Qui sont les femmes de pouvoir en Afrique ? Elles se distinguent en politique, dans les affaires, la réflexion stratégique ou la mode. Elles...
Qui sont les femmes de pouvoir en Afrique ? Elles se distinguent en politique, dans les affaires, la réflexion stratégique ou la mode. Elles viennent le plus souvent d’Afrique anglophone, à l’exception notable d’Isabel Dos Santos, fille du président angolais, et Adama Paris Ndiaye, qui porte haut le drapeau du Sénégal. Tour d’horizon.
Nkosazana Dlamini-Zuma,
65 ans. Médecin de formation, elle préside depuis 2012 la commission de
l’Union africaine (UA). Elle n’y est pas plus populaire qu’en Afrique
du Sud, où elle a été ministre de la Santé, des Affaires étrangères et
de l'Intérieur. Réputée pour son caractère difficile, cette apparatchik
du Congrès national africain (ANC) a cependant gardé de bonnes relations
avec son ex-mari, le président polygame Jacob Zuma. Le père de ses
enfants la pousse à se jeter dans la course à sa succession à l’horizon
de la présidentielle sud-africaine de 2019, afin de mieux s’éviter par
la suite de probables procès pour corruption.
Ellen Johnson Sirleaf,
76 ans. Prix Nobel de la paix en 2011 et première femme présidente en
Afrique, au Liberia, elle reste contestée. Elue en 2006 et réélue en
2011, cette ancienne ministre des Finances, ex-banquière et ancienne
directrice Afrique des programmes du PNUD ne peut faire oublier son
soutien passager, lors des élections de 1997, au seigneur de la guerre
Charles Taylor, condamné par la Cour pénale internationale (CPI) pour
crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Présidente, elle met sur
pied une Commission vérité et réconciliation (CVR), mais ne tient pas
compte de son rapport final. Celui-ci préconise l’interdiction de tout
mandat public pour les personnes ayant trempé dans l’atroce guerre
civile qui a ensanglanté le pays de 1989 à 2003.
Louise Mushikiwabo,
57 ans. Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Rwanda
depuis 2009, elle veille à l’image de son pays sur l’arène
internationale. Sa principale arme : son compte Twitter, très réactif,
sur lequel le mot « irresponsable » revient souvent quand il s’agit des
accusations des Nations unies sur les agissements du Rwanda en
République démocratique du Congo (RDC). Proche du président Paul Kagamé,
ancienne cadre de la Banque africaine de développement (BAD), elle a
vécu vingt-deux ans aux Etats-Unis où elle s’est mariée à un Américain,
avant de rentrer au Rwanda en 2008. Candidate en 2010 au poste de
secrétaire générale adjointe des Nations unies chargée d’ONU-Femmes,
elle a dû s’incliner devant Michelle Bachelet, alors ex-présidente du
Chili.
Ngozi Okonjo-Iweala,
60 ans. Ministre des Finances du Nigeria, elle a été directrice
générale de la Banque mondiale entre 2007 et 2011 avant de poser sa
candidature - en vain - en 2012 au poste de présidente de cette
institution. Fille d’enseignant, elle a étudié à Harvard. Une première
fois ministre des Finances de 2003 à 2006 sous Olusegun Obasanjo, elle
avait obtenu une annulation de 18 milliards de dollars de dette et pris
des mesures contre la corruption. Quand Goodluck Jonathan la rappelle
aux mêmes fonctions en 2011, elle montre assez de poigne l’année
suivante pour supprimer les subventions aux carburants, une mesure très
impopulaire.
Isabel dos Santos,
41 ans. Fille aînée du président angolais José Eduardo dos Santos, elle
est devenue la femme d’affaires la plus riche d’Afrique, avec une
fortune estimée à 3,7 milliards de dollars par le magazine Forbes. Née à
Bakou d’un premier mariage de son père avec une Russe, la « princesse
Isabel », patronne du Miami Beach, un bar chic de l’île de Luanda, opère
dans la finance, les diamants, l’énergie, les télécoms, le ciment,
l’immobilier, l’agroalimentaire et la grande distribution. Ses holdings
ont racheté des banques au Portugal, l’ancienne métropole coloniale.
Elle est mariée à Sindika Dokolo, métis dano-congolais, homme d’affaires
et grand collectionneur d'art contemporain africain.
Folorunsho Alakija,
63 ans. Nigériane, cette simple secrétaire devenue créatrice de mode
puis milliardaire se trouve à la tête de la société pétrolière Famfa
Oil. Avec sa griffe « Supreme Stiches », elle a longtemps habillé les
femmes du pouvoir. Elle a été récompensée en 1993 par un cadeau des
autorités sous forme de licence pétrolière – sur un gisement offshore
qui s’est ensuite avéré colossal. Elle serait la femme noire la plus
riche du monde avant Oprah Winfrey, puisqu'elle vaudrait 3,2 milliards
de dollars selon la presse du Nigeria, au lieu des 600 millions que lui
attribue le magazine Forbes.
Bridgette Radebe,
54 ans. C'est l’une des femmes les plus riches d’Afrique du Sud, à la
tête du groupe minier Mmakau Mining. Femme du ministre de la Justice
Jeff Radebe et soeur du magnat minier Patrice Motsepe (une des plus
grosses fortunes d’Afrique), elle est aussi la belle-sœur de Cyril
Ramaphosa, grand capitaine d’industrie devenu vice-président de la
République et donné comme futur président de l’Afrique du Sud en 2019…
Du coup, elle incarne l'imbrication des élites politiques et d'affaires
de la nouvelle Afrique du Sud.
Dambisa Moyo,
46 ans. Economiste zambienne formée à Oxford et Harvard, elle a été
classée en 2013 par le magazine Time parmi les 100 personnalités les
plus influentes du monde. Son premier essai, L’aide fatale : Les ravages
d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique
(Jean-Claude Lattès, 2009), prend le contrepied des idées reçues. Ses
deux autres best-sellers, non traduits en français, traitent du déclin
de l’empire américain et de la stratégie gagnante de la Chine. Basée à
Londres, elle siège aux conseils d’administration de SAB-Miller,
Barclays Bank et Barrick Gold. Le Financial Times, le Wall Street
Journal et plusieurs chaînes de télévision américaines publient ses
chroniques.
Ory Okolloh,
37 ans. Responsable de Google Africa depuis 2010, elle travaille au
développement du potentiel africain sur Internet à Johannesburg.
Diplômée de droit à Harvard, ancienne avocate et bloggeuse, elle a fait
partie des collectifs qui ont monté le site Mzalendo (patriote en
swahili) puis Ushahidi (témoin). Cet outil interactif a permis de
collecter en temps réel les témoignages sur les violences politiques fin
2007 au Kenya. Son logiciel open source a été repris à travers le monde
et utilisé dans les catastrophes naturelles, notamment lors du séisme
de 2010 en Haïti.
Adama « Paris » Ndiaye,
36 ans. Styliste sénégalaise, fille de diplomate ayant étudié
l’économie à Paris-Dauphine, elle organise depuis 2002 des Black Fashion
Weeks à Dakar, Paris, Bahia, Montréal et Prague. Ses défilés invitent
des créateurs de toute l’Afrique, francophone comme anglophone. Elle
autofinance tout, y compris sa chaîne de télévision, Africa Fashion,
lancée en avril dernier à Dakar. Son prochain projet : relancer une
industrie textile au Sénégal. Elle est soutenue par des mécènes
africains qui apprécient le côté politique de son travail – vendre une
autre image de l’Afrique à l’Occident...
Par RFI