Le Grand Docteur Ali Abdou Mdahoma mouille sa belle chemise dans l'eau électorale
Le Grand Docteur Ali Abdou Mdahoma mouille sa belle chemise dans l'eau électorale
On peut être de l'UPDC, le parti des fameux Rats des Comores, selon la phraséologie virile et charnelle du Vice-président Fouad Mohadji, et être quelqu'un de sympathique, humain et fréquentable. Si l'irascible grognon national qu'est le Vice-président Nourdine Bourhane n'avait pas créé des obstacles à la ministre Bahia Massounde, celle-ci aurait pu apporter de la fraîcheur, de l'expérience, une touche de féminité et de la compétence à cette Assemblée de l'Union des Comores engluée dans les scandales, la corruption et l'incompétence au cours de la dernière législature. En toute logique et objectivement, ce n'est pas parce que Mme Bahia Massounde est de l'UPDC qu'elle ne devait pas être soutenue.
Bien évidemment, il ne s'agit pas de pousser les partis politiques à faire des pactes avec Satan, mais d'évaluer certaines candidatures avec un regard moins hostile, quel que soit le parti politique des uns et des autres. Comme les partis politiques comoriens sont des coquilles vides, d'horribles carcans et des carcasses d'hyènes, il serait prudent parfois et parfois seulement de raisonner en termes d'individualités parce que, par simple aiguillage de l'Histoire, une bonne candidate peut se retrouver dans un «parti politique cocotte-minute», tout comme les célèbres partis de «l'opposition» qui ne s'opposent à personne et à rien n'ont pas que des gens sérieux dans leurs rangs. Et puis, même si les antipathiques et énervants ministres El-Anrif Saïd Hassane et Abdoulkarim Mohamed seraient battus même en étant candidats uniques dans des bureaux de vote où il n'y aurait que le bulletin portant leur nom, la ministre Bahia Massounde, qui fait tout pour ne pas traîner des casseroles et pour ne pas dire des bêtises en public, aurait pu être élue Députée. Dommage! Bon.
Mais, au-delà du regret résultant du sabotage de sa candidature par le Vice-président Nourdine Bourhane, pour une fois, de l'UPDC vient une candidature présentée par un cadre valable, sympathique, compétent, et dont la fréquentation n'est ni cause de mort, ni facteur de damnation: le Grand Docteur Ali Abdou Mdahoma, l'enfant de Chezani-Mboinkou, qui a abandonné son confort parisien pour aller mouiller sa chemise dans l'eau électorale du Hamahamet-Mboinkou. Le Docteur Ali Abdou Mdahoma souhaiterait être élu Conseiller de l'île de la Grande-Comore. Quand on l'interroge sur les raisons de cette candidature, il affirme avec panache et un certain sens de la flamboyance: «Rendons à ce merveilleux pays ne serait-ce qu'une infime partie de ce qu'il nous a si généreusement apporté. Ici, aux Comores, on reproche aux cadres formés à l'Université de ne pas valoir mieux que ceux qui n'y ont jamais été. Ce discours est très démotivant pour les plus jeunes, et devrait être changé par l'émergence d'une nouvelle mentalité afin de faire germer un nouvel esprit en matière politique et de gestion publique».
Ali Abdou Mdahoma se présente aux élections sous les couleurs de l'UPDC parce qu'il est un homme doté d'un sens élevé de la loyauté et de la fidélité. Il n'aurait pu choisir une autre formation partisane alors qu'il est le Conseiller politique du Vice-président Mohamed Ali Soilihi, très satisfait de son travail à ses côtés. Quand on lui demande pourquoi il n'a pas visé directement la députation, comme le lui reprochent, à Moroni, ceux qui ne comprennent rien au travail étatique, il a son mot à dire: «Quand on veut travailler pour l'État, il faut savoir patienter et créer les conditions devant permettre d'être utile. Un Député peut être inutile, alors qu'un Conseiller de l'île qui veut servir son pays de manière sincère est un homme utile. C'est l'homme qui crée l'utilité, et non la fonction. De surcroît, au niveau de nos îles, beaucoup est à faire. Je n'ai pas quitté la France et rentrer dans mon pays pour jouer à celui qui veut prendre de haut les autres.
Il faut beaucoup de modestie aux gens pour pouvoir travailler de façon sérieuse». Bien évidemment, la question de l'appartenance à l'UDPC se pose, et le Docteur Ali Abdou Mdahoma ne l'élude pas: «La tendance générale qu'on observe aujourd'hui est celle d'un pays dont les cadres et les intellectuels ont peur de s'engager dans un parti politique. Il y a ceux qui ont peur d'être catalogués politiquement, ceux qui ne font pas confiance aux partis et les méprisent, et ceux qui considèrent que les partis politiques sont dirigés par des chefs qui seraient indignes de leur donner des ordres. Moi, j'ai décidé de m'engager politiquement aux côtés d'un acteur politique majeur et d'un parti politique tout neuf, mais qui doit prouver qu'il est bien implanté sur le paysage politique comorien. Je participe aux travaux qui devront nous donner les moyens de prouver que l'UPDC est un parti politique crédible et sérieux. J'ai été moqué et sifflé quand j'ai exprimé mon choix, mais j'ai tenu bon. Pourtant, les donneurs de leçons sont tous engagés auprès d'acteurs politiques ou de formations partisanes, de préférence, de leurs familles biologiques. De toute manière, l'UPDC est un parti républicain et légaliste».
Tout ça est beau, sympathique et bien dit. Mais, pourquoi le Docteur Ali Abdou Mdahoma est-il candidat à cette élection tant attendue par tout un peuple? La réponse, il la donne lui-même, toujours avec sa ferveur patriotique: «Je n'ai pas demandé l'investiture d'un parti politique pour jouer aux matamores mais pour me mettre au service de mon pays. Le travail pour relancer les Comores est au niveau local comme à l'échelle nationale.
Nous avons beaucoup à faire pour doter le pays d'infrastructures et d'institutions viables, pour donner du travail à la jeunesse, dans un contexte socioéconomique très difficile, pour relancer l'économie, bref pour faire en sorte que le pays aille mieux. Une bonne partie de ce travail se fait dans les collectivités territoriales et dans les Assemblées locales, qu'il faudra réinventer. Tout travail étatique sérieux a pour point d'appui le local. Chaque fois que les pouvoirs publics imaginent le schéma inverse, ils peuvent se tromper lourdement et échouer. Ici, aux Comores, une administration locale n'existe même pas, et il faut la mettre en place au plus vite, en dépassant de très loin le projet d'installation des Mairies, dont chacune regroupe plusieurs villes et villages, antagoniques pour la plupart. Tout ce travail est à refaire ou à consolider, et ça demande de la volonté et de la compétence. Ce n'est pas le moment de dire que pour exister politiquement aux Comores, il faut être chef d'État, Député ou ministre».
Par ARM
© lemohelien– Mercredi 3 décembre 2014.