perso. J’ai sollicité des politiques, des
architectes, des artistes pour commettre ce projet ensemble. C’est par
défaut que c’est devenu le projet de Soeuf Elbadawi. Voilà pourquoi il
me faut arrêter. Pour ne pas ajouter de la confusion à la confusion
générale. La stèle concerne tout le monde. Raison pour laquelle je
préfère qu’une institution comme Comité Maore, avec notre soutien, bien
sûr, porte le projet. Cela nous évitera probablement de confondre les
choses. Il est question de dignité et de souveraineté nationale ici, et
non de ma petite personne » explique l’artiste.
On
dit qu’un article de Kamardine Soule sur l’affaire avait été censuré
dans le journal Al-Watwan du 13 novembre 2014 par son directeur, Mohamed
Abdou Soimadou. On sait aussi que l’artiste a du payer, comme pour une
vulgaire publicité, au journal national, pour avoir le droit de publier
un texte sur le Visa Balladur à la même date. Ce qui veut dire que le
journal a fait payer pour une information qu’elle se refuse à donner
elle-même à ses lecteurs, concernant les morts Balladur, une tragédie
que l’on dit « nationale ». Un texte qui peut être lu par ailleurs sur
le blog du Muzdalifa House.
Soeuf
Elbadawi vient de demander aux membres du Comité Maore de bien vouloir
incarner le projet à sa place, sachant que l’autorisation du maire reste
toujours valable. Les décisions du préfet et de la gendarmerie n’ont en
effet aucune valeur juridique. Pour Soeuf Elbadawi : « Ce projet
prendrait plus de hauteurs, si le Comité Maore acceptait de le défendre,
non pas comme un projet d’artiste, mais plutôt comme une nécessité de
pays, à inscrire dans l’urgence ». Le Comité Maore, pour sa part,
vient de lui notifier son soutien par écrit avec une motion, rédigée le
12 novembre 2014, avec des membres de la société civile réunie au Palais
du peuple à Moroni. Et sur le net, trône toujours une pétition en
faveur de la stèle sur avaaz.org.
MB
Publié par murballadur13