Le pouvoir politique de l’île est faible. La corruption est endémique. Mais les Occidentaux ont décidé de revenir quand même. Cette anné...
Le pouvoir politique de l’île est faible. La corruption est endémique. Mais les Occidentaux ont décidé de revenir quand même.
Cette année, l’Union européenne et la France ont repris leur appui financier à l’État malgache. Les administrations ont acté que l’élection du nouveau président, Hery Rajaonarimampianina, avait été démocratique et qu’elle signait la fin de cinq années de crise politique. Cette normalisation a même fait revenir d’Afrique du Sud l’ancien président destitué Marc Ravalomanana, aussitôt placé en résidence surveillée.
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Les bailleurs de fonds veulent croire que le pays est de nouveau sur des rails, mais chacun constate, en privé, la faiblesse du pouvoir en place. « L’île pourrait prendre le chemin d’Haïti, avec une corruption endémique et une élite qui ne croit plus dans le pays », remarque l’un des diplomates en poste à Antananarivo. Chacun, du haut au bas de l’échelle sociale, est obligé de payer pour obtenir ce qu’il veut. Dans ce climat, le pouvoir en place est soupçonné de vendre les richesses du pays aux plus offrants. Le sucre, la vanille, les mines, les pierres précieuses, le bois sont cédés aux intérêts étrangers, souvent asiatiques, parfois français.
Dans le même temps, ceux qui vendent le pays peuvent adapter leurs discours aux exigences des donateurs occidentaux. Invité à déjeuner pour parler d’environnement, un « conseiller économique de la présidence », membre d’une des grandes familles locales, choisit dans ses multiples cartes de visite celle qui correspond à sa responsabilité au sein d’une ONG de défense de la biodiversité locale.
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Les Malgaches d’influence ont compris que la préoccupation des bailleurs était désormais à l’environnement. De l’argent international est disponible pour les projets qui préservent le climat. Alors, ils assurent au visiteur que la préservation de la nature de l’île est leur préoccupation majeure. Depuis Antananarivo, ils constatent que les cyclones sont plus violents, la sécheresse plus accentuée, les cultures plus difficiles. Sur place, dans les champs, les agriculteurs ne semblent pas avoir pris conscience de ces catastrophes annoncées.
Les hommes d’Antananarivo en costumes gris impeccable n’ont pas souvent rencontré la nature malgache. Mais ils sont prêts à en parler. « Une ONG américaine nous donne des fonds pour la préservation de 12 couples d’aigles », s’étonne le conseiller économique de la présidence. « L’avantage de montrer nos sites naturels aux bailleurs, c’est qu’ensuite ils ouvrent le portefeuille plus facilement », en conclut-il.
Les bailleurs de fonds publics sont de retour, en dépit de la corruption ambiante. Un couple de touristes français s’en offusque : « Ce sont nos impôts qui paient tout ça ! » Un des principaux hommes d’affaires d’Antananarivo s’en félicite : « C’est important, car sans cela les Occidentaux laisseraient l’île aux mains d’intérêts moins scrupuleux. » Il cite le commerce du bois de rose, prohibé, et qui fait les affaires de nombreux Asiatiques. Un navire rempli de ce bois vient d’être intercepté au port de Singapour.
Pierre Cochez, à Antananarivo |la-croix.com
Cette année, l’Union européenne et la France ont repris leur appui financier à l’État malgache. Les administrations ont acté que l’élection du nouveau président, Hery Rajaonarimampianina, avait été démocratique et qu’elle signait la fin de cinq années de crise politique. Cette normalisation a même fait revenir d’Afrique du Sud l’ancien président destitué Marc Ravalomanana, aussitôt placé en résidence surveillée.
> A lire aussi :Madagascar : Le FMI devrait débloquer une première aide
Les bailleurs de fonds veulent croire que le pays est de nouveau sur des rails, mais chacun constate, en privé, la faiblesse du pouvoir en place. « L’île pourrait prendre le chemin d’Haïti, avec une corruption endémique et une élite qui ne croit plus dans le pays », remarque l’un des diplomates en poste à Antananarivo. Chacun, du haut au bas de l’échelle sociale, est obligé de payer pour obtenir ce qu’il veut. Dans ce climat, le pouvoir en place est soupçonné de vendre les richesses du pays aux plus offrants. Le sucre, la vanille, les mines, les pierres précieuses, le bois sont cédés aux intérêts étrangers, souvent asiatiques, parfois français.
Dans le même temps, ceux qui vendent le pays peuvent adapter leurs discours aux exigences des donateurs occidentaux. Invité à déjeuner pour parler d’environnement, un « conseiller économique de la présidence », membre d’une des grandes familles locales, choisit dans ses multiples cartes de visite celle qui correspond à sa responsabilité au sein d’une ONG de défense de la biodiversité locale.
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L’environnement au cœur des préoccupations des bailleurs de fonds
Les Malgaches d’influence ont compris que la préoccupation des bailleurs était désormais à l’environnement. De l’argent international est disponible pour les projets qui préservent le climat. Alors, ils assurent au visiteur que la préservation de la nature de l’île est leur préoccupation majeure. Depuis Antananarivo, ils constatent que les cyclones sont plus violents, la sécheresse plus accentuée, les cultures plus difficiles. Sur place, dans les champs, les agriculteurs ne semblent pas avoir pris conscience de ces catastrophes annoncées.
Les hommes d’Antananarivo en costumes gris impeccable n’ont pas souvent rencontré la nature malgache. Mais ils sont prêts à en parler. « Une ONG américaine nous donne des fonds pour la préservation de 12 couples d’aigles », s’étonne le conseiller économique de la présidence. « L’avantage de montrer nos sites naturels aux bailleurs, c’est qu’ensuite ils ouvrent le portefeuille plus facilement », en conclut-il.
Les bailleurs de fonds publics sont de retour, en dépit de la corruption ambiante. Un couple de touristes français s’en offusque : « Ce sont nos impôts qui paient tout ça ! » Un des principaux hommes d’affaires d’Antananarivo s’en félicite : « C’est important, car sans cela les Occidentaux laisseraient l’île aux mains d’intérêts moins scrupuleux. » Il cite le commerce du bois de rose, prohibé, et qui fait les affaires de nombreux Asiatiques. Un navire rempli de ce bois vient d’être intercepté au port de Singapour.
Pierre Cochez, à Antananarivo |la-croix.com