Cochon qui s'en dédit: notre Cour constitutionnelle n'a pas été courageuse plus de 4 heures. Loutfi « Adinane » Soulaïmane a l...
Cochon qui s'en dédit: notre Cour constitutionnelle n'a pas été courageuse plus de 4 heures.
Loutfi «Adinane» Soulaïmane a l'air d'un homme très austère, qui évite desourire. Tout en lui respire l'austérité. On se demande même s'il lui arrive d'esquisser un début de sourire, dans son intimité familiale ou à la Cour constitutionnelle, qui n'a de constitutionnelle que le nom. Pourtant, depuis mardi 9 décembre 2014, à défaut de rire lui-même, il fait beaucoup rire les autres, puisqu'il s'est spécialisé dans l'art d'amuser le tapis. Finalement, il est devenu très marrant, ce Président de la Cour constitutionnelle. Voilà un homme qui, dans un message SMS envoyé sur les téléphones portables d'un certain nombre de personnes, signalait que le dernier délai pour le dépôt des recours pour validation de candidatures était ce même mardi 9 décembre 2014, faisant du «Mémorandum d'Entente» signé par l'inévitable, inimitable, hallucinant et hallucinogène Houssen Hassan Ibrahim, joyeux et truculent, voire sémillant ministre de l'Intérieur, de l'Information, de la Décentralisation, chargé des Relations avec les Institutions (quelle joie!) et 49 partis politiques un chiffon qu'on peut jeter dans les toilettes et tirer la chasse d'eau d'un coup violent et sec. Et là, toute honte bue, et sans sourire, puisqu'il ne sourit jamais, le même jour, le même Loutfi «Adinane» Soulaïmane publie un docte et très érudit communiqué destiné à faire comprendre aux uns et autres qu'il n'était pas souhaitable de se rendre le même jour au siège de la Cour constitutionnelle parce que celle-ci était envahie par des insectes. Une invasion d'insectes? S'agit-il de criquets venus de Madagascar ou d'essaims d'abeilles venues de Tuvalu, Kiribati et Vanuatu, voire de Pago-Pago?
Le fameux communiqué ne le dit pas. C'est du jamais vu. En tout cas, les insectes ont beau dos et on peut les accuser de tout puisqu'ils ne peuvent pas se défendre verbalement face aux hommes. Aller jusqu'à mettre les bêtises des hommes sur le compte des insectes… C'était la seule bêtise qui n'était pas commise par les autorités comoriennes, et désormais, c'est chose faite. Accuser des insectes! Il fallait le faire. Et Loutfi «Adinane» Soulaïmane n'a pas eu honte de sortir une telle énormité. Des insectes… La République est tombée bien bas.
Alors que les Comoriens disaient avoir tout vu dans le cadre de cette élection de la part de l'inimitable Houssen Hassan Ibrahim et de l'inégalable Loutfi «Adinane» Soulaïmane, voilà le Président de la Cour constitutionnelle qui revient à la charge par un «Communiqué» du mercredi 10 décembre 2014, qui remet en cause son propre message par SMS du 9 décembre 2014. Lisons la dernière prose du très distingué Loutfi «Adinane» Soulaïmane: «Dans le cadre de l'examen du contentieux des candidatures, le Président de la Cour constitutionnelle invite les têtes de listes dont les candidatures à l'élection des conseillers communaux ont été rejetées par la CÉNI pour cause d'alternance non respectée à réaménager leurs listes de candidats en respectant l'ordre prévu par l'article 72 de la loi n°14-004 du 12 avril 2014 relative au Code électoral. […]. Les formulaires doivent être déposés auprès du Greffe de la Cour constitutionnelle par tous moyens appropriés, dans un délai de 72 heures, à compter du 11 décembre 2014». C'est très bien. En même temps, Loutfi «Adinane» Soulaïmane doit répondre à une question fondamentale et vitale: que fait-il de son fameux SMS du mardi 9 décembre 2014 et pourquoi ne se rend-il pas compte qu'il est entré en contradiction avec lui-même? Comment un dirigeant étatique de ce niveau peut-il se livrer à une mascarade aussi sinistre? Car il s'agit d'une sinistre mascarade. Qu'on se le dise… En même temps, on constate que, comme dans le cas de la CÉNI, le mot «parité» n'est pas encore parvenu aux oreilles de l'honorable Président de la Cour constitutionnelle, qui parle, lui aussi de l'horrible «alternance», alors que dans le jargon politique, le mot «alternance» ne signifie pas «parité hommes-femmes», mais changement de régime politique ou d'équipe gouvernementale. Bien évidemment, Loutfi «Adinane» Soulaïmane, imitant en cela la CÉNI, est dans une logique de Comoricains, ces Comoriens vantards qui aiment nasiller des termes de Science politique, notamment anglo-saxons, qu'ils ne maîtrisent pas. Le dernier mot à la mode maintenant est «confédération», et ceux qui en parlent ne savent même pas qu'une confédération signe l'arrêt de l'État aux Comores, puisqu'il s'agit d'une communauté regroupant des États indépendants. Mais, qu'à cela ne tienne…
Par ces zigzags et micmacs, le Président de la Cour constitutionnelle vient de prouver qu'il ne maîtrise pas son affaire. Il y a trop de cafouillages et de couacs entre le ministère de Houssen Hassan Ibrahim, la CÉNI et la Cour constitutionnelle. Et puis, il y a la merveille des merveilles, les contradictions dans la tête de Son Excellence Monsieur Loutfi «Adinane» Soulaïmane, l'homme qui se contredit plus vite que son ombre. Il est dans une posture de servilité, que Pierre Péan qualifiait, ailleurs, dans le cas Laurent Dona Fologo, en Côte-d'Ivoire, sous Houphouët-Boigny, d'«anthologie de la servilité». Ne rions pas parce que le sujet est suffisamment grave. L'homme de la Cour constitutionnelle a compris que son SMS avait fait des dégâts sur le dos du gouvernement et se rattrape en commettant d'autres dégâts, qui lui enlèvent complètement toute forme de crédibilité personnelle. Mais, aux Comores actuellement, moins on est crédible, mieux on est classé dans les sphères du pouvoir. En tout et pour tout, Loutfi «Adinane» Soulaïmane n'a pas été courageux plus de 4 heures. On se croirait à l'époque de Saïd Mohamed Djohar, quand le Premier ministre nommé le matin était sommé par Saïd Abdallah Mchangama de démissionner le soir.
ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 13 décembre 2014.
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